Mise en valeur d’une profession

Le groupe des jeunes agriculteurs a posé avec la préfète du Pas-de-Calais sur les marches du perron de l’hôtel de la Préfecture côté parc.
Le groupe des jeunes agriculteurs a posé avec la préfète du Pas-de-Calais sur les marches du perron de l’hôtel de la Préfecture côté parc.

Au cours d’une réception simple et amicale dans les salons de l’hôtel de la préfecture, Fabienne Buccio, préfète du Pas-de-Calais, a souhaité mettre à l’honneur les jeunes agriculteurs ayant fait le choix de s’installer en 2014 et 2015 dans le Pas-de-Calais pour développer une nouvelle activité agricole. Pour la préfète, il s’agissait “de recevoir dans la maison de l’État des agriculteurs, femmes et hommes, qui ont fait le choix courageux et nullement utopiste de vivre du travail de la terre (…) et de mettre en valeur la profession agricole, de réunir autour des jeunes qui s’installent les acteurs principaux de l’agriculture“.

 

Le monde agricole et ses difficultés. Si des jeunes étaient mis à l’honneur ce jour-là, c’est toute la profession qui est concernée. “Les activités agricoles sont variées, mais les agriculteurs sont unis par la même passion et même si les temps peuvent parfois être durs, vous y croyez et vous avez raison d’y croire. Des obstacles, des difficultés, des moments de découragement, nous en connaissons tous, quels que soient nos métiers et ces moments-là ne sont pas réservés à la seule agriculture.” La préfète a souligné que le monde agricole a une qualité “pas forcément commune à tous les métiers” : la solidarité. “Pas toujours une qualité quand elle s’exprime devant les grilles de la préfecture, d’une sous-préfecture ou de la DDT”, a-t-elle plaisanté, soulignant à cet égard que “c’est dans la discussion et la négociation que s’obtiennent les meilleures avancées“…

En cette période de crise, Fabienne  Buccio a assuré de son soutien indéfectible la profession et notamment les jeunes qui s’installent. Saluant l’implication quotidienne de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) et de ses services qui sont à ses côtés pour développer l’agriculture dans le Pas-de-Calais, elle a conscience que dans le cadre du Plan de soutien à l’élevage, l’ensemble des aides dues n’ont pu encore être versées. Elle est d’ailleurs intervenue récemment auprès du ministre de l’Agriculture pour qu’un complément puisse être débloqué rapidement, permettant de régulariser cette situation. “Je tiendrai informées vos organisations professionnelles des suites données par le ministre à cette demande.”

 

Une agriculture de demain professionnelle et audacieuse. Fabienne Buccio a mis en exergue le développement d’entreprises agricoles et du travail collectif, atout majeur pour réussir une première installation. «Les jeunes agriculteurs s’installent majoritairement après une première expérience professionnelle ou une période de salariat au sein de l’exploitation reprise. L’installation est donc un choix mûrement réfléchi après une période de préparation

Il y a souvent dans l’installation “quelque chose qui dépasse le simple projet professionnel. C’est aussi affaire de cœur, d’attachement à la continuité de l’histoire familiale“. Le niveau de formation de bac à bac +5 reflète un niveau de compétences nécessaire pour exercer ce métier, garantie pour tous d’une agriculture de qualité. Les deux tiers se sont ainsi installés sur une exploitation d’élevage, dont un tiers en système spécialisé lait. Onze ont fait le choix de productions alternatives, hors des circuits traditionnels du département : l’élevage canin, équin ou avicole, le maraîchage, l’apiculture, la mytiliculture. “Ces démarches audacieuses sont la démonstration que le projet d’entreprise peut prendre des formes très diverses.”

