"Ne baissez pas les bras ! Mobilisez-vous !"
"Ne baissez pas les bras ! Mobilisez-vous !". C'est le message qu'a adressé aux 460 maires et élus locaux du Nord réunis à Douai Gayant-Expo Patrick Masclet, président de l'Association des Maires du Nord, les jeudi 11 et vendredi 12 juin.
Les éléments de contexte sont connus : les maires du Nord, comme leurs collègues de France, vivent des moments difficiles, non pas tant parce qu’ils auraient perdu la confiance de leurs administrés, bien au contraire, mais bien du fait de la baisse des dotations de l’État qui fait ressentir ses effets, entraînant une réduction des investissements, des mesures d’économies, voire une hausse des impôts locaux, quand ce ne sont pas ces 3 paramètres en même temps. Et dire que ces effets 2015 ne sont que les prémices de ce qui les attend en 2016 et en 2017.
Par la voix de deux d’entre eux, dès l’entrée en matière du congrès, Frédéric Cherreau, maire de Douai (PS), qui accueillait dans sa commune invités et congressistes, et Patrick Masclet, maire d’Arleux et président de l’Association des Maires du Nord, les maires du Nord n’ont pas été avares d’explications, ni de messages d’inquiétudes. Quand le premier rappelait par exemple que “le bloc communal, c’est 63 % de l’investissement public, c’est 4 % de la dette publique, (que) le risque de réduction forte des dépenses d’investissement, c’est un risque sur l’emploi communal, sur la croissance, sur le PIB…“, le second insistait sur “la situation difficile, voire extrêmement difficile” des communes et des intercommunalités, rappelant que nombre de décisions, telle la hausse des frais de personnel, + 4 % quand les dépenses de fonctionnement ne progressaient de 2,1 % sur 2013-2014, n’émanaient pas du fait des maires, mais bien “de décisions venues d’en haut“… “Mais là où l’inquiétude est grande, c’est sur l’investissement avec -12,4 % de baisse. Malgré nous, par manque de possibilité d’investir, nous avons fabriqué 60 000 demandeurs d’emplois en plus en un an…” Et, tout en lançant un appel à “vraiment se battre sur le point essentiel qu’est le soutien à l’investissement“, de réclamer “un geste fort de l’État pour améliorer les modalités et les délais de remboursement de la TVA pour résoudre nos problèmes de trésorerie (…) et pour, sur le plan de l’investissement, mettre en place en urgence un fonds territorial d’investissement.“
Action sociale, services à la population, responsabilités…, pour Patrick Masclet, “le sujet, c’est de ne pas baisser les bras” et de “refuser de nouveaux transferts de charges, de peser sur le projet de loi de finances, de sensibiliser élus, population, milieux professionnels.” Lui-même n’ira-t-il pas à la rencontre des élus locaux par arrondissement !
“Mobilisez-vous !”, a-t-il lancé à son auditoire. Dans ce contexte, comment aura été perçue par ses anciens collègues – il fut en son temps maire de Marcq-en-Baroeul – la première intervention de Jean-René Lecerf en tant que président du nouveau Conseil Départemental du Nord ? “Je n’ai beaucoup de bonnes nouvelles à donner (…) sans donner dans le catastrophisme“. D’emblée, le propos était clair et les élus locaux ont appris, sans surprise tant ils semblaient se douter “des mots de réalité et de pragmatisme” qui les attendaient, les projets de rigueur et d’économies du Conseil départemental qui se traduiront par un minimum de 100 M€ d’économies. Et d’espérer, qu’une fois “les efforts demandés à nos habitants accomplis“, que le Département, en retrouvant ses équilibres financiers, puisse participer à la relance de l’investissement.
Si les propos de Jean-René Lecerf, pour ne pas être agréables à entendre car il s’agit quand même bien d’un renoncement même s’il était bien “habillé”, n’ont pas suscité de mouvements particuliers, ceux de Jean-François Cordet, préfet de région, préfet du Nord, n’ont pas franchement suscité l’enthousiasme. C’est que, pour le coup, les maires du Nord auraient préféré entendre autre chose que les traditionnels saluts “au travail effectué par l’Association des maires du Nord et tous les maires du département en étroite relation avec l’État“. Non pas que les “préoccupations” abordées aient été inintéressantes, mais sans doute chacune des deux parties présentes n’entendaient-elles pas la même réalité des ” difficultés et interrogations” auxquelles les maires sont confrontés. En matière de sécurité par exemple, si “l’action des forces de l’ordre donne des résultats encourageants“, Jean-François Cordet n’a pas manqué de rappeler que “la coopération avec les mairies est essentielle” et que “la mobilisation doit rester plus que jamais forte.” Après avoir rappelé l’esprit de la réforme territoriale en cours – ” elle vise trois objectifs : clarté, compétitivité et efficacité” -, Jean-François Cordet a abordé “les efforts d’accompagnement de l’État dans le contexte difficile que nous vivons“. Sans réussir à convaincre : Agendas d’Accessibilité Programmés, environnement normatif, réforme des rythmes scolaires, Dotation de Solidarité Urbaine, CPER, dotation allouée par l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale, subventions Anru, la liste était longue des efforts de l’État. Pas sûr qu’ils aient séduit…
Une journée de mobilisation à la rentrée. Si les trois tables rondes sur la mutualisation entre communes et intercommunalités, l’accessibilité et les agendas d’accessibilité programmée et l’école dans l’ère du numérique ont permis de concrétiser les attentes des maires et élus locaux sur des sujets d’actualité qui méritaient explications et échanges entre experts et acteurs locaux, Philippe Laurent, natif d’Hautmont, maire de Sceaux et secrétaire général de l’Association des Maires de France, est venu rappelé la gravité de la situation et la mobilisation de l’AMF, appelant chacun à ne pas céder au découragement. C’est ainsi qu’à la rentrée, l’AMF lancera une opération de communication nationale sur l’utilité des communes qui débouchera sur une journée nationale de mobilisation et de manifestation, département par département, le samedi 19 septembre, avant la tenue de son 98e congrès national des 17 au 19 novembre 2015.