Mort de Thomas à Crépol: 11 nouvelles interpellations dans la Drôme

Onze personnes ont été interpellées par les gendarmes lundi, près de quatre mois après la mort de Thomas, un lycéen de 16 ans poignardé lors d'une fête de village dans la Drôme, affaire qui avait...

Des fleurs déposées devant la salle des fêtes de Crépol, le 22 novembre 2023 dans la Drôme, où le jeune Thomas est décédé le 19 novembre 2023 après avoir été blessé d'un coup de couteau au cours d'un bal © OLIVIER CHASSIGNOLE
Des fleurs déposées devant la salle des fêtes de Crépol, le 22 novembre 2023 dans la Drôme, où le jeune Thomas est décédé le 19 novembre 2023 après avoir été blessé d'un coup de couteau au cours d'un bal © OLIVIER CHASSIGNOLE

Onze personnes ont été interpellées par les gendarmes lundi, près de quatre mois après la mort de Thomas, un lycéen de 16 ans poignardé lors d'une fête de village dans la Drôme, affaire qui avait déjà conduit à neuf mises en examen.

Ces onze personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de l'enquête ouverte à Valence pour "homicide et tentatives d'homicides en bande organisée" et pourront le rester jusqu'à 96 heures, a précisé le procureur Laurent de Caigny.

Les deux juges d'instruction en charge du dossier décideront alors des suites à donner, a-t-il ajouté dans un communiqué, soulignant ne pas vouloir donner plus de détail à ce stade.

Le coup de filet, d'abord révélé par Le Parisien, a été mené lundi matin dans le quartier populaire de la Monnaie à Romans-sur-Isère, dont sont issus certains des suspects déjà mis en examen après ce drame, a précisé à l'AFP une source proche du dossier.

Le jeune Thomas a été mortellement blessé d'un coup de couteau à la fin d'un bal de village à Crépol dans la nuit du 17 au 18 novembre 2023. Peu après, neuf jeunes suspects, dont trois mineurs, ont été mis en examen pour "meurtre en bande organisée", "tentatives de meurtre" ou "violences volontaires commises en réunion".

Lors de ses dernières communications, le parquet de Valence avait indiqué que les circonstances exactes du décès de l'adolescent restaient à élucider, aucun des suspects ne reconnaissant lui avoir porté le coup mortel.

Rugby

Face à la la mobilisation virulente de l'ultradroite autour de cette affaire, dont certains militants ont même organisé une expédition punitive à la Monnaie, le procureur de Valence avait préféré ne pas divulguer les identités des mis en examen - dont six ont été placés en détention provisoire.

A ce stade, l'enquête a permis d'établir que le coup de couteau mortel avait été porté à l'extérieur de la salle des fêtes de Crépol qui accueillait environ 400 personnes pour le "bal de l'hiver" du village. 

La soirée avait tourné à la "rixe", selon les mots du procureur de Valence, quand des jeunes non invités, certains jugés "hostiles" par les témoins, avaient été mêlés à une altercation à l'intérieur de la salle, avant des affrontements à l'extérieur. 

Les jeunes venus d'ailleurs avaient porté des coups, certains au couteau, et neuf des 104 témoins entendus par les gendarmes ont rapporté des propos hostiles "aux blancs", selon le parquet de Valence.

Appelés sur place, les pompiers avaient pris en charge dix-sept personnes, y compris huit blessés dont quatre graves. Thomas, capitaine junior de l'équipe de rugby du RC de Romans Péage, était décédé sur la route de l'hôpital.

Narratif

Son décès avait suscité une vive émotion dans son village et dans la ville voisine de Romans-sur-Isère où il étudiait. 

Parallèlement, l'ultradroite avait organisé de multiples actions sur le terrain pour dénoncer une "attaque" animée selon les identitaires par du "racisme anti-blanc" - un narratif plusieurs fois contredit par le parquet de Valence - , tandis que la droite et l'extrême droite menaient une campagne virulente sur les thème de l'insécurité et des dangers de l'immigration. 

Lundi, la maire LR de Romans, Marie-Hélène Thoraval, a salué dans un communiqué les nouvelles interpellations tout en dénonçant la "défiance d'une minorité de jeunes, totalement ensauvagés et décivilisés, vis-à-vis de toute forme d’autorité".

L'enquête sur la mort du jeune Thomas s'est accompagnée de plusieurs investigations connexes, liées notamment aux actions violentes de l'ultradroite. Des hommes accusés d'avoir participé à un défilé cagoulé fin novembre à Romans ont été condamnés depuis à des peines de prison.

Le quartier de La Monnaie, où a eu lieu le coup de filet, est un des quartiers les plus pauvres de Romans et l'un des "plus difficiles" de la Drôme, selon des sources policières.

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