Made in France or not ?
Le CJD a une nouvelle fois mis les pieds dans le plat avec le débat de ses plénières mensuelles : qui croit encore au Made in France ? se sont interrogés les acteurs économiques du territoire à la Cité internationale de la Dentelle et de la Mode.
Dans la salle, de nombreux chefs d’entreprise qui travaillent à l’international. Sur le plateau du CJD, des intervenants venus problématiser le Made in France devant des spectateurs pas toujours convaincus. «Appel patriotique ou réel espace marketing ?» a interrogé François Delattre, président du CJD Côte d’Opale. Muriel Pernin a raconté son expérience de reprise des ateliers de Lejaby : les couturières de la fameuse enseigne de lingerie féminine se sont lancées dans le Made in France : «Nous, c’est 100 % français. Pas 45 %», lance t-elle. Spécialisée dans la petite série, l’entreprise est née sous les auspices de la solidarité grâce à une souscription nationale – «10 euros par-ci par-là», prêche sa dirigeante. Aujourd’hui, elles sont 25 couturières et 10 autres salariées liées par un contrat commercial avec Lejaby. Et conservent précieusement le savoir-faire de la lingerie-corseterie française. Pour autant leur modèle restreint en volume ne peut déboucher pour l’instant sur un développement conséquent. La faute au Made in France ? Ce n’est pas ce que pense les promoteurs de Smoby, l’un des derniers fabricants de jouets français. Les Jurassiens se sont sortis d’un redressement judiciaire entre 2006 et 2008 grâce à l’investissement du groupe allemand Simba. Les effectifs sont passé de 1 500 personnes en 2006 à 450 en 2012. Même réduit, le marché reste porteur sur le segment du Made in France : «On vend aussi en Chine», plaide son directeur marketing Eric Baleigne.
Noyon au Sri Lanka depuis 10 ans. Autre exemple, celui de Noyon dentelles dont le responsable qualité et le directeur général ont expliqué leur implantation au Sri Lanka : «On a dû accompagner le marché en Asie mais nous ne voulions pas aller en Chine. D’où l’association à 50/50 avec le groupe indien MAS», a expliqué Philippe Durlet, directeur général de Noyon. 50 métiers à tricoter tournent ainsi depuis 2004, année où Noyon connaît déjà un plan social à Calais… Depuis les années 90, tous les dentelliers ont fait l’expérience de la projection d’une partie de leur production en Asie. Tous annoncent la même raison : suivre les clients qui veulent des prix Asie pour des livraisons en Asie. Pour Noyon, c’était la garantie – temporaire – de conserver les gros clients notamment américains. Aujourd’hui, malgré son statut minoritaire (Noyon a vendu une partie de ses parts sociales à MAS), le dentellier s’appuie sur les royalties que lui verse MAS : un pourcentage du chiffre d’affaires qui a maintenu sa trésorerie pendant son long et fastidieux redressement judiciaire.