Medtech, une filière à consolider
Le salon MedFIT, dont la troisième édition se déroulait à Lille, a réuni 700 professionnels du secteur de France et d’Europe. Un moment indispensable tant l’échange et les partenariats sont essentiels au développement des technologies médicales.
Plus que tout autre secteur d’activité, les acteurs du domaine des technologies médicales et du diagnostic (MedTech) ont besoin d’échanger. Le salon MedFIT, créé sous la férule des clusters de la santé des régions de Grenoble, Strasbourg et Lille, dont la troisième édition se tenait à Lille les 25 et 26 juin, a attiré près de 700 visiteurs et «1 500 rendez-vous d’affaires vont être pris», se félicite Etienne Vervaecke, directeur d’Eurasanté. En région Hauts-de-France, les MedTech représentent 45% des entreprises de la filière santé pour un tiers des 31 000 emplois que compte le secteur. Ces acteurs comptent aussi pour un quart des 70 entreprises incubées par Eurasanté. «L’Europe a de beaux atouts pour le développement de la filière, explique Etienne Vervaecke, tout d’abord la vigueur de la recherche académique et le bon accompagnement des start-up. Mais nous pêchons par la faiblesse de l’investissement privé, un marché boursier peu dynamique et parfois le manque de bons entrepreneurs, capables de mettre sur le marché les résultats de recherches.»
Pitchs et rencontres
Les MedTech de la région étaient donc priées de se montrer. Les sessions de pitch ouvertes à celles qui veulent trouver des partenaires – des grands groupes intéressés par les innovations de jeunes sociétés – ou/et des financeurs. Plusieurs sociétés régionales ont pu pitcher devant un public aguerri : Paragate Medical, société israélienne en cours d’implantation dans la région, spécialiste du traitement de patients souffrant d’insuffisance cardiaque congestive, Axomove, qui développe une application permettant aux professionnels de la santé de créer facilement des programmes personnalisés d’exercices de rééducation pour leurs patients, ou encore My Cyber Royaume, qui conçoit des outils technologiques en réalité virtuelle pour les patients atteints de troubles cognitifs légers. D’autres ont adossé un stand à celui d’Eurasanté pour présenter leur activité. C’est le cas de l’institut Faire faces, installé à Amiens. Caroline Lambert, membre et représentante de l’Institut, a un agenda de rendez-vous bien rempli. «Nous cherchons des soutiens financiers, des partenaires scientifiques avec qui nous pouvons construire des réponses à des appels à projets, mais aussi des partenaires industriels.» L’Institut, fondé par le professeur Bernard Devauchelle, est connu pour avoir réalisé la première greffe du visage. Aujourd’hui, il reçoit une centaine de patients par mois atteints de malformations génétiques ou lymphatiques ou de cancers type ORL pouvant déformer le visage. «Par exemple, grâce à une technologie motion capture, nous avons pu mettre au point un dispositif technique pour quantifier les mouvements d’un visage. Aujourd’hui, nous travaillons avec une technologie eye tracking pour mieux comprendre et évaluer le regard du public sur nos patients et inversement», explique Caroline Lambert. Avec la construction d’un bâtiment dédié qui sera livré en 2021, l’Institut veut mieux faire connaître les maladies touchant le secteur maxillo-facial. «Nous voulons aller de l’avant, et il nous faut renforcer notre réseau de recherche et de partenaires.»
Le succès des programmes Interreg
Les réseaux et les groupements sont véritablement mis à l’honneur sur MedFIT avec la présentation de nombreux consortiums, souvent labellisés Interreg. «Dans le domaine de la santé, notre taux de réussite d’un dossier Interreg s’élève à 75% contre 15 à 25% de manière générale», souligne Caroline Simoës-Auberger, responsable communication et stratégie. Au programme, la présentation des projets Imode, SmartHealth, Derma ou encore CoBra. Ce dernier est mené par un professeur de robotique et mécatronique de l’université de Lille, le professeur Rochdi Merzouki. Le projet rassemble des universitaires de France, d’Angleterre, de Belgique et de Hollande, le centre Oscar Lambret de Lille et des entreprises. Un premier brevet – pour un robot administrant localement des doses de radiothérapie directement dans le tissu malade avec une aiguille – a été obtenu en 2016 par une première équipe constituée par le professeur Merzouki et financée par la SATT (Société d’accélération et transfert de technologies) Nord. Lancé au 1er janvier 2018 avec quatre millions d’euros, le groupement Interrreg Cobra veut améliorer ce dispositif qui pourrait révolutionner les traitements du cancer de la prostate. «Notre robot est aujourd’hui associé à un dispositif de radiographie pour localiser où administrer le traitement. Notre objectif : l’associer avec un dispositif IRM, beaucoup plus précis, explique Rochdi Merzouki. Un industriel, Elektra, fabricant de grains radioactifs a rejoint notre groupement, tout comme Philips qui développe des systèmes IRM. Toujours élargir nos partenariats est une discipline essentielle.» Le prochain MedFIT aura lieu à Grenoble en 2020.