Macron rend hommage à Jacques Delors, qui a "réconcilié l'Europe avec son avenir"

Emmanuel Macron a présidé vendredi aux Invalides un hommage solennel à Jacques Delors, un "éclaireur" qui a "réconcilié véritablement la France avec l'Europe"...

Jacques Delors, président de la Commission européenne, participe à une réunion des ministres de l'Economie et des Finances au Luxembourg le 11 octobre 1994 © Franck FIFE
Jacques Delors, président de la Commission européenne, participe à une réunion des ministres de l'Economie et des Finances au Luxembourg le 11 octobre 1994 © Franck FIFE

Emmanuel Macron a présidé vendredi aux Invalides un hommage solennel à Jacques Delors, un "éclaireur" qui a "réconcilié véritablement la France avec l'Europe" et "l'Europe avec son avenir".

L'ancien président de la Commission européenne, père de l'euro et espoir éphémère de la gauche à la présidentielle française de 1995, est décédé le 27 décembre à l'âge de 98 ans.

"Jacques Delors ne se lassa jamais d'explorer pour réconcilier, en éclaireur, de frayer des alternatives, de bâtir des ponts", a déclaré le chef de l'Etat, lors de cette cérémonie en présence de nombreux dirigeants européens.

Il "nous a juste passé le relais", a-t-il ajouté, célébrant les "talents de conciliateur" d'un homme "qui ne s'est jamais conformé, dans aucun des tournants du siècle, aux habitudes ni aux attendus".

Le social-démocrate avait déçu son camp en renonçant à briguer l'Elysée en 1995. 

Avant cela, cet ancien syndicaliste avait marqué la vie politique. D'abord en cheminant avec Jacques Chaban-Delmas à la fin des années 1960, pour "concilier ses aspirations de gauche avec celles d'un gaullisme qui cherchait à se régénérer", a relevé Emmanuel Macron.

Ensuite, en assumant lorsqu'il était ministre de l'Economie de François Mitterrand, un tournant de la rigueur afin de "réconcilier, dans ce moment décisif, le socialisme du gouvernement avec le marché et les Français avec l'économie".

A la tête de la Commission de 1985 à 1995, il a ensuite "contribué à dessiner, trait par trait", le "visage de l'Europe d'aujourd'hui", celle du marché unique et de l'euro, des accords de Schengen ou encore du programme d'échanges d'étudiants Erasmus.

Un destin également salué par les nombreux responsables invités à la cérémonie. Il "a donné une âme à l'Europe", a résumé l'actuelle présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen. "Son héritage est immense".

Ses anciens camarades socialistes ont vanté ses qualités. "Il avait une très grande intégrité", a souligné Pascal Lamy, qui l'accompagna à Bercy, puis à Bruxelles. L'ancien Premier ministre Lionel Jospin garde, lui, "le souvenir de son extrême exigence dans le travail, de la conscience de ses responsabilités, assorties d'une très grande simplicité de moeurs".

Héritage

L'aura continentale de Jacques Delors a résonné pendant la cérémonie: après la sonnerie aux morts et la Marseillaise, l'Ode à la joie, l'hymne européen, a retenti dans la cour des Invalides, interprétée par l'orchestre de la Garde républicaine, sous les regards de sa fille, la maire de Lille Martine Aubry, et d'une cinquantaine d'étudiants Erasmus.

"On est quelque part les héritiers de Jacques Delors", a glissé le président du Conseil européen, le belge Charles Michel.

Etaient également présents, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le Premier ministre belge Alexander De Croo, son homologue néerlandais Mark Rutte, les présidents du Conseil, de la Commission, du Parlement et de la Banque centrale européenne. 

Un aréopage dans lequel le Premier ministre hongrois Viktor Orban, chef de file du camp nationaliste, détonnait à cinq mois des élections européennes. 

Echéance cruciale pour Emmanuel Macron, qui se pose régulièrement en leader des "progressistes" pro-européens, alors que l'extrême droite est en tête dans les sondages en France.

Le chef de l'Etat a d'ailleurs invoqué, dans ses voeux du 31 décembre, Jacques Delors et son "héritage" pour appeler à faire en 2024 le "choix décisif" d'une "Europe plus forte, plus souveraine".

Âpre bataille qu'il entend mener avec un nouveau gouvernement, les rumeurs d'un remaniement imminent s'intensifiant depuis le jour de l'An.

En attendant, l'équipe gouvernementale était presque au complet aux Invalides.

Emmanuel Macron reçoit, de son côté, les dirigeants européens à déjeuner à l'Elysée.

fff-gbh/sde/dch   

   

349G7C6