L’Unicem Picardie à l’heure de l’économie circulaire
les 5e Rencontres de l’Union nationale des industries de carrière et matériaux de construction (Unicem) Picardie se sont déroulées fin octobre à l’Esiee d’Amiens. Au programme de cette journée qui a réuni plus d’une centaine de personnes (acteurs publics et privés) : "l’économie circulaire au service des collectivités", l’occasion pour l’Unicem Picardie de rappeler l’importance de ces bonnes pratiques, que ses adhérents appliquent au quotidien, et de proposer des pistes d’action.
L ’Unicem, qui compte dans la région 98 entreprises employant 1 775 salariés, réunit la quasitotalité des industries extractives de minéraux et les fabricants de matériaux de construction. En 1992, la fédération picarde a mis en place une charte volontaire de bonnes pratiques environnementales, c’est donc logiquement qu’elle prône l’économie circulaire et ses fondamentaux : proximité, prise en compte de l’environnement, retours à la matière… Une opportunité « qui permet à la filière minérale de mettre en avant les principes qu’elle met en application au quotidien », comme l’a expliqué lors de ces Rencontres le président de l’Unicem Picardie Michel Hirsch.
Et qui permettrait certainement de redresser le secteur du BTP en Picardie, qui accuse une baisse du nombre de logements débutés au cours des douze derniers mois (d’août 2013 à août 2014) de 22 % – contre 11,6 % au niveau national – et une diminution des emplois (intérimaires et salariés) de 16 % entre 2008 et 2013, soit 5 455 emplois de moins, les créations d’entreprises dans le secteur de la construction ayant elle baissé de 13,1 % (-7,3 % en France) dans la région en deux ans. « Depuis 1990, la production des carrières picardes a été divisée par deux, a ajouté Michel Hirsch. En 1990, nous produisions 14 millions de tonnes de matériaux, aujourd’hui nous n’en produisons plus que 7 millions de tonnes », ironie de la situation, cette production étant insuffisante pour répondre aux besoins annuels de la Picardie, les professionnels sont contraints de consommer 5 millions de tonnes de matériaux produits hors de la région, souvent à plus de 100 kilomètres…
inventer de nouveaux modèles
L’Unicem ne cède pas pour autant au catastrophisme et a établi des pistes d’action pour remédier à cette situation, la solution passera donc par l’économie circulaire, un nouveau modèle où tous, professionnels et décideurs publics, sont gagnants. C’est ce qu’a affirmé haut et fort Michel Hirsch : « Lorsque les ressources financières et naturelles se raréfient, nous nous devons de réfléchir à de nouveaux modèles de développement, on parle de circuits courts, d’écosystème industriel ou d’économie circulaire. » Il s’agit entre autres de relocaliser les activités, de développer l’éco-conception avec la « création de filières associées à une politique d’achat des collectivités qui donne la priorité aux entreprises locales. Le but est d’accompagner la transition écologique des territoires à travers la territorialisation de l’économie », a insisté le président de l’union régionale. Les collectivités territoriales, on l’aura compris, ont un rôle clé à jouer, en analysant leurs atouts et contraintes pour mettre en place un système cassant « les limites administratives et artificielles, y compris les frontières existantes », de l’avis de Michel Hirsch, un préalable nécessaire au choix à faire en matière de structuration, de maillage et d’aménagement territorial. Comme l’a soulevé de son côté la maire d’Amiens Brigitte Fouré : « Beaucoup d’efforts restent à faire et je soutiens le président de la Commission européenne Jean- Claude Juncker, tout comme Ségolène Royal, lorsqu’ils réclament un objectif contraignant de 30 % en efficacité énergétique à l’horizon 2030 dans le cadre du paquet Énergie-climat. »
Plan d’actions
L’Unicem est elle déjà armée pour se lancer dans cette économie, avec des produits offrant de nombreuses solutions pour répondre aux défis de la transition énergétique, comme les bétons bas carbone, auto-nettoyants ou dépolluants, pour ne citer qu’eux. Et en trente ans, la profession, en exploitant les gisements dans un « souci permanent d’économie de la ressource », a triplé la production de granulats recyclés. Les propositions émises lors de cette journée vont dans le même sens : la valorisation des déchets – en encourageant notamment le développement du recyclage, la lutte contre les installations sauvages et la densification du maillage du territoire en installations de tri-valorisation à proximité des zones urbaines -, la réduction de l’impact du transport en utilisant par exemple des matériaux transportés par voie fluviale, les granulats représentant 40 % des tonnages du trafic fluvial français [ndlr, un convoi fluvial représente 4 000 tonnes des granulats, soit l’équivalent de 140 poids lourds sur les routes, une réduction de 40 tonnes de Co2 par convoi…]. L’éco-conceptualisation a également été évoquée : « Il faut penser à l’après avant de commencer, a souligné Michel Hirsch. Or nous n’ouvrons pas une carrière sans apporter au départ la réponse de l’après-carrière. Nous essayons de up-cycler nos sites, ils accueillent davantage de biodiversité après l’extraction qu’avant. »
Dernier précepte de l’Unicem Picardie : être responsable de ses consommations, qui doit amener l’acheteur à déterminer son choix en prenant en compte les impacts environnementaux « à toutes les étapes du cycle de vie du produit », a insisté le président, qui a rappelé l’importance de reconnaître les mieux disant dans le cadre d’appels d’offre, s’adressant aux pouvoirs publics pour qu’ils « reconnaissent et encouragent les démarches volontaires de la part des entreprises ». Des pouvoirs publics qui ont visiblement entendu l’Unicem, à l’issue de ces Rencontres, la préfète de région Nicole Klein a annoncé l’installation en 2015 d’un Observatoire des matériaux et des déchets du BTP composé d’élus, maîtres d’œuvres , professionnels du BTP, producteurs de matériaux et de produits de recyclage… qui se réuniront tous les ans. Sa vocation : « Piloter la politique d’approvisionnement en matériaux des territoires picards et la politique de gestion des déchets du BTP en Picardie. »