Myrissi a plusieurs sens
La sensibilisation olfactive du consommateur est un créneau d’avenir pour les entreprises. Cette communication d’un nouveau type est développée par la start-up Myrissi, qui est dans le giron de l’École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires.
Imaginez votre hebdomadaire économique imprégnée de votre parfum favori. Ou un emballage de café sentant la torréfaction. Et pourquoi pas les sièges de votre nouvelle voiture dégageant des effuves discrètes de vanille ou de menthe ? Les premières démonstrations de l’existence d’une relation entre les odeurs et les couleurs remontent aux années 90 aux États-Unis. Des études similaires ont été lancées en France en 2004 portant sur la modélisation du lien entre une stimulation olfactive et un acte d’achat du consommateur. Dans la foulée, une base de données sensitive héritée de 25 000 tests comportementaux a vu le jour en Angleterre, au Liban, à Taïwan et aux États-Unis. Objectif : associer à chaque odeur (ou arôme) une couleur principale, en tenant compte des valeurs propres aux individus et aux cultures. Ce travail colossal a permis une reconnaissance internationale du processus. Après plus d’une décennie de recherche à l’ENSAIA, un procédé permettant de représenter graphiquement la perception olfactive d’une odeur a été matérialisée et brevetée en 2012. Sur cette origine mondialisée et ayant pris racine en Lorraine, la start-up Myrissi est née en 2014, sous l’égide de Muriel Jacquot, enseignant-chercheur à l’ENSAIA/LIBIO. Elle propose une expertise en marketing et communication sensoriels. Tests consommateurs, analyse chimique, jury d’expert et veille des tendances sont ses balises d’activité. Myrissi accompagne et conseille les entreprises lors du développement de nouveaux packagings, de la mise au point d’identités olfactives ou lors de démonstrations en direct sur les points de vente. Des études marketing récentes convergeaient sur un point. 80 % des entreprises restent persuadées qu’elles apportent une consommation de qualité. Mais seulement 8 % de leurs clients sont en accord avec cette étude. Pour combler ce décalage, les marques sont en quête de nouvelles méthodes pour augmenter la satisfaction et se différencier. Un vrai enjeu stratégique avec la multiplication des voies de consommation, via le web notamment.
Stimuler l’achat d’impulsion
L’intervention de l’équipe de Myrissi trouve ici toute son opportunité. Autour de la présidente Yvette Jacquot, le collectif qui comprend Muriel Jacquot, Faustine Noël et Caroline Scaccia et collabore avec les grands comptes de la cosmétique et de l’esthétique, de l’alimentaire et les agences de création avec une offre de traduction colorée des odeurs ou de conception d’odeur adaptée à l’identité colorée d’une marque. Son premier client fut Clair de Lorraine, chantre du terroir régional. Par son procédé, Myrissi recentre le développement des packagings sur les qualités sensorielles des produits. Pour l’entreprise concernée, la formule est gagnante : cette optimisation chromatique permet une meilleure lecture de l’objet par le consommateur, et, de fait, encourage l’achat d’impulsion de ce dernier. La start-up possède plusieurs outils terrain : Myrilink odeur-couleur (transfert de sensations), Myrilink couleur-odeur (identité olfactive), Myriweb (observatoire des tendances chromatiques du marché et leur traduction en valeurs). Myrissi, lauréate du concours de l’Entreprise innovante du ministère de la Recherche, catégorie Émergence, également «coup de cœur» de la Région Lorraine en 2012, nous mène vers une communication du XXIe siècle, moins intuitive, plus mesurable et mieux maîtrisée. La start-up ambitionne de faire reconnaître juridiquement sa technologie de pointe pour la protection des fragrances : le parfum demeure en effet l’un des produits les plus contrefaits. La galaxie de Myrissi se pare de frontières d’action presque infinies touchant à une multitude de perceptions délicates par tout un chacun.