Lorraine 2020 : le Medef tire à boulets rouges sur le plan r
Haro patronal sur le plan Lorraine 2020 du Conseil régional de Lorraine. Dans une lettre ouverte, adressée à Jean- Pierre Masseret, le président de l’exécutif régional, les quatre Medef départementaux épaulés par l’Union des industries chimiques (UIC) de l’Est et l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Lorraine critiquent fermement la feuille de route présentée en juin dernier pour l’avenir de la région. Une feuille de route qui voulait interpeller, cela semble chose faite du côté des troupes de Patrice Lombard, le président du Medef régional.
«En l’état actuel de sa rédaction, nous ne pouvons cautionner Lorraine 2020 car ce serait mettre à genoux notre économie lorraine et l’avenir de nos entreprises.» Salve nourrie et ciblée de la part du Medef Lorraine sous la plume de son président Patrice Lombard, à l’encontre du plan régional Lorraine 2020 de Jean-Pierre Masseret, le président de l’exécutif régional. Dans une lettre ouverte commune, datée du 31 octobre, les quatre Medef départementaux, l’Union des industries chimiques (UIC) de l’Est et l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Lorraine, tirent à boulets rouges sur quasiment l’ensemble des pistes présentées en juin dernier par Michel Dinet, le président du Conseil général de Meurthe-et- Moselle, délégué à la Stratégie au Conseil régional et chargé par Jean- Pierre Masseret de mener à bien cette concertation entre les différents acteurs (économiques, culturels et sociaux). Une concertation, entamée au premier semestre 2011 où les chefs d’entreprises et leurs représentants ont été invités à présenter leur point de vue. «Nous avons été sollicités et nos représentants ont participé aux ateliers préparatoires. Ils se sont exprimés, mais aussi ont écouté avec attention et entendu les propos des autres participants. En résumé, nous nous sommes pleinement investis dans la préparation de ce programme. Vous comprendrez leur étonnement et notre déception lorsqu’ils ont constaté que la rédaction du rapport était en maints endroits bien éloignée des propos échangés et des propositions faites», peut-on lire dans cette missive patronale.
Procès de l’entreprise classique
«L’avenir de la Lorraine est fondé sur des valeurs communes à toutes les actions proposées, l’efficacité économique, le développement social, l’exigence environnementale, l’engagement citoyen et la dynamique territoriale (…) Les Lorrains insistent sur un projet économique qui privilégie la solidarité des individus, un projet qui soit créateur d’activités utiles, innovantes, porteuses de sens, développant l’échange et le lien social, créateur d’emplois de qualité et non délocalisables», assure Michel Dinet dans la synthèse du rapport Lorraine 2020 Faisons la Lorraine ensemble. Des points de vue qui semblent bien loin des préoccupations du Medef régional. Dans ce rapport (dont les trois cahiers sont disponibles sur le portail www.lorraine.eu), Patrice Lombard assure «qu’est fait le procès de l’entreprise classique dans un amalgame qui ignore la diversité des comportements et de motivations de ceux qui créent et dirigent les composantes. (…) L’économie de marché et les mécanismes qui régulent les offres en réponse aux attentes et besoins exprimés des entreprises et des ménages sont accusés. Le rôle des banques et leurs mécanismes financiers sont a priori condamnés. Les entreprises sont clouées au pilori et cela n’est pas acceptable.» Les représentants patronaux enfoncent le clou en vilipendant un des axes phares du plan régional : l’économie sociale et solidaire (ESS). «L’ESS est présentée comme la solution d’avenir pour garantir l’économie de notre région, s’affranchissant des marchés et des finances. L’ESS est une forme de propriété et de gouvernance d’entreprises, à l’instar des autres, et nous comptons de belles entreprises de l’ESS en Lorraine, mais aussi légitimes qu’elles soient, ses prétendues valeurs ne sauraient être imposées à l’ensemble des entreprises. L’ESS a sa place dans l’économie française et en Lorraine, mais elle ne peut avoir sa place que si l’entreprise privée est forte et compétitive.» Le voeu de voir naître un jour une nouvelle forme d’économie semble plus que nécessaire aux yeux de l’exécutif régional et sa réponse à cette lettre ouverte ne devrait pas tarder…