Mieux faire connaître les légumes biologiques de plein champ
Petite mais très active, l’interprofession de la filière biologique régionale “A Pro Bio”a mis en avant les producteurs de légumes de plein champ (LPC) de six régions céréalières au nord de Paris pour mieux les fédérer, mais aussi les faire connaître auprès des transformateurs, des grossistes et des distributeurs.
Le 26 juin dernier à Loos-en-Gohelle, une cinquantaine de personnes avaient répondu présent au rendez-vous proposé par A Pro Bio, Gabnor et Agriculture biologique en Picardie sur la filière des légumes de plein champ, dans le cadre du projet Casdar (Compte d’affectation spécial pour le développement agricole et rural). La visite de l’exploitation de Pierre Damageux, en cours de conversion en grandes cultures et légumes de plein champ biologiques (pommes de terre, oignons, carottes, racines d’endive) a servi d’exemple pour lancer les discussions-débats tout au long de la journée. Sans langue de bois, même pour évoquer les sujets sensibles.
Concurrence ou complémentarité avec l’agriculture conventionnelle ? La concurrence entre agricultures conventionnelle et biologique en est un. Cette réalité est toujours d’actualité, due au nombre encore faible d’agriculteurs bio, malgré des conversions en hausse chaque année (+34% de nouvelles exploitations entre 2009 et 2010 dans la région, soit 237 producteurs). Cette concurrence se double de celle des productions bio en provenance des Pays-Bas, d’Espagne et d’Italie pour répondre à une demande française en hausse. Certains producteurs locaux préfèrent voir ce problème comme une opportunité de débouchés qui peut justement accentuer le développement du bio régional.
La concurrence peut se transformer en complémentarité, avec l’agriculture conventionnelle notamment, lorsqu’il s’agit de matériels agricoles. La Cuma (coopérative d’utilisation du matériel agricole) La Verloosoise, basée dans la région, témoigne de la mutualisation d’outils de pointe pour l’agriculture biologique, utilisés aussi par les producteurs conventionnels. Cette mutualisation est donc possible, même au niveau de la production. Pierre Damageux en est un exemple : il associe agriculture bio et conventionnelle pour sa production de carottes afin de garantir ses débouchés, auprès de Bonduelle, notamment, dont il est fournisseur. “Ce genre de partenariat n’est plus impossible. On sent un changement d’état d’esprit de la part des transformateurs mais aussi des distributeurs, puisque des représentants de Bonduelle et de Leclerc étaient présents”, note Alexandre Cazé, coordinateur régional de Norabio. Il confie même l’existence d’un projet avec un célèbre transformateur de pommes de terre à partir de légumes produits dans la région. Ce nouveau futur modèle de construction de filière pour la pomme de terre peut s’appuyer sur celui déjà construit avec la betterave précuite sous vide pour les Biocoop. Les 300 tonnes du départ atteignent 2000 tonnes en 2012, fournies par Norabio.”Si les distributeurs demandent aux transformateurs d’avoir des produits bio d’origine France, ou même régional, les impacts sont énormes pour nous”, se réjouit le coordinateur de Norabio. Il fait encore remarquer le travail réalisé sur l’endive par Michel Huchet, producteur d’endives mixtes pour le marché de Phalempin. Ces exemples montrent qu’il est possible d’allier la sécurité des débouchés et celle des volumes en agriculture biologique. Un bon début, souligné par Mélise Willot de la Fnab et par Laurence Arno de Bio partenaire. “On avance étape par étape”, commente Alexandre Cazé. Doucement mais sûrement, par le dialogue et la meilleure compréhension des contraintes de chacun.