Avec la start-up Bioteos, incubée chez AgroTech à Willems
Micro-algues pour maxi impact environnemental
Elles sont invisibles à l'œil nu et pourtant elles peuvent nous permettre de respirer un air beaucoup plus pur. Les micro-algues, présentes partout dans le monde, ont des propriétés que la start-up Bioteos, incubée chez AgroTech à Willems, utilise pour capter un maximum de pollution.
La chlorelle, c'est cette micro-algue ultra concentrée en chlorophylle, qui contient 58% de son poids en protéines. Chez Bioteos, on a décidé d'en utiliser toutes les meilleures caractéristiques pour améliorer la qualité de l'air. Romain Baheux et Romain Dhenin sont incubés depuis janvier 2020 chez Agrotech à Willems. «Quand on a imaginé Bioteos en 2019, on entendait déjà parler de la pollution de l'air. Mais le Covid a clairement ouvert le marché : les citoyens font de plus en plus attention à ce qu'ils respirent», constate Romain Dhenin.
Composés
organiques volatiles (COV), CO2, mais aussi virus, l'air est devenu une nouvelle variable à
maîtriser. Et c'est grâce à ces micro-algues que Bioteos est
capable de le faire grâce à une innovation brevetée, fruit d'un an
et demi de R&D. «La
chlorelle dispose d'une photosynthèse beaucoup plus importante que
celle des arbres. Les algues créent entre 50 et 75% d'oxygène. Pour
les développer, il faut simplement de l'eau, des nutriments et de la
lumière», poursuit le
cofondateur. Bioteos se fournit en algues auprès d'un laboratoire
de CentraleSupélec et développe ensuite ses propres cultures à
Willems, pour y faire démultiplier l'algue.
Première
expérimentation dans le métro lillois
Pour
son tout premier test, Bioteos s'est attaquée à un marché de
taille : l'air du métro lillois. De mars à fin juin derniers, une
colonne de 2,30 mètres a été installée Gare Lille-Flandres pour
aspirer l'air à raison
de 700 m3/heure. Celui-ci a ensuite été lavé par les micro-algues qui en absorbent la
pollution, pour ressortir nettoyé de tout CO2,
COV et autres particules fines. S'il faudra attendre janvier 2023
pour avoir les résultats de cette expérimentation, cela a permis à
Bioteos de valider son concept sur le terrain, avec la MEL comme
premier client.
«La
technique permet de détruire les virus et les bactéries. Nous
sommes d'ailleurs en train de passer une certification avec le CHU de
Lille pour valider ce procédé contre le Covid-19», précise Romain Dhenin. Car ce sujet est aussi une préoccupation
dans le milieu des bureaux. Bioteos a donc développé un prototype
dédié, récemment présenté sur le salon Vivatech : un module de
taille bien plus réduite, adaptable aux environnements de travail.
La commercialisation est prévue pour 2023.
«Le
CO2
n'est pas toxique mais il relève d'un inconfort et se manifeste par
de la fatigue, des maux de tête... On estimerait entre
5 et 10% de perte de productivité par an
à cause du CO2.
On préconise entre 40 et 50% d'humidité dans l'air, ce qui alourdit
et tue les virus. Un air sec provoque un terrain infectieux. Quand l'air est lavé, il passe à l'état liquide et est donc plus humide.
Aujourd'hui les bâtiments sont certes de mieux en mieux isolés mais
l'air ne se renouvelle pas assez», complète-t-il.
Des
hubs pour renouveler les algues sur place
Romain
Dhenin et Romain Baheux ne comptent pas s'arrêter là : pour s'adresser au marché des professionnels et de l'industrie, ils
espèrent pouvoir mettre en place des réseaux logistiques
pour cultiver directement les algues fraîches sur site, dans des
conteneurs (actuellement, c'est Bioteos, depuis Willems, qui cultive
les algues, les renouvelle et les renvoie chez ses clients, ndlr).
A terme, les algues dont les propriétés ne sont plus suffisantes
pourront être revalorisées en fertilisants.
Les
cofondateurs sont aussi en train de travailler avec la chaire de
biotechnologie de CentraleSupélec pour capter le CO2
issu de la fermentation de la bière et pour utiliser les eaux usées,
riches en phosphates et en nitrates, pour nourrir les algues. «Le
problème des micro-algues qui pullulent, c'est celui des algues
vertes dont on entend parler un peu partout. C'est finalement un problème
que l'on peut transformer en solution», ambitionne Romain Dhenin. A terme, Bioteos pourrait compter une
dizaine de salariés à fin 2023, et prévoit une levée de fonds
également l'an prochain pour accélérer l'industrialisation.