Macao renoue avec son titre de capitale mondiale du jeu
Une fois levées les restrictions liées au Covid qui l'avait mise à l'arrêt, Macao célèbre son retour au premier plan de l'industrie mondiale du jeu à la faveur...
Une fois levées les restrictions liées au Covid qui l'avait mise à l'arrêt, Macao célèbre son retour au premier plan de l'industrie mondiale du jeu à la faveur d'un retour massif des joueurs chinois.
Débutée dimanche, la "Semaine d'or", temps fort de l'année pendant lequel de nombreux Chinois enchaînent les jours fériés, tient ses promesses. Les chiffres officiels ne sont pas encore tombés mais les tables de baccarat et de poker affichent à nouveau complet, à l'instar de nombreux hôtels.
Des centaines de milliers de visiteurs sont attendus sur l'ensemble de la semaine dans le territoire, un contraste saisissant avec l'année précédente, où seuls 25.000 visiteurs quotidiens avaient été enregistrés.
Li Junkai n'a pas voulu laisser passer l'occasion. Son diplôme universitaire tout juste en poche, ce jeune homme de 24 ans est venu de la province du Hebei, près de Pékin, pour tenter sa chance.
"J'étais curieux de voir l'univers du jeu. Comme c'est légal à Macao, je suis venu ici pour essayer", confie-t-il devant The Londoner, un établissement de l'île artificielle de Cotai, entièrement consacrée au jeu.
Ancienne colonie portugaise rattachée à la Chine en 1999, Macao (680.000 habitants) conserve un statut spécifique qui lui permet de continuer à exploiter légalement des casinos - c'est le seul endroit de la sorte en Chine.
Capitale mondiale du jeu avec un chiffre d'affaires presque six fois supérieur à celui de Las Vegas en 2019, avec 36,5 milliards de dollars de produit brut des jeux, le territoire avait perdu son trône durant les trois années de restrictions anti-Covid.
Très gros joueurs non grata
Mais il a promptement retrouvé la première place en 2023.
"Je n'ai jamais douté que Macao recouvrerait sa couronne. Ce qui m'a surpris, c'est la vitesse à laquelle cela s'est fait", confie DS Kim, analyste chez J.P. Morgan.
Constat partagé par Aubrhey, barman dans un des nombreux hôtels cinq étoiles du territoire.
"Macao est de retour. Pas à son plus haut, mais on est bien mieux que pendant la pandémie", estime ce jeune homme de 32 ans.
Au deuxième trimestre, les six opérateurs de casinos du territoire, dont les licences ont été renouvelées pour dix ans en 2022, ont renoué avec 70% des bénéfices de la période pré-Covid.
Le nombre de visiteurs de la "Semaine d'or" devrait être de l'ordre de 84% du niveau d'avant la pandémie, soit mieux qu'initialement espéré, selon DS Kim.
Sur l'année, l'activité liée au grand public devrait approcher aussi des 85% de la situation pré-pandémie mais "75% du (secteur) VIP a disparu", note DS Kim. "Je ne pense pas que cela change prochainement."
Les restrictions mises en place par Pékin contre les très gros joueurs, qui misaient - et perdaient - de véritables fortunes, portent leurs fruits.
K-pop et restaurants
Elles ont été symbolisées par la condamnation en janvier à 18 ans de prison d'Alvin Chau, un magnat qui organisait des voyages clés-en-main pour joueurs fortunés, avec salles VIP et crédit quasi illimité pour pouvoir continuer à jouer.
Les autorités ont assorti la prolongation des licences l'année dernière à une diversification des investissements des opérateurs, afin de réduire la dépendance du territoire à l'industrie du jeu.
Les firmes du secteur ont depuis engagé 14,9 milliards de dollars dans la construction de parcs à thème ou d'exposition, de restaurants gastronomiques et de salles de spectacle.
En mai, le groupe de K-pop Blackpink s'est ainsi produit pour deux dates à guichets fermés dans la toute récente Galaxy Arena de Cotai (16.000 places).
Les opérateurs parviennent à attirer une nouvelle clientèle avec ce genre d'événement, en proposant notamment des forfaits incluant le vol et l'hébergement, relève un dirigeant du secteur qui s'interroge toutefois sur la viabilité de ce modèle.
"La K-pop peut certes attirer des gens. Mais c'est dans la salle du jeu que les bénéfices se font", note cette source, qui a requis l'anonymat.
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