Val de Fensch
Michel Liebgott : «Développer notre attractivité, favoriser la montée en compétences»
L’évolution de la Communauté d’agglomération du Val de Fensch et de Fameck. Sa vision de la crise sanitaire. Son regard sur son engagement public. L’avenir. Michel Liebgott a confié à la Gazette Moselle son actualité. Avec la lucidité et la force de conviction d’un élu ancré dans la Moselle des territoires.
C’est indéniable et mérite un infini respect. Le territoire du Val de Fensch est imprégné des valeurs ouvrières qui ont fait l’histoire et la richesse humaine et industrielle de cette parcelle de la Moselle Nord. Ici, l’abnégation et la solidarité ont un sens authentique. Et se transmettent. Michel Liebgott ne dira pas le contraire. Il fait partie de ces élus ancrés par le cœur et l’action sur les terres de leurs racines. Lui est né à Algrange. Quand on lui demande de décrire cet espace de la Communauté d’agglomération du Val de Fensch, dont il est président depuis 2014, il aime guider le regard de son interlocuteur vers ce grand cadre, accroché au-dessus de son bureau, représentant une vue aérienne d’une contrée de quelque 70 000 habitants. Soit 10 communes : Algrange, Fameck (dont Michel Liebgott est maire depuis 1989), Florange, Hayange, Knutange, Neufchef, Nilvange, Ranguevaux, Serémange-Erzange et Uckange. «Notre territoire se situe entre cette volonté de respecter nos traditions tout en portant notre regard vers le futur», explique l’élu, qui connaît sans doute aussi bien les contours géographiques, le décorum et les paysages de cet espace de près de 9 000 hectares, que les caractères de ses administrés, ces femmes, ces hommes porteurs d'un héritage, pour beaucoup. Celui d'un pan de l'épopée sidérurgique lorraine.
La position transfrontalière
Cette expérience, cette imprégnation locale font porter à Michel Liebgott un regard lucide et serein sur les événements d’hier et actuels. Une placidité permettant une juste analyse des situations. L’attractivité d’un territoire comme le Val de Fensch se conjugue en 2021 en plusieurs axes. «Une famille qui s’installe, une entreprise qui s’implante voudra toutes les commodités liées à notre époque, et c'est normal», poursuit Michel Liebgott, par ailleurs président du Pôle métropolitain frontalier du nord lorrain. Cette entité regroupe les élus de huit intercommunalités du nord lorrain. Un syndicat mixte sans compétence propre dont l'ambition est de porter une voix synergique sur les questions transfrontalières telle la mobilité ou encore le codéveloppement. Le Pôle métropolitain représente plus de 330 000 habitants et quelque 100 000 frontaliers (vers le Luxembourg, l’Allemagne, la Belgique). Cette volonté d’œuvrer en commun, de trouver des arbitrages, des cohérences et des pistes de réflexion, Michel Liebgott en a fait le fil rouge de son engagement public. «Aller plus loin ensemble.» La maxime lui sied. Sans doute ses origines, son milieu familial, sa formation médico-sociale, son parcours jalonné de rencontres, ont-ils largement influencé sa trajectoire.
Un territoire attractif
Le territoire communautaire du Val de Fensch accueille plus de 20 000 emplois répartis dans près de 2 000 entreprises, dont une vingtaine comptent plus de 100 salariés. La sidérurgie y reste très présente. Décrivant les grandes évolutions passées et à venir, Michel Liebgott, en dépeint les atouts : «Bien sûr la position transfrontalière. Il y a aussi une dynamique dans la construction de logements. Le développement de la ZAC de la Feltière est également un marqueur fort. La Communauté d’agglomération articule par ailleurs des initiatives autour des compétences numériques et de santé. Sur le territoire, nous essayons aussi d’œuvrer sur un maillage de services, d’infrastructures vers les habitants. C’est le sens d’avoir une crèche dans chacune de nos localités. De refaire les artères principales de nos villes. De soutenir nos commerçants et artisans. Notre ambition est de favoriser une montée en compétences des équipements, des moyens humains et techniques. Par exemple, nos installations sportives sont reconnues de haut niveau.»
Le regard de l'élu
Parler avec Michel Liebgott, c’est entendre une voix de cette France des territoires. Pas celle des effets d'annonce mais de la réalité du quotidien. L’élu local qu’il demeure, plus que jamais, scrute les turbulences, comme les incertitudes liées à la Covid-19, avec réalisme, et une inquiétude non feinte : «Cette gestion de crise ne doit pas oublier de mettre l’humain au cœur. Les liens fraternels, l’interactivité ont disparu ou quasiment. Je ressens chez mes concitoyens de la souffrance, de la colère. Des fragilités apparaissent, Elles sont matérielles mais aussi psychologiques. Il y a une nécessité urgente de pallier cela.» L’ancien député lâche : «Les élus de terrain, les maires, nous sommes le dernier rempart...» Dans son implication politique, Michel Liebgott, qui fut conseiller général du canton de Fameck, également président du groupe «sidérurgie et fonderie» et «Amitié France Luxembourg» au Palais-Bourbon, ne se dépare pas de son flegme pour évoquer les mois à venir : «Ce que je souhaite à la Communauté d’agglomération du Val de Fensch ? À Fameck ? Sans doute, comme à l’ensemble de la France : retrouver les liens humains.» Tout est dit.