Mille emplois non délocalisables dans le Calaisis
L’attente était réelle. Le public est venu en masse, encore une fois, pour écouter les responsables du projet Heroic Land. Cette fois-ci, c’est le volet emploi qui était présenté. Après un bref rappel de la nature du projet par Jean-François Thibous, directeur du projet Heroic Land, les chiffres de l’emploi ont été dévoilés. Et ce serait un euphémisme que de dire qu’ils étaient attendus : avec un taux de chômage de près de 16% (15,8% pour être exact, contre 16,2% l’an dernier, avec les dossiers MyFerryLink, Tioxide et les problèmes qu’ont connus les dentelliers calaisiens), les projets pourvoyeurs d’emplois sont scrutés à la loupe. Emplois relatifs aux travaux, postes saisonniers, mais aussi emplois relatifs à la maintenance, à l’hôtellerie et à l’administration du site, l’ensemble des recrutements a été passé au crible lors de la concertation publique du 18 mars dernier.
Première phase : les travaux. Dans un premier temps, les travaux de réalisation du parc, étalés sur deux ans entre 2017 et 2018, nécessiteront 2 430 emplois. Le permis d’aménager – équivalent du permis de construire pour un parc d’attractions – devrait être délivré cet été. «Les personnes travaillant à la construction du parc pourraient aussi travailler à la maintenance, puisqu’ils connaîtraient à l’avance certains détails tels que les câblages, annonce Jean-François Thibous. Mais ce point n’est pas encore véritablement tranché.» Les espaces verts devraient aussi nécessiter plusieurs emplois, pour l’aménagement de l’espace et l’entretien de la parcelle.
Deuxième phase : le parc. C’est dans ce domaine que les mille emplois pérennes se situeront. Ceux-ci se divisent en plusieurs catégories. Le versant administratif nécessitera 90 emplois, dans les finances, les ressources humaines, le marketing ; 150 emplois seront attenants aux attractions ; 190 employés travailleront dans les boutiques ; 200 personnes seront employées dans l’hôtellerie ; 40 personnes seront à la billetterie. Et les activités telles que les spectacles, la maintenance, l’entretien et le jardinage emploieront quant à elles 80 personnes. Au total, 750 emplois directs seront créés pour le parc d’attractions. Chiffre auquel il faudra ajouter 250 emplois indirects, parmi lesquels la sous-traitance pour les spectacles – le chant, le théâtre, mais aussi les techniciens et régisseurs ; l’entretien, le jardinage, la sécurité, les navettes et les nouvelles technologies. Jean-François Thibous explique avoir envie que le parc d’attractions soit le plus «numérique» possible, afin de fluidifier le flux de visiteurs dans le parc : une application sur smartphone pourrait voir le jour afin d’amener les gens à prendre telle ou telle attraction en fonction de sa disponibilité.
Formations sur mesure ? Natacha Bouchart, maire de Calais et présidente de Calais promotion, a annoncé vouloir des formations sur mesure, d’une part pour éviter les décrocheurs et, d’autre part, de pouvoir avoir une main-d’œuvre prête au lancement du parc. «Les formations devraient principalement s’orienter autour des langues», annonce l’édile. «C’est vraiment dommage que dans une ville comme Calais, qui est en face de l’Angleterre, aussi peu de personnes parlent anglais», commente un membre de l’équipe municipale.
Inquiétudes des entrepreneurs locaux. Comme à la dernière réunion publique, les entrepreneurs locaux se sont inquiétés d’une éventuelle concurrence. Le gérant d’une brasserie se demande s’il sera possible d’investir dans la restauration à Heroic Land. Réponse de l’équipe du projet : «Les commerces d’Heroic Land seront gérés en propre. Quant à Heroic City ( le quartier collé au parc, thématisé et ouvert à l’investissement extérieur), impossible d’ouvrir des commerces de bouche…» Les clients du parc devraient donc se restaurer sur place, ce qui ne devrait pas être préjudiciable pour les commerces de centre-ville, puisqu’il faudra payer son ticket d’entrée au parc pour y manger… En revanche, impossible d’investir personnellement dans la restauration à l’entrée du parc. Même type d’inquiétude pour Eiffage, qui se demande si les entreprises de BTP locales seront mises à contribution. Réponse sèche de Natacha Bouchart : «Les commandes passeront toutes par un appel d’offres. Impossible de privilégier telle ou telle entreprise.» Le projet devrait dans tous les cas créer de l’emploi, même s’il sera pas possible pour certains d’y voir un bénéfice potentiel…