Marie-José Orlof reprend La Rinxentoise

A Calais, La Rinxentoise, entreprise sexagénaire, jouit d’une excellente réputation dans le domaine de la statuaire funéraire. Mais en dépit de cette bonne image, La Rinxentoise a connu ces dernières années quelques difficultés. Au point d’être passée par la case liquidation judiciaire. Heureusement, son précédent propriétaire, Pierre Leroy, a croisé la route de Marie-José Orlof. Rencontre.

Marie-José Orlof et Pierre Leroy dans le showroom de La Rinxentoise.
Marie-José Orlof et Pierre Leroy dans le showroom de La Rinxentoise.

Marie-José Orlof est un personnage atypique dans le paysage économique calaisien. Elle est l’une des rares femmes à pratiquer ce métier très masculin que reste le bâtiment, au niveau dirigeant. Et avec une pleine réussite… Si l’on ajoute que la dame ne met jamais son drapeau dans sa poche et aime à faire savoir haut et fort ce qu’elle pense et si l’on assaisonne avec une pincée de militantisme en faveur de l’artisanat poursuivi avec vigueur tant à la CAPEB qu’au sein de la Chambre des métiers, on commence à dessiner les contours du personnage. Un personnage qui a fait ses premières armes au tunnel sous la Manche comme chef de chantier pour le compte de Colas. Puis qui est passé par Sogea, avant de créer sa propre entreprise en 2005, Opale travaux publics (OTP). En dépit de la raison sociale, l’idée était de réaliser des aménagements extérieurs pour particuliers. L’affaire se développe et, en 2012, voit la création d’un département bâtiment, le créneau visé étant la restauration du patrimoine rural. Deux belles réalisations à l’actif des équipes de Mme Orlof : la ferme de la Cressonnière à Nielles-les-Ardres et les Tourelles à Echinghen.

A la barre du tribunal de commerce. Pendant ce temps, Pierre Leroy, employé de longue date à La Rinxentoise, a l’opportunité de reprendre l’entreprise voici huit ans. Il songe à des diversifications. Pourquoi, par exemple, ne pas se lancer dans les pompes funèbres, domaine si voisin de la statuaire funéraire ? Seulement, ça ne marche pas. Un jour, il doit se résoudre à déposer le bilan, le voilà en règlement judiciaire. Sur différents chantiers, il a croisé Marie-José Orlof et l’apprécie. Un jour, il se décide à lui parler de ses difficultés. Mme Orlof saisit tout de suite l’enjeu : préserver le faire-savoir de l’entreprise, selon elle «extraordinaire». Mais les événements vont vite : la liquidation est prononcée et c’est à la barre du tribunal de commerce que Mme Orlof deviendra, le 29 juillet dernier, le repreneur de La Rinxentoise.

Les Compagnons à l’œuvre. Les diversifications impulsées par Pierre Leroy n’étaient pas toutes hasardeuses.  Sous sa houlette, cheminées, cuisines, salles de bains, seuils et appuis de fenêtre, agencement de magasins ont été développés. Sans oublier les escaliers : les compétences de M. Leroy pour aménager des escaliers sur voûte sarrasine ont impressionné Mme Orlof. Une plaquette qui vient d’être éditée par l’entreprise explique que toutes ces réalisations sont possibles «grâce au savoir-faire de ses professionnels, tailleurs de pierre, sculpteurs, débiteurs, polisseurs, tous issus du compagnonnage». En effet, lors de la reprise par OTP, seul le maçon a été écarté, mais six personnes de l’équipe d’origine, y compris Pierre Leroy, sont toujours là. « Apportez vos idées, vos projets, vos rêves. Notre équipe de professionnels passionnés ne manquera pas de vous apporter les solutions adaptées.» Après avoir sauvé le savoir-faire, Marie-José Orlof entame l’étape du faire-savoir. Actuellement, le chiffre d’affaires de La Rinxentoise est partagé à 50/50 entre le funéraire et le bâtiment. «Et ceci sans publicité particulière, observe Mme Orlof. Si on accélère sur le faire-savoir, ça devrait décoller.»     

  

Hervé Morcrette

Marie-José Orlof et Pierre Leroy dans le showroom de La Rinxentoise.