Mohedine Bejaoui : “Nous sommesl’émanation de la profession !”

BTP-CFA Nord-Pas-de-Calais (Afobat), partenaire de CCCABTP, est intégrée aux entreprises du BTP. La formation gagnera en professionnalisme ; le marché, en lisibilité ; les investissements, en rationalité. Le Grenelle engendre une nouvelle formation soutenue par les professionnels. Nouveau directeur général, Mohedine Bejaoui est “aux manettes” à Roubaix.

Mohedine Bejaoui veut conserver sur la formation et la profession un regard neuf.
Mohedine Bejaoui veut conserver sur la formation et la profession un regard neuf.

 

Mohedine Bejaoui veut conserver sur la formation et la profession un regard neuf.

Mohedine Bejaoui veut conserver sur la formation et la profession un regard neuf.

Après son départ pour le Limousin où il fut secrétaire général des CFA, Mohedine Bejaoui revient sur ses terres. Docteur en économie et homme de bâtiment, il est chargé depuis juillet de démarrer dans notre région un nouveau concept de formation des apprentis au plus près des réalités du chantier.

La Gazette. Malgré la crise et l’assèchement du crédit, est-il réaliste que le développement durable affecte le bâtiment autant que prévu dans le Grenelle et cela risque-til d’impacter la formation des apprentis ?

Mohedine Bejaoui. Les conventions sont renouvelées. La Région, qui est notre second financeur, se positionne clairement et fortement dans le développement durable jusqu’en 2016 via son contrat d’objectifs, elle y met les moyens. Tout se jouera dans le BTP qui est le premier concerné par les économies d’énergie. Nous avons une obligation d’exemplarité, nos métiers aussi, dans le bâtiment ou les TP. Tous nos CFA suivront. Il ne s’agit pas de faire du verdissement mais que nos apprentis sortent d’ici diplômés, certes, mais en ayant vraiment intégré les deux Grenelle. Donc, oui, le développement durable va nous impacter malgré un contexte qui, je le crois, s’améliorera même sur le plan bancaire. Vous verrez…

Quelles mesures novatrices prenez-vous dans vos CFA ?
Il y a du travail… Le plus urgent est de persuader tous les acteurs que les méthodes de chantier en 2012 sont, elles aussi, développement durable. Nos apprentis sont déjà formés en ce sens. A savoir que tous les corps de métier travaillent ensemble et se parlent avant le démarrage du chantier et en présence de l’architecte. Il est terminé le temps où le carreleur passait avant l’électricien et se moquait du reste. D’autant que les métiers se transforment et se rejoignent. Le maçon ne sera plus jamais celui d’antan. Il devient un technicien du mur, intégrant de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux dont il connaîtra les propriétés énergétiques. Ce métier, comme d’autres, devient un maillon de la chaîne “isolation”. La formation classique doit donc se réorienter vers plus de technicité, mais nos maîtres y sont préparés. La coactivité n’existe plus, c’est la globalisation. Nous avons un projet d’établissement qui commence par créer des espaces de travail en commun. Pas facile, mais il faut le faire ! Ce sera plus facile avec la formation continue mais l’autre, celle des apprentis, doit s’y mettre.

Toutes les générations présentes sur un chantier y sont-elles préparées ?
On va voir. Il faut former nos formateurs. La FFB a eu la sagesse de créer le FEEBat qui relance dans un premier temps la concertation générale de nos maîtres sur leurs capacités pédagogiques dans telle ou telle matière. Ça va durer un an, on fera le bilan. On n’est pas dans un projet structuré à ce point. Il y a des filières qui seront plus opérationnelles que d’autres au début. Le génie climatique est en avance avec notre plate-forme de Marly. C’est bien puisque l’énergie est au centre. Le CFA d’Hesdigneul est en très bonne voie également.

La formation évolue-t-elle sous la pression du développement durable ?
Le développement durable est un don du ciel ! Il y aura un vrai marché de la formation en BTP. Nous plaçons déjà 87% de nos apprentis… Ce qui importe aujourd’hui aussi, c’est notre imbrication totale avec la profession dont nous sommes l’émanation : plus de compétences et de réactivité ! La directrice de Marly est membre du Comité national de pilotage du développement durable. Nos contacts avec les professionnels en formation continue nous renseignent sur les évolutions. Jamais nous n’aurons été autant mieux placés pour attaquer l’ère du développement durable.