                                                 

Un soutien de l’État affirmé. Au-delà de nombreuses aides financières à l’installation, l’État s’affirme résolument aux côtés des agriculteurs. Ainsi, les jeunes agriculteurs “ont pu bénéficier du soutien et des compétences de l’ensemble des partenaires fédérés au sein du Point accueil installation et transmission, le PAIT“. Ce guichet unique, animé par la Chambre interdépartementale d’agriculture, s’inscrit, pour la période 2014-2020, dans le cadre rénové des initiatives conduites au niveau régional. Par ailleurs, le Conseil régional est devenu l’autorité de gestion pour les aides européennes du deuxième pilier de la PAC (dont la DJA et les prêts bonifiés pour les JA). Ce soutien de l’État et des collectivités territoriales est nécessaire “dans une société qui aime ses agriculteurs, mais est prompte à critiquer le moindre désagrément inhérent à l’existence même de vos exploitations agricoles“. Le fait est qu’en raison de l’expansion du tissu urbain, l’exercice de l’activité agricole dans des secteurs périurbains rencontre parfois des difficultés, “tant les incompréhensions sont parfois grandes entre habitants issus du monde urbain et la profession agricole“. La préfète a salué ainsi la ténacité et le courage exceptionnel d’Aurélie Bridault, à la tête d’une exploitation d’élevage porcin à Heuringhem. “Sa ténacité est un exemple pour toute la profession. Je souhaite vraiment qu’elle puisse faire aboutir son projet dans les meilleurs délais et qu’elle puisse aussi le faire accepter par les habitants. Il ne s’agit nullement d’un projet industriel, mais bien d’un élevage classique de 400 truies. Ces difficultés d’intégration sont, par certains côtés,  paradoxales, car les Français plébiscitent chaque année le Salon de l’agriculture, première ferme de France, et les habitants des Hauts- de-France, la manifestation Terres en fêtes.

Par ailleurs,  dans un Pas-de-Calais très urbanisé, les enjeux fonciers sont importants. La représentante de l’État y est très attentive et “attache une attention toute particulière à ce que les documents d’urbanisme pour lesquels je suis amenée à me prononcer respectent bien les enjeux de protection du foncier agricole. La DDTM y veille également, aux côtés de vos organisations professionnelles au sein de la CDCEA. C’est une question essentielle : protéger les terres agricoles, c’est assurer l’avenir de notre agriculture“.

 

L’agriculture, une activité pas comme les autres. La préfète a conclu son intervention par une profession de foi pour le monde agricole. “L’agriculture, c’est nourrir nos concitoyens avec des produits de qualité, c’est assurer la protection de nos paysages, c’est perpétuer une ruralité qui fait l’âme de notre pays. Être agriculteur, c’est un choix de vie difficile, fait de labeur, d’inquiétude sur la réussite de son exploitation, mais c’est aussi un choix de vie qui procure mille bonheurs.” C’est ainsi qu’elle affirme que l’agriculture n’étant pas une activité comme les autres, l’État − et plus généralement la société dans son ensemble − lui doit une considération particulière et un soutien sans faille.

 

Encadré : Les jeunes agriculteurs installés en 2014 et 2015 dans le Pas-de-Calais

− 52 jeunes agriculteurs se sont installés en 2014 ; 38 en 2015

−.2/3 au sein d’une société de type GAEC ou EARL (proportion en constante augmentation)

− Moyenne d’âge : 28 ans (19 ans pour le plus jeune) à 39-40 ans (pour les plus âgés)

− Formation : bac, nombreux à niveau bac +2, pour certains bac +5

− 14 installations sur 90 hors cadre familial,

− 11 ont fait le choix de productions alternatives (hors des circuits traditionnels) : élevage canin, équin ou avicole, maraîchage, apiculture, mytiliculture.

D.R.
Fabienne Buccio, préfète du Pas-de-Calais, entourée de Sophie Merlier-Lequette, conseillère régionale, membre de la commission agriculture-agroalimentaire, et Didier Helleboïd, vice-président de la chambre d’agriculture Nord − Pas-de-Calais.

D.R.

Le groupe des jeunes agriculteurs avec la préfète du Pas-de-Calais sur le perron de l’hôtel de la préfecture.