Meccano sous pavillon canadien en route pour le marché américain

Le géant canadien du jouet Spin Master a repris Meccano en août dernier. L’investisseur nourrit de grandes ambitions pour la marque qu’elle veut commercialiser sur le marché américain. Rencontre avec sa nouvelle direction.

« Benoit Gadbois, P.D.G de Spin Master, repreneur de Meccano ».
« Benoit Gadbois, P.D.G de Spin Master, repreneur de Meccano ».
CAPresse 2013

Benoit Gadbois, PDG de Spin Master, repreneur de Meccano.

 

C’était l’une des surprises de la fin de l’été. Meccano, dernier fabricant industriel de jouets français avec 77 salariés, annonçait sa reprise par le Canadien Spin Master, un groupe en forte progression dans le monde à travers son portefeuille de licence de jeux (1 milliard de dollars de chiffre d’affaires fin 2012). L’inquiétude des salariés semble avoir rapidement laissé place à un certain enthousiasme. «J’ai des raisons d’être jaloux, les salariés l’ont déjà applaudi», s’amuse ainsi Michael Ingberg, directeur du site calaisien, à propos de Benoit Gadbois, PDG de Spin Master lui-même très satisfait : “La réception a été formidable. Je suis très heureux présentement.» On peut le comprendre, la reprise concerne tous les actifs de la société calaisienne : machines, foncier, bâtiments et… marques. C’est la spécialité du Canadien : développer son portefeuille de marques pour pénétrer les marchés mondiaux avec différents produits adaptés au “climat” culturel des pays. Pour Meccano, la cible est américaine. «C’est un marché de 22 milliards de dollars», pointe Benoit Gadbois. «Nous n’y étions que de manière confidentielle», glisse Michael Ingberg, maintenu dans ses fonctions.

Une reprise en confiance et une cible claire. Pour autant, la reprise était-elle inéluctable ? La trésorerie de Meccano battait de l’aile au printemps apprend-on de source syndicale. L’annonce d’un dépôt de bilan enflait aux premiers jours de l’été, ce que démentait la sénatrice-maire de Calais Natacha Bouchart qui avait rencontré l’ex-PDG Michael Ingberg. Mais pourquoi pas un partenariat commercial pour pénétrer le marché américain ? «La reprise était plus simple. C’était le bon moment pour vendre», finit par dire Michael Ingberg. La question des aides apportées à l’ancien propriétaire confortera la reprise. Le Conseil régional avait apporté une avance remboursable de 250 000 euros, l’Agglomération avait suivi avec 50 000 euros. Le 10 septembre dernier, une nouvelle convention allouait encore 250 000 euros d’avance remboursable à taux zéro. Benoit Gadbois a assuré que ces avances seraient remboursées. «Dans les conditions fixées par les conventions», ajoute Michael Ingberg. Soit un remboursement un an après le décaissement et sur une période de quatre ans. L’agglomération calaisienne octroie cette aide par le fonds dédié à l’innovation : les sommes allouées vont servir au projet «Révolution» du jouet Meccano dont les équipes se penchent sur l’ADN de la marque : la taille des espaces dédiés aux vis, le dimensionnement des trous et même l’épaisseur des matières. Spin Master veut tripler le budget marketing et «faire grandir l’entreprise» selon Benoit Gadbois. Meccano a perdu plus de 800 000 euros l’an dernier sur un chiffre d’affaires en baisse de 16 millions d’euros. Spin Master pose un acte de foi en effaçant la dette de 8 millions d’euros de l’entreprise.