Nidaplast déménage, se modernise et s’agrandit
En trente-cinq ans, Nidaplast s’est fait une place dans le monde de l’industrie, du bâtiment, des travaux publics et paysagers grâce aux nids d’abeille en polypropylène qu’elle a inventés. Vincent Pirson, son nouveau dirigeant, compte lui donner davantage de moyens dans les mois à venir.
«C’est un peu fou, enfin non pas fou, mais téméraire», s’amuse Vincent Pirson, actionnaire-dirigeant de Nidaplast Honeycombs SAS depuis janvier 2019. Il est belge et voulait investir en France. Et pas n’importe où : dans l’industrie. «Je suis convaincu que le tissu économique, sans elle, ne peut se développer. Je ne crois pas qu’un pays ne puisse fonctionner qu’avec les services.» Il a fait ses preuves de l’autre côté de la frontière. «En 2005, avec plusieurs autres entrepreneurs, nous avons repris une entreprise qui s’appelait alors AEG Belgium SA, désormais TranzCom, et sa centaine de salariés. Elle avait beaucoup de similarités avec Nidaplast : elles utilisent une technologie de pointe et leur marché est en croissance.» Vinci Energies Belgium rachète la société aux 39 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015, Vincent Pirson en quitte la direction générale en 2018. «J’ai un profil d’entrepreneur fonceur plutôt que de gestionnaire de grand groupe.»
Il part à la recherche de nouvelles opportunités entrepreneuriales. «Je me suis dit que j’allais refaire ce que j’avais déjà fait : j’allais chercher une entreprise d’un groupe international qui est à céder, avec un profil industriel, qui soit bien implantée sur son marché et avec un potentiel de développement.» Nidaplast, à Thiant dans le Valenciennois, cochait toutes les cases.
Secteurs d’avenir
Elle crée, fabrique et commercialise des pièces en matière plastique qui permettent d’alléger structures et matériaux ; de récupérer, d’infiltrer et réguler les eaux pluviales ; de réaliser des aménagements paysagers. «Ce sont des secteurs d’avenir, pointe Vincent Pirson. C’est une entreprise innovante et lorsque je l’ai visitée, j’ai vu des sourires et de la bonne humeur parmi les employés et me suis dit qu’on pouvait faire quelque chose ici.»
En 2018, dans le giron encore du groupe Etex, Nidaplast n’était plus bénéficiaire. «Mais elle avait plusieurs cordes à son arc», détaille le dirigeant. Ses 90 employés d’abord. «Ils sont très impliqués à tous les niveaux. On a allégé l’encadrement intermédiaire et fait en sorte que chacun puisse apporter des améliorations à son poste de travail.» Sa production. «On a développé la gamme de produits et l’international, mais la covid nous a coupés dans notre élan. Nous ne sommes pas parvenus au chiffre d’affaires voulu.»
Vincent Pirson a fait deux autres constats depuis son arrivée. «La concurrence est très nombreuse et internationale mais nous avons un avantage : nous sommes à proximité de nos clients». L’autre ombre au tableau, c’est le manque de place à l’intérieur des bâtiments actuels. «Nous fabriquons des pièces légères mais qui prennent de la place.» C’est pourquoi Nidaplast déménagera à Fresnes-sur-Escaut fin 2021. «On voulait rester dans le Valenciennois par respect des collaborateurs qui se sont donnés pour l’entreprise autant que parce qu’il y a un très bon soutien du tissu local ici et un accompagnement fort des autorités publiques.»
Relocalisation de certaines activités
La pandémie a failli repousser le projet. «Une entreprise, il faut la gérer comme on gère l’argent de la maison. Il faut être téméraire dans ses idées, mais prudent dans sa gestion.» Sauf que le plan de relance de l’Etat lui a semblé être une opportunité à ne pas rater. Et la Région apporte un soutien financier, Valenciennes Métropole aussi de 700 000 euros. «On avance même certains investissements, comme la relocalisation rue de la Paix, à Fresnes, de certaines productions qui se font pour l’instant ailleurs en Europe.»
Avec 9,5 millions d’euros, une première SCI familiale va permettre la construction des bureaux ; la seconde de la partie industrielle. Les 90 salariés vont, d’ici deux à trois ans, devenir 100. Et l’équipement de l’entreprise va être changé. «L’outil de travail doit être amélioré. On doit automatiser certaines choses pour réduire la pénibilité du travail, robotiser l’usine.» Vincent Pirson est parvenu à 19 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Il espère plus dès l’an prochain. «L’industrie va lentement mais elle va sûrement, à la baisse comme à la hausse.»