Rencontre avec Matthieu Ramery, président du groupe Ramery
Matthieu Ramery : «Se transformer quand tout va bien»
Cinquante ans après sa création, le groupe Ramery a présenté un nouveau plan stratégique sur 10 ans pour répondre aux enjeux de décarbonation et à la première révolution du secteur de la construction. Décryptage.
À la tête d’un groupe en perpétuelle croissance depuis sa création en 1972, Matthieu Ramery souhaite aujourd’hui prendre un nouveau virage dans l’histoire de l’entreprise familiale et engager ses 2 700 collaborateurs dans la transformation de ses activités historiques vers de nouveaux métiers comme de nouveaux territoires. «Contribuer à un monde durable et utile aux hommes et aux territoires, c’est notre raison d’être ! Et cette réflexion sur les dix prochaines années doit nous permettre de converger vers de nouveaux métiers, de diversifier notre activité pour renforcer notre performance énergétique et environnementale».
5 orientations stratégiques
Avec un chiffre d’affaires de 610 millions € en 2022, en hausse de 9%, une croissance de l’ordre de 5% attendue en 2023 et un carnet de commandes offrant une visibilité à 6 mois, Ramery «dispose d’une capacité d’investissement pour accompagner le plan stratégique dessiné pour les 10 ans à venir afin de conforter notre performance économique, mais aussi environnementale, sociale et sociétale» explique Pascal Foulon, l’un des 4 directeurs généraux avec Olivier Romain, Jérôme Boudier et Laurent Gibello.
Aujourd’hui ancré sur 4 métiers, la construction, l’environnement, l’immobilier et la performance énergétique, «le groupe est confronté à deux grands défis : la décarbonation et la première révolution du secteur de la construction» développe Jérôme Boudier. «Nous avons dès lors défini 5 orientations stratégiques propices à renforcer la présence sur le territoire national tout en s’appuyant sur une croissance vertueuse : l’ingénierie-conseil, la performance énergétique et environnementale, la promotion-construction, l’économie circulaire et la production et la distribution d’énergies renouvelables».
En amont de la construction, son savoir-faire historique, Ramery entend donc se renforcer sur les métiers de l’ingénierie-conseil pour renforcer sa valeur ajoutée, des métiers sur lequel le groupe opère déjà à travers par exemple ses activités de géotechnique et d’hydrogéologie. À ce titre, il a intégré en juin dernier la société DCI, basée à Villeneuve d’Ascq, qui intervient dans la conception et la maîtrise d’œuvre de bâtiments à destination de clients privés (tertiaire et industrie) dans les Hauts-de-France, les Pays de Loire et sur une grande moitié de la France. En parallèle, l’entreprise d’Erquinghem-Lys entend renforcer l’éco-conception de ses projets et a créé, pour cela, un Management de l’énergie animé par trois ingénieurs qui réalisent des audits énergétiques et environnementaux dont découlent ses préconisations.
Une croissance interne… et externe
Anticiper les nouveaux modes constructifs est le 3e axe stratégique, alors que la construction représente 70% de son activité. «Il faut anticiper les les bouleversements du marché» selon Laurent Gibello, «les modes constructifs vont fortement évoluer sous l’impulsion de la digitalisation et des impératifs de réemploi et de décarbonation, ils vont s’industrialiser et passer d’un fonctionnement vertical et segmenté à une approche systémique et coordonnée». La création de Ramery Contractant dès 2020 en était la première étape, l’abandon progressif de ses activités dans le secteur BtoC pour se centrer sur le BtoB «avec la volonté d’orienter ses productions sur des ouvrages pensé autour des usages» en est la seconde.
L’économie circulaire est également au coeur de la nouvelle vision stratégique. 500 000 tonnes de déchets sont d’ors et déjà traitées chaque année par les équipes de Ramery, pour un taux de revalorisation de 85% et un objectif de 100% dans les prochaines années. «En mars dernier, le groupe s’est déployé pour la première fois hors des Hauts- de-France en faisant l’acquisition de Valpaq, un centre de traitement et valorisation de déchets pneumatiques en Nouvelle Aquitaine» explique Olivier Romain «Partenaire de l’éco-organisme Aliapur, ce centre valorise 20 000 tonnes de pneus par an en leur donnant une seconde vie ou en tant que combustible de substitution». C’est le quatrième centre de valorisation du groupe.
Enfin, Ramery entend renforcer sa présence sur les énergies renouvelables en devenant producteur et distributeur d’énergies vertes, «un nouveau métier pour le groupe qui viendra irriguer ses autres activités comme la gestion des déchets via leur valorisation énergétique». Les premières conventions de partenariat avec des acteurs du marché comme Engie Green ont ainsi été conclues pour développer des infrastructures et d’autres projets sont à l’étude, notamment dans les domaines des bioénergies et du photovoltaïque.
Accélérer la digitalisation et l’innovation
Bien entendu, ce nouveau chapitre de l’histoire implique de nouvelles compétences, le recrutement de nouveaux talents, un aspect qui «n’est pas insurmontable» pour reprendre les mots du Président du groupe. «Pour accélérer la digitalisation et l’innovation sur ces 5 axes, nous travaillons avec des startups et nous nous appuierons sur des opérations de croissance externe. Et notre terrain de jeu sera désormais national». Pour autant, le dirigeant souhaite laisser le temps au temps, ne pas brûler les étapes. «Il n’y a pas de notion d’urgence. Il faut se transformer quand tout va bien et ne pas attendre d’être contraint de le faire, c’est pourquoi il était important de savoir comment écrire l’histoire de nos 50 prochaines années en s’appuyant sur les 50 premières, sans pression». À suivre…
Ramery, une entreprise familiale et indépendante
- Création en 1972
- 70 entités en France
- 2 700 collaborateurs
- 3 300 clients publics et privés
- 610 millions de chiffre d’affaires en 2022 (en hausse de 9%)