Management : Sept conseils pour faire face à la crise et savoir rebondir
En cette crise sanitaire, toute l’activité économique des entreprises est chamboulée. S’entourer, préserver sa trésorerie, s’appuyer sur ses collaborateurs, prouver son exemplarité, se réinventer… Sept conseils pour assurer la survie de son entreprise jusqu’à la reprise de l’activité économique.
- Bien s’entourer
Premier réflexe à adopter par les entrepreneurs : s’entourer de professionnels expérimentés en gestion de crise – experts-comptables, avocats, associations, tribunaux, CCI… – pour faire les bons choix. Pour Guillaume Mulliez, président de l’association 60 000 rebonds, le confinement a donné l’occasion «d’accepter de faire face à soi-même, savoir prendre du recul, prendre de la hauteur pour envisager demain et de prendre le temps de voir un coach. Dans une petite entreprise, il est important d’avoir d’autres personnes sur lesquelles l’entrepreneur peut s’appuyer pour prendre les bonnes décisions et préparer le rebond.»
- Soigner ses fournisseurs
Le chef d’entreprise a intérêt à identifier l’ensemble des fournisseurs de l’entreprise et à les prioriser. «Il faut maintenir le lien avec ceux qui sont indispensables à l’activité en les appelant pour garder une relation de confiance, et éventuellement négocier des étalements. En revanche, il faut freiner et couper avec les fournisseurs qui ne sont pas indispensables», conseille Nicolas Doucerain, entrepreneur fondateur d’un cabinet de 92 collaborateurs spécialisé dans les ressources humaines et auteur de l’ouvrage «Ma petite entreprise a connu la crise».
- Préserver sa trésorerie
Si l’entreprise perd du chiffre d’affaires, il faut dans la mesure du possible arrêter les sorties de cash. Si le chef d’entreprise a la possibilité de reporter certaines charges, d’autres, «comme la part salariale ou le prélèvement à la source doivent absolument être payées, c’est un risque pénal», prévient Vincent Moncorgé, directeur général du cabinet MCG Opportunités qui propose des solutions pour pérenniser les entreprises. Côté business, le chef d’entreprise doit déterminer ce qui est secondaire et stopper les projets non essentiels et les charges qui y sont rattachées. Pas question pour autant d’arrêter les investissements importants. Deuxième moyen d’améliorer la trésorerie, faire rentrer le cash. La priorité : le recouvrement de l’ensemble des factures. «Profitez de la période pour rappeler vos clients et les relancer et vous occuper des factures impayées», explique Vincent Moncorgé. L’entrepreneur peut également appeler sa banque et se renseigner sur les dispositifs mis en place par le gouvernement. Dernier recours, le médiateur d’entreprise, qui gère les problèmes avec les fournisseurs et notamment les questions de délais de paiement avec les différents partenaires de l’entreprise ou le médiateur du crédit qui s’occupe des problèmes avec les banques.
4. Se montrer exemplaire
Toujours côté trésorerie, le chef d’entreprise doit informer ses collaborateurs et les mobiliser pour que tous fassent des efforts pour contribuer au redressement de l’entreprise. «On ne peut pas demander des sacrifices à ses collaborateurs si on n’est pas soi-même exemplaire», avertit Nicolas Doucerain. Pour sa part, l’entrepreneur, dont le cabinet de ressources humaines a subi la crise des subprimes de plein fouet en 2008, avait baissé sa rémunération de 40 % et rendu sa voiture de fonction. Il avait par ailleurs demandé à ses quatre actionnaires d’accepter de baisser leur rémunération et supprimé tous leurs avantages.
- Adopter le mode «test and learn»
Pour s’en sortir, mieux vaut faire des prévisions à un mois, trois ou six mois avec des étapes fixées sur le court terme. Le dirigeant doit adopter une approche tactique, définir des objectifs SMART – spécifiques, mesurables, ambitieux, réalistes, dans le temps -, soit définir des plans d’action courts. «Il est indispensable de se mettre en sécurité pour gagner du temps», explique Vincent Moncorgé. «Établir un plan de trésorerie à six mois glissants permet de continuer à piloter l’entreprise». En revanche, il faut accepter que tout ne se passe pas comme on l’imagine, car il est impossible de savoir de quoi demain sera fait. «L’entrepreneur ne peut pas être maître de tout.» L’Amiral Olivier Lajous, ex-DRH de la Marine Nationale, ajoute qu’«il faut accepter la contrariété.» En oubliant les repères d’avant et en apprenant à changer de cap et à en inventer de nouveaux. «Il faut être dans un état d’esprit de survie et oublier ses préceptes», renchérit Vincent Moncorgé. Soit être en mode «test and learn» et louvoyer entre plusieurs chemins pour tendre vers le cap fixé.
- S’appuyer sur ses collaborateurs
Il est d’autant plus important en cette période de distanciation physique, de télétravail, de bien communiquer avec ses salariés pour garder un lien qui permet à tout le monde d’être en confiance et de rester motivé. À l’image de Nicolas Doucerain, qui a trouvé des ressources grâce à ses collaborateurs, le chef d’entreprise a intérêt à coconstruire avec ses salariés et à trouver des solutions avec eux. Certains collaborateurs peuvent s’avérer très vigoureux et apporter les meilleures idées pour contribuer à redresser l’entreprise. «Vous serez surpris de leurs bonnes idées en les laissant parler», confie-t-il. Outre le fait qu’ils vont aider à trouver les bonnes solutions, ils pourront d’autant plus se les approprier que celles-ci viendront d’eux. Il est primordial de redonner du sens au travail et d’entraîner son équipe dans la même direction.
- Savoir se réinventer
Ouvrir le champ des possibles et savoir inventer de nouvelles offres ou de nouveaux services est un impératif. Le chef d’entreprise a intérêt à établir des choix stratégiques pour passer la crise, «en réduisant, par exemple, son catalogue de vente par deux pour se concentrer sur les produits les plus vendus ou ceux dont les chaînes d’approvisionnement sont assurées», détaille Vincent Moncorgé. Il faut savoir enfin identifier et saisir des opportunités sur des marchés, comme l’ouverture d’un site e-commerce pour les commerçants physiques. Chacun doit s’interroger pour savoir si «son entreprise d’hier est adaptée aux métiers de demain ou si elle doit se réadapter», juge Guillaume Mulliez, ajoutant : «c’est le moment de mettre en place des choses et de s’interroger sur en quoi le chef d’entreprise a été bon et en quoi il peut s’améliorer.»
Charlotte DE SAINTIGNON