Monsieur Tuan, un traiteur qui mêle culture française et vietnamienne à Vervins

Passionné depuis toujours de cuisine, Tuan Leblanc enchaîne diverses expériences professionnelles avant de se décider à créer son activité de traiteur et bar à vin il y a un peu plus de huit ans. Mais malgré sa détermination et le soutien de voisins et amis, les difficultés financières, un manque d’apport et le refus des banques de le suivre freinent son projet. Il décide alors de se tourner vers la Fondation Raoul Follereau, qui déploie depuis 1992 le dispositif "Action rurale", un accompagnement humain et financier pour les personnes en situation précaire souhaitant se reconvertir professionnellement en lançant leur activité en zone rurale.

Produits frais et circuit court

La Fondation décide de le suivre, en lui octroyant une aide financière non remboursable. La belle aventure de Tuan Leblanc peut enfin démarrer, en mars 2022. Avec Monsieur Tuan, les habitants de Vervins et des alentours peuvent désormais goûter aux saveurs d’Asie – en grande partie de la cuisine traditionnelle vietnamienne et quelques plats emblématique thaïlandais et chinois, comme le riz cantonnais ou le canard laqué –, en dégustant des plats préparés avec des produits de saison et pour la plupart bio : « Je propose du mardi au samedi, midi et soir, deux entrées et deux plats, qui changent chaque jour, sauf les nems, toujours à la carte, qui, contrairement à ce que beaucoup imaginent, sont des entrées typiques du Vietnam. Les clients m’appellent la veille pour réserver leur plat, et peuvent venir le récupérer, pour manger sur place ou l’emporter », explique Tuan Leblanc qui travaille seul et joue la carte de la fraîcheur des produits, du zéro gaspillage (avec notamment une réduction maximale des déchets et des emballages en matière recyclables provenant d’une entreprise de Vervins) et du circuit court. « J’ai vraiment cette volonté de miser sur le local, je suis toujours parti du principe qu’il fallait travailler ensemble, main dans la main, pour créer une dynamique vertueuse », renchérit-il.

Alliance de deux cultures culinaires

« Je me suis également lancé un challenge en mettant sur pied bar à vins », poursuit le traiteur, passionné de vin et qui s’est formé à l’École du vin de France, à Paris et dont il est diplômé : « J’étais persuadé que ces deux univers, la cuisine asiatique et le vin, pouvaient se rencontrer, et se servir mutuellement. Malgré les guerres, la France a tout de même laissé un héritage culinaire au Vietnam, qui s’en est servi pour la mêler à sa cuisine, c’était important pour moi aussi de réconcilier les deux cultures, de retrouver et raconter mes racines à travers mes plats », assure Tuan Leblanc qui ouvre son bar à vins tous les soirs à partir de 18 heures, la dégustation des cépages – avec une carte des vins qui change toutes les semaines – peut être assortie de planches concoctés par les soins du traiteur : « Cela permet aux clients de découvrir mes plats et de casser certaines idées reçues sur la cuisine vietnamienne. »

Le concept novateur de Tuan Leblanc a fait mouche, « même si au début les habitants avaient du mal à le cerner », sourit le dirigeant, surpris du succès quasi immédiat rencontré mais qui tient à « garder la tête sur les épaules, à ne pas brûler les étapes » et n’oublie pas le soutien qu’il a reçu des réseaux d’accompagnement, de son entourage et de ses amis à ses débuts.

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