Mort de Thomas: colère calme à Romans, petite manifestation de "solidarité"
Quinze jours après la mort violente de Thomas dans la Drôme, les tensions restent vives à Romans-sur-Isère où étudiait l'adolescent, et colère et peur s'expriment malgré les appels au calme et...
Quinze jours après la mort violente de Thomas dans la Drôme, les tensions restent vives à Romans-sur-Isère où étudiait l'adolescent, et colère et peur s'expriment malgré les appels au calme et les interdictions de manifester visant notamment l'ultradroite.
A la mi-journée, sitôt le marché terminé, quelques dizaines de personnes se sont malgré tout rassemblées sur une place du quartier populaire de la Monnaie au centre de l'attention. Certains suspects dans lamortdu lycéen de 16 ans -- tué en marge d'un bal de village à Crépol dans la nuit du 17 au 18 novembre-- en seraient issus.
"Unis contre ceux qui divisent" ou "Non à la récupération fasciste", proclament des pancartes déployées par ces personnes qui se disent mobilisées par "solidarité avec la famille de Thomas" mais aussi avec les habitants du quartier populaire qui s'estiment ostracisés depuis le drame.
Une discrète présence policière surveille l'attroupement qui, au-delà de l'appel à la concorde, s'inscrit aussi en réponse à la mobilisation de l'ultradroite qui crie vengeance depuis le décès du jeune rugbyman. Ils étaient environ 200 à Paris vendredi soir, et restent mobilisés dans les environs de Crépol, selon une source policière.
"Le racisme pourrit tout, la maire a délaissé le quartier. Ma nièce a peur et ne met plus les enfants à l’école. Des qu’ils sortent, ils tremblent", témoigne auprès de l'AFP Leïla, 62 ans.
"La justice doit être la même pour tout le monde. Les habitants de la Monnaie n’ont rien fait, il ne faut pas généraliser", estime Emilie, une travailleuse sociale de 41 ans.
A moins de 20 kilomètres de là, à Valence, la préfecture est sous haute protection policière, a constaté l'AFP mais la situation est calme.
Deux manifestations prévues en lien avec le drame de Crépol ont été interdites par la préfecture de la Drôme "en raison des risques de troubles à l'ordre public".
Climat "délétère
L'enquête pour "meurtre en bande organisée" ouverte par le parquet de Valence après la mort de Thomas a débouché sur la mise en examen de neuf jeunes, dont trois mineurs.
Des photos avec identité présentées comme celles des agresseurs ont été largement diffusées par des comptes d'ultradroite qui appellent à la vengeance, notamment contre la Monnaie.
Dans le petit quartier sensible aux immeubles bas et parfois tagués, des habitants racontent samedi à l'AFP le climat "délétère", en particulier depuis la présence samedi dernier de dizaines de militants de la mouvance identitaire venus pour, selon la police, en "découdre" avec les jeunes du quartier.
Ils décrivent ces "fourgons qui rôdent" ou la peur d'aller dans le centre-ville.
La police a indiqué avoir reçu mercredi la plainte d'un facteur, un intérimaire originaire du quartier qui a été menacé par plusieurs individus avec un couteau, et victime d'insultes racistes selon le syndicat SudPTT.
"On sent une tension palpable dans les classes" et un absentéisme en forte hausse, commente pour sa part Régis Roussilon, enseignant et membre du syndicat SNES-FSU depuis le lycée de Thomas.
Au coeur des discussions aussi à la Monnaie, des propos de la maire Marie-Hélène Thoraval (LR), qui avait notamment dénoncé sur BFM la drogue et "le niveau de délinquance" dans ce quartier prioritaire de la ville malgré les "150 millions d’euros injectés depuis 2014", et appelé à "d'autres formes de réponse".
"Elle jette de l'huile sur le feu", réagit un habitant sous couvert d'anonymat. "Elle nous a tous caricaturés, elle nous fait passer pour des citoyens de seconde zone, c'est très grave", ajoute cet intérimaire de 38 ans.
La préfecture a indiqué vendredi avoir placé sous protection l'édile et ses proches, après sa plainte pour des menaces de mort.
Signe des tensions dans la région, deux conférences prévues à Lyon dans le cadre de l'Antifafest, festival militant d'extrême gauche, ont été interdites vendredi par la préfecture du Rhône.
Pour l'avocate de l'association, Me Agnès Bouquin, la préfète a préféré "empêcher de parler tout ce qui peut déranger" les mouvements d'ultradroite, au motif qu'elle "serait dépassée par les ligues fascistes", en conférence de presse samedi. Des demandes pour lever les interdictions ont été déposées et le tribunal administratif doit statuer sur la conférence de dimanche.
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