Massifier la rénovation énergétique, c’est Element’R
Les nordistes Energelio et BLAU Architectes se sont associés à deux entreprises belges pour créer un lot de trois blocs modulaires capable de couvrir 80% de la surface de certaines façades. Une innovation qui leur a valu un prix Energiesprong.
Comment faire pour effectuer une rénovation énergétique rapide et massive de certains bâtiments, à l'instar des nombreuses écoles construites après la Seconde Guerre mondiale dans les Hauts-de-France ? Pour reprendre l'adage holmésien : c’est élémentaire. Ou plutôt Element’R, le nom de la solution de rénovation poussée par quatre entreprises. Le bureau d’études lillois Energelio et le cabinet d’architectes BLAU (Mons-en-Barœul), sont en effet associés aux belges Buildup (industrie de l’acier) et Spie Batignolles (construction) pour relever ce challenge lancé dans le cadre du concours innovation Energiesprong porté par Greenflex. Quatre corps de métiers bien différents qui couvraient l’ensemble de la problématique et qui ont abouti à une innovation primée en décembre.
Des blocs personnalisables
L’idée est relativement simple : proposer des éléments isolants, modulaires, susceptibles d’être produits de manière industrielle. «On s’est aperçu que les écoles construites après-guerre avaient de nombreux points communs comme d’importantes surfaces vitrées, avec des meneaux très fins et des allèges d’un mètre», explique Clément Castel, gérant d’Energelio. Après un important travail d’ingénierie, l’équipe a ainsi abouti à la création de trois blocs façades standardisés, capables de couvrir, comme dans un Tetris, 80% de la surface des murs. Ces «caissons modules» sont conçus autour d’un rail en acier léger, proposé par Buildup, et d’une caisse en bois pouvant être remplie. Celle-ci peut-être remplie de l’isolant choisi par le maître d’ouvrage (laine de bois, de mouton, chanvre, paille…). Son revêtement peut ensuite être personnalisé : bardage, parement en brique, en pierre…
Après un scan 3D de la façade à rénover, un algorithme assure le placement des blocs modulaires pour couvrir la surface maximale. On détermine ensuite les éléments restants à réaliser sur mesure. Clément Castel poursuit : «Les chantiers dans les écoles sont souvent compliqués car il y a peu de temps de disponible pour faire les travaux. Là, les éléments modulaires sont disponibles très vite. Il n’y a que les éléments sur mesure à réaliser au moment du chantier.» Et tout peut être préassemblé en atelier, pour réduire encore le temps de présence sur le chantier.
Des chantiers à venir
Conçu pour le cas particulier des écoles primaires, le concept peut facilement être reproduit sur d’autres types de bâtiments, moyennant, bien sûr, une étude précise des caractéristiques de ceux-ci. Déjà les quatre partenaires, liés par un brevet et un accord commercial, se positionnent sur certains appels d’offres. Pour l’heure, les modules seront produits par Spie Batignolles en Belgique. Mais l’optimisation de la supply chain est à l’étude. Elle peut passer par la création d’ateliers d’assemblage au plus près des chantiers. Ou, pourquoi pas, par une implantation industrielle pour la production des modules à proximité des chantiers et des fournisseurs, notamment d’isolant.