Malgré les perturbations de l’année, la maintenance aéronautique résiste
«Quel prix pour la sécurité ?» : c’est la question posée suite aux nouvelles normes auxquelles a dû se conformer l’aviation de loisir dans la région des Hauts-de-France. La crise sanitaire et la nouvelle législation ont affaibli le secteur, mais la maintenance aéronautique résiste.
En Europe, on ne plaisante pas avec la sécurité, on le sait. Les normes succèdent souvent aux normes. Dans le secteur de l'aéronautique de loisir, cette logique a créé quelques turbulences... Les plus de 300 appareils privés ou d’aéroclub recensés dans les Hauts-de-France ont dû s’équiper de nouvelles installations. Parmi elles, un transpondeur répondant à la norme «S» ou encore une nouvelle radio dite "8.33". Depuis 2020, les installations obligatoires se multiplient, ce qui engendre entre autres un surcroît d’activité pour les ateliers spécialisés «avioniques», comme chez Air maintenance au Touquet. Ils ont vu leur carnet de commandes se remplir en plus des entretiens planifiés d’aéronefs. Certains ont embauché. Face à la saturation des plannings, certains aéroclubs ont même eu recours, par exemple, à des installateurs en région parisienne ou lyonnaise, pour plus de facilité et pour ainsi garantir les délais.
Il faut compter environ 6 000 € pour mettre aux normes un appareil de taille moyenne dit "avion léger de tourisme". «Cette mise aux normes a impacté nos finances car c’est un coût supplémentaire pour nos structures déjà fragilisées par la crise sanitaire et l’augmentation du carburant», commente Pierre Pruvost, le trésorier de l’aéroclub du Boulonnais à Saint-Inglevert, qui possède une flotte de six appareils pour un volume de plus de 1 000 heures de vol.
Une turbulence pour l’aviation de loisir ?
La crise sanitaire, à laquelle est venue s'ajouter une augmentation de +15% du carburant, a en effet considérablement diminué les heures de vol : jusqu'à -42% dans certains clubs. Cette mise aux normes, bien que nécessaire, n'était donc en rien la bienvenue. Certains aéroclubs ont perdu un volume important de leur activité et, ipso facto, de leurs capacités financières. En effet, un avion au sol est synonyme de perte financière, que ce soit pour les grosses compagnies commerciales ou les privés.
Pour leur venir en aide, la Fédération française d’aéronautique est venue au secours des aéroclubs avec les brevets d’initiation aéronautique qui permettent aux scolaires, dès l’âge de 15 ans, de s’initier au vol avec des conditions financières avantageuses. Une action qui permet aux clubs de réaliser des heures de vol, mais surtout de brasser plus de personnes et éventuellement de fidéliser de jeunes pilotes.
Mais d’ici quelque temps, certaines radios compas cesseront d’être utiles, avec des questions en suspens : qu’adviendra-t-il de ces installations ? seront-elles démontées ? et qui paiera la facture ? Décidément, les nouvelles normes et modifications ont laissé des zones de turbulence dans leur sillage. Les aéroclubs attendent avec impatience les beaux jours pour se refaire une santé.