Martinique: le leader du mouvement anti-vie chère condamné à 10 mois de prison ferme aménageable

Le tribunal correctionnel de Fort-de-France a condamné lundi à 10 mois de prison ferme aménageable le leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, Rodrigue Petitot, reconnu coupable d'intimidations...

Rodrigue Petitot (c), président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), et leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, participe à une marche à Paris, le 3 novembre 2024 © GEOFFROY VAN DER HASSELT
Rodrigue Petitot (c), président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), et leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, participe à une marche à Paris, le 3 novembre 2024 © GEOFFROY VAN DER HASSELT

Le tribunal correctionnel de Fort-de-France a condamné lundi à 10 mois de prison ferme aménageable le leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, Rodrigue Petitot, reconnu coupable d'intimidations à l'encontre des maires de l'île.

"Nous sommes surpris par la décision", a commenté Me Max Bellemare, l'un des trois avocats de Rodrigue Petitot, après l'énoncé du verdict. "On s'attendait (à être) entendu au regard des jurisprudences que nous avons sur la liberté d'expression", a-t-il ajouté.

C'est "un prisonnier politique", a réagi le bâtonnier Georges-Emmanuel Germany, lui aussi avocat de M. Petitot, le président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC).

Au prononcé de la décision, rendue au terme d'une audience marathon de 12 heures, des heurts ont éclaté à l'extérieur du palais de justice de Fort-de-France, a constaté un journaliste de l'AFP.

Parmi les centaines de personnes qui manifestaient leur soutien à Rodrigue Petitot, plusieurs dizaines ont lancé des pierres et des bouteilles en verre sur les façades du tribunal. Des jets de projectiles auxquels les gendarmes ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes.

Cette condamnation est en deçà des réquisitions du ministère public qui avait réclamé 12 mois de prison ferme à l'encontre du chef du RPPRAC.

Dans une vidéo diffusée en direct fin novembre sur TikTok, Rodrigue Petitot avait exigé le départ du préfet de la Martinique et réclamé aux élus de fermer les mairies.

"Démontrez-nous que l'on peut compter sur vous. On va vous attaquer. On va faire un grand nettoyage, de l'extérieur comme de l'intérieur", déclarait-il alors qu'il manifestait, cité par la radio locale RCI.

Il avait par la suite été interpellé jeudi en fin de journée avant d'être placé en détention provisoire jusqu'à son procès.

"Ces propos sont des actes d'intimidation", a asséné lundi le représentant du parquet lors de son réquisitoire, rappelant également que le prévenu était en état de récidive légale et risquait pour les faits qui lui étaient reprochés jusqu'à 20 ans d'emprisonnement.

"On a jamais appelé à la violence contre qui que ce soit", s'est défendu Rodrigue Petitot pendant son procès.

Depuis début septembre, le collectif RPPRAC réclame l'alignement des prix des produits alimentaires vendus en Martinique sur ceux pratiqués dans l'Hexagone.

Dans le sillage de ce mouvement, 298 véhicules, 33 bâtiments privés et six bâtiments publics ont été incendiés et quelque 174 locaux commerciaux ont par ailleurs été cambriolés sur l'île, selon la préfecture.

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