Livista Energy veut installer sa première raffinerie de lithium au Havre

L'entreprise franco-luxembourgeoise Livista Energy a retenu le Havre pour construire sa première raffinerie de lithium afin d'alimenter les cathodes des batteries électriques.

L'usine, qui devrait être construite en deux temps, devrait traiter 40 000 tonnes de lithium, soit 20% des besoins européens, pour atteindre une capacité finale de 80 000 tonnes. © Livista
L'usine, qui devrait être construite en deux temps, devrait traiter 40 000 tonnes de lithium, soit 20% des besoins européens, pour atteindre une capacité finale de 80 000 tonnes. © Livista

Le Havre plutôt que Wybelsumer, en Allemagne… C'est le choix géographique qu'a finalement fait l'entreprise franco-luxembourgeoise Livista Energy pour l'implantation de sa première raffinerie de lithium. Si le site allemand présentait de nombreux avantages stratégiques, la France a su séduire grâce à la fluidité et la rapidité des démarches administratives et aux soutiens financiers proposés. « En sept mois l'étude de faisabilité a été réalisée », illustre, à titre d'exemple, Jean-Marc Ichbia, chef de la direction de Livistia. «Le Havre est également très bien situé par rapport au bassin de production européen de voitures électriques, à laquelle notre lithium se destine », poursuit le responsable.

L'usine, qui doit être construite en deux temps, devrait traiter 40 000 tonnes de lithium, soit 20% des besoins européens, pour atteindre une capacité finale de 80 000 tonnes. « Nous serons en mesure d'alimenter l'usine avec du lithium extrait de la roche ou des salines, ainsi que du lithium recyclé », développe Jean-Marc Ichbia. «Notre objectif est d'atteindre, à l'horizon 2035, jusqu'à 50 % de matière première recyclée».

1 milliard d'euros d'investissement

Ce projet, qui représente un investissement de 600 millions d'euros pour la première phase et 400 millions d'euros pour la seconde phase, devrait créer 200 à 300 emplois directs. Livista Energy entend répondre à un enjeu de taille. Les besoins européens en lithium sont en augmentation avec le développement de la filière des voitures électriques équipées de batteries lithium-ion. Et, aujourd'hui, le lithium utilisé a majoritairement été raffiné en Chine.

« Nous serons en mesure de fournir les producteurs des cathodes utilisées dans les batteries NMC, plutôt destinées aux véhicules premium, aussi bien que les batteries LFP, destinées aux citadines », ajoute Jean-Marc Ichbia. Une polyvalence source de sécurité alors que la filière est en pleine construction. Pour diminuer son impact environnemental, la raffinerie sera compatible avec l'utilisation d'hydrogène qui sera produit par un site voisin. « Le coût de cette énergie est actuellement encore très élevé mais nous voulons être prêts à l'utiliser dès que cela nous sera possible », note le responsable.

Indépendance et compétitivité

Alors que les indicateurs de marché ne sont pas au beau fixe, l'entreprise préfère attendre avant de donner une date pour le lancement de la production. «Nous savons déjà qu'il nous faudra un an d'ingénierie et deux ans de construction », précise le directeur. Ce qui n'empêche pas Livista Energy de poursuivre sur sa lancée en se penchant de façon privilégiée sur le volet financements et la création de partenariats avec les fabricants de cathodes.

Pour atteindre ces objectifs, l'entreprise compte aussi la création d'une filière de recyclage qui serait en mesure de traiter un volume suffisant de batteries électriques. « Nous sommes une pièce de l'écosystème mais pas la seule », relève Jean-Marc Ichbia. « Nous avons vingt ans de retour sur la Chine et les Etats-Unis ». Le directeur soulève aussi la question de la compétitivité face à la Chine. « Compresser le coût du travail ou de l'énergie est impossible. Mais on pourrait imaginer des aides pour les entreprises qui répondent à la législation sur les matières premières critiques, celles qui font le choix du recyclage plutôt que de l'importation par exemple », glisse Jean-Marc Ichbia.

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont