Narendra Modi, le nationaliste indien devenu très courtisé par les pays occidentaux

Longtemps ostracisé par certains pays occidentaux pour son nationalisme hindou décomplexé, le Premier ministre indien Narendra Modi, qui rencontrera jeudi Donald Trump à la Maison Blanche, est devenu un...

Le Premier ministre indien Narendra Modi  arrive au siège du parti Bharatiya Janata  pour célébrer la victoire aux élections générales du pays, à New Delhi le 4 juin 2024 © Arun SANKAR
Le Premier ministre indien Narendra Modi arrive au siège du parti Bharatiya Janata pour célébrer la victoire aux élections générales du pays, à New Delhi le 4 juin 2024 © Arun SANKAR

Longtemps ostracisé par certains pays occidentaux pour son nationalisme hindou décomplexé, le Premier ministre indien Narendra Modi, qui rencontrera jeudi Donald Trump à la Maison Blanche, est devenu un acteur incontournable sur la scène internationale.

A Washington, le chef du gouvernement indien entend renouer avec la bonne entente qu'il avait su développer lors du premier mandat de M. Trump, notamment dans l'espoir d'échapper aux attaques commerciales du président américain. 

Le renforcement du groupe "Quad", une alliance en matière de sécurité dans la région Asie-Pacifique, qui inclut également le Japon et l'Australie, devrait aussi être au menu de leurs discussions. 

La veille, à Marseille, dans le sud de la France, Narendra Modi et le président français Emmanuel Macron ont affiché leur proximité et le partenariat entre leurs pays, à l'heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine.

Pour le Premier ministre indien, fils d'un simple vendeur de thé, qui a remporté en juin sa troisième victoire électorale, se retrouver ainsi au premier plan de la scène internationale a une allure de revanche. 

Il avait notamment été déclaré persona non grata aux Etats-Unis et au Royaume-Uni après des émeutes interreligieuses sanglantes en 2002 au Gujarat, un Etat dont il était alors le ministre en chef.

Arrivé au pouvoir avec son parti Bharatiya Janata (BJP) en 2014, ce tribun à la barbe blanche soigneusement taillée n'a pourtant pas dérivé de sa ligne suprématiste hindoue, la religion majoritaire dans son pays d'1,4 milliard d'habitants, au détriment notamment de la minorité musulmane.

Mais sa "nouvelle Inde" à l'économie modernisée et numérique est vue comme un contrepoids à la Chine et connaît la croissance la plus soutenue des grandes économies, dépassant l'ancienne puissance coloniale britannique et devenant un client de choix pour les exportations d'armes, de pétrole et d'avions.

Humbles origines

Né le 17 septembre 1950 dans le Gujarat, à 900 km au sud-ouest de New Delhi, Narendra Modi est le troisième des six enfants d'un vendeur de thé à la gare de sa localité, Vadnagar.

Des origines modestes dont cet homme charismatique joue toujours volontiers, se posant en champion des "petites gens" et privilégiant l'hindi dans ses allocutions officielles, là où ses prédécesseurs préféraient l'anglais.

"Oui, une personne d'origine modeste est devenue Premier ministre", s'était-il félicité dans un discours en 2019, affirmant que ses opposants le "détestent à cause de (ses) humbles origines".

Membre très jeune du mouvement nationaliste Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), Narendra Modi se fait rapidement remarquer pour ses qualités d'orateur et son ambition.

Il monte en grade au sein de cette organisation de masse aux méthodes paramilitaires, rejoignant son aile politique, le BJP, jusqu'à devenir le chef de l'exécutif du Gujarat en 2001.

L'année suivante, des émeutes intercommunautaires éclatent dans cet Etat après la mort de dizaines de pèlerins hindous dans un incendie. On recense au moins mille morts, en majorité des musulmans. M. Modi est accusé d'avoir attisé les troubles et de ne pas avoir mobilisé les forces de l'ordre pour y mettre fin.

Visé par une enquête et finalement disculpé, ce responsable politique, entre temps mis au ban par Washington et Londres, devait déclarer à la BBC par la suite que sa seule erreur avait été de ne pas avoir su "gérer les médias".

Puissance majeure

Son gouvernement est depuis régulièrement accusé par les défenseurs des droits humains et l'opposition d'instrumentaliser la justice et d'intimider les médias à des fins politiques.

Il lui est également reproché d'attiser le clivage entre musulmans et hindouistes pour gagner les faveurs de l'électorat hindou, suscitant l'inquiétude grandissante de la communauté musulmane, qui compte plus de 200 millions de personnes.

Les démocraties occidentales ont soigneusement évité d'évoquer ces sujets dans l'espoir de cultiver un allié de poids face à l'influence grandissante de la Chine dans la région. 

Il se prévaut d'être à l'origine de la montée en puissance de l'Inde sur le plan diplomatique comme économique.

Le pays, se targue son parti, est désormais une puissance majeure, après des siècles d'asservissement aux moghols musulmans puis à l'empire britannique. 

Son gouvernement a réaménagé le centre de la capitale New Delhi datant de l'époque coloniale, réécrit les manuels scolaires et remanié le Code pénal datant de l'époque britannique dans le but d'effacer ce qu'il considère comme des symboles de domination étrangère. 

Son projet a atteint son apogée l'an dernier quand il a inauguré un temple hindou à Ayodhya (nord), bâti à l'emplacement de la mosquée de Babri détruite par des fanatiques hindous en 1992, symbole selon lui d'un pays "brisant les chaînes de l'esclavage".

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