Mieux prévenir les RPS pour mieux travailler
Mardi 3 novembre se tenait les Assises régionales de la santé au travail de Picardie. Un séminaire européen organisé au Stade de la Licorne en présence de plus de six cents personnes, représentants d’entreprise et préventeurs, autour du thème des risques psychosociaux.
Les risques psychosociaux représentent une souffrance au travail bien réelle et sont devenus un sujet de préoccupation des partenaires socio-économiques et des préventeurs, dans un contexte de changement des organisations du travail. La Direccte de Picardie a donc souhaité organiser une manifestation de dimension européenne ayant pour thème : “Les risques psychosociaux : mieux prévenir pour mieux travailler”, qui entre dans le cadre de la campagne 2014-2015 de l’Agence européenne de Bilbao pour la sécurité et la santé au travail. Cette manifestation de grande ampleur s’adressait aux acteurs de l’entreprise, notamment les TPE/ PME, qu’ils soient employeurs, dirigeants, DRH, ou représentants du personnel et salariés. Elle s’adressait également aux relais, maillons essentiels pour toucher le plus grand nombre d’entreprises, que sont les partenaires institutionnels, sociaux, les consultants, services de santé au travail ou préventeurs. Fabrice Bourgeois, ergonome consultant du cabinet amiénois Concilio a apporté en préambule et avec humour quelques notions et définition des risques psychosociaux. Gérard Valléry, professeur à l’UPJV, nous apprenait quant à lui comment les RPS réinterrogent le travail. « Le travail reste une valeur importante en France, y compris chez les jeunes générations. Et tous avons un rapport fort par rapport au travail, alors que celui-ci paradoxalement est rejeté, ou plutôt ses conditions de réalisation le plus souvent », avance-t-il.
Une notion floue
Nous assistons en effet à un développement massif des activités de services. Et à des activités de plus en plus complexes, variées, immatérielles avec une valeur ajoutée du côté relationnel. Le tout avec une rationalisation et flexibilité étendue. En Europe, 57% des travailleurs déclarent effectuer des tâches complexes. Plus de 30% disent souffrir d’un manque d’autonomie. « Et c’est le sentiment du travail bien fait qui developpe le sentiment de bienêtre au travail », poursuit Gérard Valléry avant d’expliquer en quoi les RPS sont une notion floue définie par deux manifestations connues que sont le stress et les violences internes ou externes que sont les harcèlements et incivilités. Rappelons que le coût du stress représente 2 à 3 milliards d’euros par an, soit 10 à 20% de la branche arrêt de travail de la Sécurité sociale. « La santé au travail est trop vue comme un coût, alors qu’il faut la voir comme une facteur de développement pour soi, pour les autres et la réussite de son entreprise », conclut-il devant l’impressionnant auditoire composé de médecins du travail, de psychologues du travail, d’infirmiers, d’ergonomes et de chefs d’entreprises.
Plus de 1 000 agressions chaque année
En Picardie et dans le Nord, les RPS concernent le plus souvent les salariés du secteur des services. Celui-ci est caractérisé par des plaintes fréquentes d’ordre psychique, des agressions très fréquentes, des cas de maladies reconnues nombreuses, et des inaptitudes fréquentes. Le commerce et l’action sociale sont les activités les plus concernées avec des agressions fréquentes et de nombreuses inaptitudes pour troubles mentaux et du comportement. De plus, les médecins du travail signalent de nombreux cas de maladies à caractère professionnel pour les salariés des secteurs de l’industrie et de la construction.
Plus de 1000 agressions au travail par an sont signalées dans le Nord- Picardie selon l’enquête SUMER de la Carsat, soit 1,7% des accidents du travail en 2013 et avec une tendance à la hausse. La durée moyenne d’un arrêt de travail est de 82 jours.
Après cet état de lieux de la situation en Europe et en France. Plusieurs ateliers-conférences ont été proposés en simultané, comme celui de l’Asmis et du CESTP-Aract Picardie sur le repérage et l’évaluation des RPS, ou celui sur le rôle des préventeurs avec la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.
Le cabinet TLC Conseil participait à l’atelier sur les mesures de prévention et plans d’action. « Voilà un thème, celui de la santé au travail qui est en pleine évolution dans notre société et reconnue par de plus en plus de chefs d’entreprise. Nous sommes passés d’une vision grise à une vision plus constructive et fédératrice. Ce qui évite de stigmatiser toujours l’entreprise qui n’est pas que porteuse de risques. Une chose est certaine, une bonne santé au travail est créatrice de qualité de vie au travail et inversement. Avec ce séminaire, nous voyons bien évoluer l’état de l’art dans le domaine. C’est un sujet qui intéresse tout le monde et qui a encore un bel avenir. Car il y a peu de leviers dans l’entreprise et la qualité de vie au travail en est un », témoigne Thierry Levasseur, directeur et fondateur de TLC Conseil à Amiens en 2007 et qui compte six consultants en interne et une vingtaine d’autres indépendants spécialistes des questions d’organisation, de santé et de qualité au travail.
L’objectif de ce grand séminaire européen aura bel et bien été de sensibiliser le public et d’échanger avec les partenaires sociaux et les préventeurs intéressés par cette question de fond relative aux risques psychosociaux sur le lieu de travail et d’encourager les employeurs, les cadres, les travailleurs et leurs représentants à travailler ensemble pour prévenir ces risques.