Motos et scooters: un nouveau contrôle technique contesté

Le contrôle technique des motos et scooters, obligatoire à partir du 15 avril, risque de pousser de nombreux deux-roues...

Le contrôle technique des motos et scooters, obligatoire à partir du 15 avril, risque de pousser de nombreux deux-roues à passer au garage © -
Le contrôle technique des motos et scooters, obligatoire à partir du 15 avril, risque de pousser de nombreux deux-roues à passer au garage © -

Le contrôle technique des motos et scooters, obligatoire à partir du 15 avril, risque de pousser de nombreux deux-roues à passer au garage.

Les plus de trois millions de véhicules de catégorie L, soit les scooters, motos, tricycles ou voiturettes, échappaient jusqu'ici au contrôle, instauré en 1992 pour les voitures.Ils devront désormais êtrecontrôléstous les trois ans.

Au siège du groupe Autovision, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), jeudi 14 mars, un formateur faisait la démonstration devant des journalistes de ce contrôle qui doit prendre une trentaine de minutes, pour un tarif encore à préciser. Celui-ci est de 82 euros en moyenne pour une voiture à essence.

Contre-visite

Freins, guidon, feux, fuites, pneus: les véhicules doivent passer par 78 points de contrôle, soit un peu moins que les voitures. 

87 points de défaillances majeures impliquent une contre-visite, soit revenir dans les deux mois suivants avec le véhicule réparé. 

La moto contrôlée jeudi n'a pas passé l'examen. Cette Yamaha MT10 était pourtant récente, et propriété du jeune président d'Autovision. 

Mais le catalyseur de la puissante Yamaha avait été retiré (cela augmente les performances mais aussi la pollution du véhicule, et c'est illégal), et un bout de carrosserie abîmé et saillant risquait de provoquer des blessures: elle devra revenir.

C'est ce qui risque de se passer lors de cette première visite pour certains scooters et motos, jamais contrôlés jusqu'ici.

Selon une étude publiée en 2022 par le cabinet d'expertise BCA sur des véhicules accidentés, 7% des deux-roues avaient subi des modifications les rendant "non-conformes et dangereux" (avant l'accident). Et 8% des cyclomoteurs étaient notamment considérés comme dans un état "dangereux".

Les 6.700 centres de contrôle technique n'accepteront pas tous les véhicules de catégorie L car cela nécessite des équipements spécifiques et une formation particulière. 

Chez Autovision, la moitié des 1.000 centres est prête à accueillir des deux-roues. La majorité des contrôleurs avait déjà le permis moto, ce qui a accéléré la formation. Le réseau Dekra en a formé 1.200.

Le contrôle du bruit mais aussi du bridage du véhicule, souvent contourné par les scooters, ne seront effectifs qu'à l'été 2025.

Appel au boycott

Les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2017 sont les premiers à passer au contrôle, avant la fin 2024.

Il aura fallu dix ans et de nombreux recours pour faire appliquer en France cette directive européenne de 2014, déjà mise en place presque partout sur le continent. 

Un premier décret d'application avait été pris par le gouvernement en 2021 avant qu'Emmanuel Macron ne l'enterre dès le lendemain, soucieux de ne pas "embêter les Français". 

Seules exceptions: les motos très anciennes (avant 1960) ou utilisées dans le cadre de compétitions sportives comme l'enduro ou le trial.

La mesure reste contestée par de nombreux motards en France, un pays particulièrement fan de deux-roues.

La Fédération des motards en colère (FFMC) appelle au boycott de ce contrôle technique qu'elle considère cher et inutile, car surtout visuel. 

Les accidents ne sont en général pas dus à l'état du véhicule, bien entretenu par les motards, mais plutôt à l'état de la chaussée, martèle le délégué général de la FFMC, Didier Renoux.

Par ailleurs, le contrôle ne réduirait ni le bruit, ni la pollution, car "celui qui se sait en défaut va tout faire pour se cacher ou se mettre en conformité au moment où il présente son engin", en remettant un pot d'échappement d'origine, par exemple, selon M. Renoux.

Les conducteurs sans contrôle technique à jour risquent une amende de 135 euros ou une immobilisation du véhicule.

La FFMC a appelé les motards à dénoncer les centres qui pratiquent le contrôle technique des motos et à les boycotter également quand ils ont une voiture. 

L'association prévoit des manifestations à la veille de l'entrée en vigueur du contrôle. Et le Conseil d'Etat doit encore examiner sur le fond un recours déposé par la FFMC contre le dispositif.

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