Liquidation, SCOP ou reprise par un confrère ?

Trois mois après sa mise en redressement judiciaire, Calaire chimie, dont le site est à Calais, voit se profiler plusieurs solutions : la vente à un confrère comme Synthexim, la poursuite de l’activité en l’état afin. qu’une offre des salariés eux-mêmes soit formulée à travers une SCOP, ou une liquidation dans les prochaines semaines.

« Maîtres Virginie Quenez (au premier plan) et Philippe Brun à la sortie de l’audience du TC de Boulogne-sur-Mer le 22 août dernier »
« Maîtres Virginie Quenez (au premier plan) et Philippe Brun à la sortie de l’audience du TC de Boulogne-sur-Mer le 22 août dernier »
CAPresse 2013

Mes Virginie Quenez et Philippe Brun à la sortie de l’audience du TC de Boulogne-sur-Mer, le 22 août dernier.

 


 

 

C’est peut-être le tournant pour l’entreprise Calaire chimie. Le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer, le 22 août dernier, a pris une décision qui redonne un bol d’air à l’activité des 197 salariés. En octroyant un nouveau délai (jusqu’au 13 septembre prochain) avant de juger de l’avenir du site de Calais et en débloquant un peu plus de 6 millions d’euros pour financer l’activité, les juges consulaires ont redonné espoir : d’une part, ils sursoient leur décision d’accepter ou non l’offre de Synthexim, d’autre part, ils accordent aux salariés du temps pour préparer leur dossier de coopérative ouvrière. Devant le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer, ils étaient une centaine de salariés à s’être déplacés, sous les drapeaux de la CGT et de Force ouvrière. Conseillés par Me Philippe Brun (qui s’est illustré dans la défense des salariés de SeaFrance, toujours en cours), ils refusent l’offre de Synthexim (groupe Axyntis) de reprendre pour un prix symbolique l’entreprise et 73 salariés. Certes, le groupe s’engage également à recréer 46 emplois avant 2016 mais «ils veulent Calaire pour 5 euros», ironise Patrick Salingue, délégué CGT. Une autre piste de reprise s’est également ouverte avec le groupe M2I, basé en Aquitaine.

 

Quelle position des pouvoirs publics ? Vendue à l’investisseur allemand ICIG, Calaire chimie était propriété du groupe Tessenderlo jusqu’à la fin de l’an dernier, l’Etat étant aussi actionnaire. Le groupe accusait des pertes récurrentes dans l’exploitation du site de Calais : «la crise» plaidait la direction de l’époque. Le prix de la vente n’a jamais été dévoilé ; l’activité nouvelle qui devait suivre n’est pas arrivée. Pourtant, les informations ont commencé à filtrer : on apprend ainsi que l’Etat, actionnaire jusqu’en décembre 2012, a vendu ses parts sociales (soit 27%) pour près de 200 millions d’euros. Ce qui pourrait valoriser l’entreprise à 800 millions… Me Brun n’a pas manqué de questionner : «Que fait l’Etat de cet argent issu de la valorisation des salariés ?» Les salariés seront-ils soutenus par les collectivités ? Les réunions avec le Conseil régional et les élus locaux se sont enchaînées tout l’été ; d’autres sont prévues en cette rentrée. Qu’en attendre ? Les salariés de Calaire pourront interroger les ex-SeaFrance sur les 10 millions promis, pour leur projet de SCOP, par la Région et le million budgété par les élus du Calaisis en 2012 : jusqu’à ce jour, personne n’a décaissé… «L’objectif de la SCOP est de garder tous les salariés. D’un autre côté, nous cherchons à améliorer les offres de reprise existantes», résume Me Brun. «Cet été, pendant les trois semaines où les cadres étaient en congés, on a fait tourner l’usine normalement», lance un opérateur. La SCOP demeure donc envisageable. Les y aidera-t-on ?