Madame Artisanat exerce un métier d’homme

A 28 ans, Mylène Potier vient de recevoir le prix national "Madame Artisanat" : maréchal-ferrant, elle a créé il y a trois ans son entreprise Myle & 1 Fer dans l’Oise.

Mylène Potier, maréchal-ferrant, est « Madame Artisanat » 2020
Mylène Potier, maréchal-ferrant, est « Madame Artisanat » 2020

Depuis octobre 2016, Mylène Potier sillonne les routes de l’Oise, mais aussi de la Somme et de l’Aisne, à bord de sa camionnette toute équipée pour la ferrure des chevaux : parage des sabots, ferrure simple ou orthopédique, elle prend en compte les éventuelles pathologies, la qualité du pied et de la corne, les chemins que le cheval est amené à emprunter, son activité de loisirs ou professionnelle… Car un cheval doit être paré et ferré en moyenne toutes les sept semaines.

Passionnée par son métier pourtant majoritairement masculin, elle apprécie le contact avec les animaux. « Chaque cheval a son caractère dont il faut tenir compte, au fur et à mesure des interventions je connais de mieux en mieux ses réactions, ses particularités. Certains peuvent avoir eu de mauvaises expériences et redoutent les ferrures, il faut les rassurer, les calmer… C’est un métier qui est physiquement exigeant, il faut une certaine force, et maintenant que ma clientèle s’étoffe, certaines journées sont fatigantes », reconnait Mylène Potier qui explique pourtant très simplement sa vocation : « J’ai commencé à monter à cheval dès l’âge de quatre ans, mais à la suite d’une mauvaise chute, je me suis rendue compte que j’aimais davantage m’occuper des chevaux plutôt que les monter. »

Un métier physiquement exigeant. Mais pour Mylène Potier, les femmes sont souvent plus minutieuses.

Lorsqu’elle doit choisir une orientation professionnelle en 3ème, elle se tourne vers la maréchalerie. « C’est un métier manuel qui s’exerce à l’extérieur et en rapport avec les chevaux », détaille-t-elle. Mais les professionnels renâclent à lui accorder des stages, voire tentent de la dissuader, estimant le métier réservé aux hommes. Elle obtient finalement un stage chez un maréchal-ferrant de Nanteuil-le-Haudoin où elle apprendra le métier pendant trois ans, en alternance avec les cours du CFA de Beauvais, jusqu’à l’obtention de son CAP. Après deux ans d’apprentissage chez un autre patron à Senlis pour préparer le Brevet technique des métiers, Mylène Potier est embauchée à Chantilly où elle s’occupe des chevaux de course. Et décide en octobre 2016 de créer sa propre entreprise, Myle & 1 Fer.

Une “bête à concours”

En 2018, la Chambre de métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France qui suit la jeune entrepreneuse la présente, presque à son insu, aux Trophées de l’artisanat : elle remporte le prix des artisans-créateurs. Et au début de 2020, c’est in extremis qu’elle envoie un dossier pour le 1er trophée national “Madame Artisanat” organisé par la CMA France en partenariat avec AG2R La Mondiale. Parmi les 200 candidatures présentées, Mylène Potier remporte le 1er prix, aux côtés de six autres lauréates venant de toute la France. « C’est une belle reconnaissance. Cela prouve qu’il ne faut pas s’arrêter aux préjugés et qu’une femme peut tout à fait exercer un métier d’homme », conclut-elle.

Après avoir été chauffé, le fer est martelé pour s’adapter à la forme du sabot.


Les femmes aiment l’artisanat

En France, près d’un quart des entreprises artisanales (23%) est dirigée par des femmes. Le secteur de l’artisanat emploie au total près de 800 000 femmes, dont 500 000 sont salariées.