Macron et Modi affichent leur proximité à Marseille
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi ont affiché mercredi à Marseille leur proximité et le partenariat entre leurs pays, symbole selon Paris de l'"indépendance" française à l'heure de la...
![Le président français Emmanuel Macron (C), le Premier ministre indien Narendra Modi et le ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot (D) visitent la tour CMA-CGM de l'armateur de fret français dans le port de Marseille le 12 février 2025 © Christian Hartmann](/thumbs/1368×1026/articles/2025/02/36XK7FD.jpg)
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi ont affiché mercredi à Marseille leur proximité et le partenariat entre leurs pays, symbole selon Paris de l'"indépendance" française à l'heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine.
Arrivés mardi soir dans la deuxième ville de France, et après un dîner tardif dans un restaurant trois étoiles à Cassis, près de Marseille sur la côte méditerranéenne, les deux hommes d'Etat ont enchaîné mercredi au pas de course les étapes, sans s'adresser à la presse ni annoncer de nouveaux projets communs.
Ils ont d'abord rendu hommage aux soldats indiens morts en France pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière militaire marseillais de Mazargues.
Ils ont ensuite inauguré le consulat général d'Inde dans la cité phocéenne, acclamés par une petite foule d'expatriés indiens, avant de se rendre au siège du géant mondial du transport maritime CMA CGM, sur le port de Marseille, où le PDG Rodolphe Saadé leur a présenté le "fleet center", le centre de navigation d'où est gérée la flotte de l'armateur, soulignant les liens de la compagnie avec l'Inde.
L'occasion d'évoquer le corridor Imec, projet de transport maritime et ferroviaire reliant l'Inde à l'Europe via le Moyen-Orient, qui se veut une alternative aux nouvelles "routes de la soie chinoises".
Dans de brefs échanges à bâtons rompus, Emmanuel Macron a estimé devant son invité que Marseille "peut clairement être le point d'entrée vers le marché européen" dans le cadre d'Imec, qu'il avait qualifié mardi de "catalyseur formidable" en clôture d'un forum d'affaires franco-indien, promettant de "mobiliser des projets concrets et des investissements".
MM. Macron et Modi ont ensuite visité le chantier monumental du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lès-Durance, jouxtant le site nucléaire du CEA de Cadarache, à 70 km de Marseille.
Ce projet international qui vise à révolutionner la production d'énergie implique la France et l'Inde mais aussi d'autres pays dont la Russie, la Chine ou encore les Etats-Unis.
"C'est un projet unique aussi car ce sont des pays qui en matière géopolitique font face à des tensions mais ici ils travaillent ensemble. C’est un modèle: ici on laisse les passeports à l’accueil", a dit à l'AFP le directeur général du site, l'Italien Pietro Barabaschi.
Intimité particulière
Mais alors que l'Elysée avait évoqué de possibles nouveaux projets de coopération portuaire, énergétique ou dans le nucléaire civil, aucune annonce n'a été faite. Pas plus que dans les négociations à plusieurs milliards d'euros sur l'achat par New Delhi d'avions de chasse français Rafale version marine et de sous-marins Scorpène.
En emmenant Narendra Modi dans sa "ville de cœur" après avoir coprésidé le sommet sur l'intelligence artificielle à Paris, Emmanuel Macron voulait soigner sa relation avec le pays le plus peuplé de la planète, déjà invité au défilé du 14-Juillet en 2023.
"L'Inde et la France sont deux grandes puissances et ont une intimité particulière", a expliqué le président français dimanche dans une interview télévisée. "Nous voulons travailler avec les Etats-Unis d'Amérique" et "avec la Chine, mais on ne veut dépendre de personne", a-t-il insisté, en mettant en avant sa "stratégie indopacifique".
Mardi, Narendra Modi a assuré que ce "partenariat ne se limite pas" aux relations bilatérales. "Nous travaillons ensemble pour trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés", et "renforcer notre coopération dans tous les domaines", a-t-il dit.
Pour un ancien ministre français, c'est une "bonne intuition" d'Emmanuel Macron, car "Modi, à la tête d'une puissance en devenir, a trouvé une position d'équilibre entre Américains, Chinois et Russes".
"Il y a une constance rhétorique de la France à vouloir se poser en pont entre le Nord et le Sud", estime Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po.
Mais ce spécialiste des relations internationales prévient aussi qu'à force de vouloir afficher sa proximité avec New Delhi, "cela oblige Macron à passer sous silence la politique intérieure" du Premier ministre ultranationaliste hindou, décrié par ses opposants et des défenseurs des droits humains pour sa dérive autocratique.
De Marseille, Narendra Modi s'est envolé en début d'après-midi pour les Etats-Unis, à la rencontre du nouveau président américain Donald Trump.
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