Menuiserie Maire: du nouveau à l’orée du bois

La machine à commandes cinq axes se positionne et entame son travail de découpe de précision sous l’œil aguerri de l’opérateur scrutant le moindre détail lors de l’évolution de l’automate numérisé. À quelques mètres de là, c’est l’intelligence de la main et le savoir-faire d’un collaborateur qui s’activent sur un des éléments d’un futur module d’agencement intérieur en bois massif. Les gestes sont précis et l’œil scrute le comportement de la matière à chaque intervention réalisée. 

Les lignes de cote sur le plan à portée de main sont scrupuleusement suivies et seule l’expérience et la quasi-communion avec la matière feront la différence dans l’élaboration de l’élément. Le silence est quasi religieux tant la recherche de la précision se veut optimale. Les machines et les hommes ne font qu’un et l’odeur chaleureuse du bois coupé et travaillé encense les opérations menées par cette partie de l’équipe de la menuiserie Maire (sept collaborateurs au total pour un CA d’un million d’euros) du côté de la zone industrielle des Torrières à Neufchâteau. 

Depuis deux ans et demi, cette vieille et belle dame créée en 1785 par Jean-Baptiste Maire à Pompierre et dirigée, il y a encore quelques mois, par Jean-Paul Maire l’un de ses descendants de la septième génération, est passée dans le giron d’un autre menuisier meurthe-et-mosellan, Alban Vibrac (de la menuiserie éponyme de Bois-de-Haye) et d’Alberic Paquot son associé dans la reprise de cette entreprise familiale vosgienne. 

«Si l’entreprise n’est plus la propriété de la famille Maire, il n’était pas envisageable de changer de nom. C’est une histoire, un savoir-faire important que nous entendons continuer à faire perdurer tout en s’adaptant aux évolutions du marché.» Au cœur des quelque 800 m² d’atelier, Alberic Paquot dirige aujourd’hui le site néocastrien et sait pertinemment l’importance de la responsabilité de faire perdurer un nom et son savoir-faire.

© Johann Marin-Thiery Faire perdurer les savoir-faire demeure une priorité pour les nouveaux propriétaires de la menuiserie Maire de Neufchâteau.

Nouveaux segments de croissance

L’ébéniste de formation a passé une dizaine d’années au sein de la menuiserie Vibrac, «à l’école Alban Vibrac», comme il aime le mentionner. Le fait de s’associer à son employeur s’affiche comme un important challenge et une marque de confiance certaine de ce dernier sachant détecter les valeurs intrinsèques d’un individu. Une histoire d’hommes pour continuer à écrire celle débutée par d’autres il y a plus de deux siècles. Connue et reconnue, notamment pour ses élaborations en matière d’escaliers et ses réalisations ciblées principalement sur les particuliers, la menuiserie Maire nouvelle époque a commencé à développer de nouveaux segments de croissance.

«Nous conservons naturellement le portefeuille des clients particuliers et continuons à le développer et dans le même temps nous avons décidé d’accélérer nos collaborations avec l’univers de l’architecture d’intérieur pour des projets d’agencement de bonne échelle notamment pour les collectivités locales.» Une sphère de la commande publique et des appels d’offre que la maison mère meurthe-et-mosellane maîtrise pour y évoluer quotidiennement. Avec une autre de ses consœurs mosellane, Menulor (acquise par la menuiserie Vibrac en 2017), la menuiserie Maire peut faire jouer les synergies avec les deux autres entités. 

«C’est une force certaine nous permettant de renforcer notre réactivité et d’être en capacité de gérer les flux de commandes.» Une gestion des flux de commandes vitale dans un climat conjoncturel incertain où les prix des marchés ont tendance à pointer vers le bas. «Il faut demeurer vigilant», assure Alberic Paquot. Cette vigilance, elle passe par l’optimisation continue de l’outil de production. 

150 000 € d’investissement viennent d’être réalisés pour doter l’atelier d’une chaufferie au matériau bois. Les chutes et copeaux engendrés par l’activité viennent nourrir un imposant silo (de 80 tonnes de capacité) situé à l’extérieur sur le site. 

Le bois retourne au bois. La boucle est bouclée, un genre de cercle vertueux tout comme celui engagé pour la pérennité de l’entreprise vosgienne. L’histoire de la menuiserie Maire continue !