«Merrain», l’Enchanteur....

Jérôme Laglasse est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de 26 collaborateurs pour un CA l’an passé de 7,4 millions d’euros.
Jérôme Laglasse est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de 26 collaborateurs pour un CA l’an passé de 7,4 millions d’euros.

Chez Laglasse France, le bois est une affaire d’homme. Au tout début de la saga familiale, il y a le père, Alain puis le fils Jérôme. Le premier a créé une petite SARL d’exploitation forestière en Moselle, le second lui a donné une envergure internationale grâce à la fabrication de produits œnologiques. Mais l’un ne va pas sans l’autre. Normal me direz-vous. Ces deux-là sont faits du même tonneau !

Dans les entrepôts de Varize (57), il flotte une douce odeur de bois. Pas celui dont on se chauffe mais celui qui donne soif ! L’exploitation forestière est en effet une histoire ancienne chez les Laglasse. Pourtant, c’est par là que tout a commencé. Le père Alain crée en 1988 une petite entreprise de bois dans le pays messin, berceau de la famille. Son fils Jérôme, alors âgé de 15 ans, le rejoint dès qu’il peut. Il faut préciser qu’il a grandi au grand air et que l’école n’est pas vraiment sa tasse de thé. «J’ai vécu une enfance à l’air libre» se souvient Jérôme Laglasse. À l’époque, il n’a qu’un seul objectif : conduire et rouler !


De la grue aux grumes

Très vite, Jérôme passe un BEP chauffeur routier. Il fait ses armes… pendant son service militaire à Toul et surtout chez un patron où il transporte des billes de bois bien plus grosses que lui ! «Plus les grumes étaient grosses, plus j’étais heureux», raconte-t-il. Mais l’envie de travailler avec son père est plus forte que la route.


Un premier virage

Alain Laglasse vient pourtant d’abandonner l’exploitation forestière pour ne faire que du négoce. Mais Jérôme n’est pas du genre à marcher dans les pas de son père. Une rencontre, la première d’une longue série, le convainc de se lancer dans la fabrication de merrains (bois servant à confectionner les douves des tonneaux). Il apprend qu’une machine d’occasion est à vendre à Beaune en Bourgogne. Quelques heures plus tard, à la grande surprise du vendeur, il est sur place. «Il fallait que je la vois et surtout que je regarde comment on s’en servait» explique Jérôme. Une fois de retour en Lorraine, il apprend inlassablement à l’utiliser pour faire le merrain, le plus régulier et le plus lisse possible.


«Exhausteur de plaisir au naturel»

Jérôme Laglasse met deux ans pour lancer la nouvelle activité. Sûr de ses produits, il part en quête des clients et se rend vite compte que les vignerons ne l’attendent pas. Mais c’est mal le connaître ! Il n’hésite pas à faire le tour des producteurs en voiture avec ses produits sous le bras. Sa ténacité finit par être récompensée. Il décroche un à un des clients, en Bourgogne, dans le Bordelais mais aussi à l’étranger. Sans savoir parler un mot d’anglais, il profite d’un premier voyage en Australie pour nouer des contacts. Assez rapidement, il signe ses premiers contrats à l’export avec des Australiens puis au Chili, en Afrique du Sud, en Argentine, en Italie, en Espagne et jusque dans les Pays de l’Est. Il doit en revanche sa percée sur le marché californien à un négociant en vin rencontré… par hasard à l’aéroport de San Francisco. Vingt-cinq ans après, Jérôme a de quoi être fier. L’entreprise compte 26 salariés et a fait l’an passé un chiffre d’affaires de 7,4 millions d’euros. Mais sa plus grande fierté, c’est de voir le nom Laglasse France sur des tonneaux aux quatre coins de la planète. Un nom amené à vivre encore de belles années. La troisième génération se prépare déjà à reprendre le flambeau, au nom du père et du grand-père.

En dates :

  • 03/05/1973 : naissance à Metz ;
  • 1996 : rejoint l’entreprise familiale ;
  • 1998 : rencontre son épouse Élodie ;
  • 1998 : transfert de l’entreprise à Varize (57) ;
  • 2002 et 2006 : naissance de ses enfants Gautier et Gabin ;
  • 2018 : 7,4 millions de chiffre d’affaires. 26 salariés.