Londres demande à Meta de ne pas déployer le chiffrage sans protections supplémentaires pour les enfants

La ministre britannique de l'Intérieur Suella Braverman a exhorté mercredi Meta à ne pas déployer le chiffrage de bout en bout sur deux de ses plateformes sans mesures de sécurité "solides" pour...

Un passant devant le siège de Meta à Menlo Park, en Californie, le 28 octobre 2021 © JUSTIN SULLIVAN
Un passant devant le siège de Meta à Menlo Park, en Californie, le 28 octobre 2021 © JUSTIN SULLIVAN

La ministre britannique de l'Intérieur Suella Braverman a exhorté mercredi Meta à ne pas déployer le chiffrage de bout en bout sur deux de ses plateformes sans mesures de sécurité "solides" pour protéger les enfants de toute exploitation sexuelle.

Cet appel intervient au moment où le Parlement britannique a adopté une nouvelle loi destinée à lutter contre les contenus néfastes en ligne, visant notamment à protéger les mineurs.

Dans un communiqué publié mercredi, le Home Office estime que l'annonce du groupe de mettre en oeuvre de manière imminente ce type de cryptage des communications sur Instagram et Facebook Messenger expose les enfants au risque d'être ciblés par des "prédateurs".

Actuellement, 800 d'entre eux sont arrêtés chaque mois au Royaume-Uni et jusqu'à 1.200 enfants échappent à des abus sexuels grâce à des renseignements fournis par les plateformes de réseaux sociaux, selon le ministère de l'Intérieur.

La mise en oeuvre des projets de Meta tels quels empêcherait les forces de l'ordre de détecter les abus sur les enfants comme ils le font actuellement, selon le Home Office.

Il cite une estimation de l'agence de lutte contre la criminalité, la NCA, selon laquelle respectivement 92% et 85% des signalements de messages sur Facebook Messenger et Instagram Direct seraient perdus, si bien que "des milliers de délinquants pourraient ne pas être détectés par an".

Ce cryptage ne doit pas se faire au détriment "de la sécurité de nos enfants", a souligné la ministre de l'Intérieur Suella Braverman.

Meta a rétorqué en mettant en avant les mesures "solides" développées ces cinq dernières années pour lutter contre les abus.

"Alors que nous déployons le chiffrement de bout en bout, nous prévoyons de continuer à effectuer plus de signalements aux forces de l'ordre que nos pairs en raison de notre travail en pointe dans le secteur pour assurer la sécurité des gens", a affirmé un porte-parole de Meta.

Le Parlement britannique a adopté mardi une loi vantée par le gouvernement comme faisant du Royaume-Uni l'endroit "le plus sûr au monde" d'où utiliser internet, en particulier pour les enfants.

Le texte, qui doit encore recevoir l'assentiment royal pour effectivement rentrer dans la loi, vise à accroître la responsabilité des réseaux sociaux sur le contenu qu'ils hébergent et les obliger à agir rapidement pour protéger les mineurs des contenus pornographiques, incitant à la haine, au harcèlement, au suicide.

Faute d'agir pour empêcher ou retirer les contenus illégaux, les plateformes de réseaux sociaux risquent des amendes pouvant aller jusqu'à 18 millions de livres sterling (20 millions d'euros) ou 10% de leur chiffre d'affaire mondial, soit potentiellement des milliards de livres.

Le texte prévoit également de mettre en oeuvre des mécanisme de vérification de l'âge des utilisateurs, ou encore de faire en sorte que parents et enfants aient accès à des moyens "clairs et accessibles" pour signaler les problèmes lorsqu'ils surviennent.

Le gouvernement britannique a cependant donné dans la loi des garanties aux plateformes de messageries instantanées, notamment WhatsApp, qui mettent déjà en oeuvre le chiffrement de bout en bout et s'inquiétaient d'un projet de loi qui pourrait les obliger à surveiller des messages cryptés pour y détecter des contenus malfaisants.

L'autorité de régulation du secteur des communications Ofcom ne pourra notamment demander aux messageries de se pencher sur les communications privées que "lorsqu'il sera techniquement possible (...) de détecter uniquement les contenus d'exploitation et d'abus sexuels sur des enfants", avait indiqué l'exécutif début septembre.

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