L’Institut antistress

Fondé en septembre 2013, l’Institut Européen des Antioxydants a développé au sein de l’Université de Lorraine la technologie «PAOT». Unique au monde, cet outil permet de mesurer les effets du stress oxydatif sur l’organisme. Aide au diagnostic médical, mesure sur la peau en temps réel…Zoom sur les applications de cette innovation 100% lorraine.

Partenaires au travail comme à la ville, Smail Meziani, co-fondateur de l’IEA, et Messaouda Kaci, doctorante à l’Université de Lorraine.
Partenaires au travail comme à la ville, Smail Meziani, co-fondateur de l’IEA, et Messaouda Kaci, doctorante à l’Université de Lorraine.
Partenaires au travail comme à la ville, Smail Meziani, co-fondateur de l’IEA, et Messaouda Kaci, doctorante à l’Université de Lorraine.

Partenaires au travail comme à la ville, Smail Meziani, co-fondateur de l’IEA, et Messaouda Kaci, doctorante à l’Université de Lorraine.

Sollicité par VSD, Paris Match, le magazine 60 Millions de Consommateurs, démarché par des Suisses pour mesurer les effets d’une technique de coma artificiel censée faire récupérer les sportifs plus rapidement… C’est l’été de la célébrité pour l’Institut Européen des Antioxydants. Fondé par le Dr Smail Meziani et le professeur Stéphane Desobry en septembre 2013, ce laboratoire indépendant hébergé au cœur de l’université de Lorraine mobilise une douzaine de personnes sur le Technopôle de Brabois. Sa raison d’être : l’étude du stress oxydatif. Il a développé la technologie PAOT, un procédé unique au monde reposant sur une base de données de 4 000 molécules antioxydantes : un capteur mesure dans l’organisme le niveau de stress oxydatif, responsable du vieillissement prématuré ainsi que du développement grandissant de certaines pathologies.

Rouille
«Les premières causes de décès sont les maladies dégénératives : cancer, Alzheimer, Parkinson… Selon l’OMS 30 millions de personnes dans le monde en sont mortes en 2011. En 2015, ce sera 84 millions. Ensuite viennent les maladies cardiovasculaires», indique le chercheur. Le point commun de ces pathologies ? Le stress oxydatif. «Il est différent du stress émotionnel. C’est un état physiologique. Dans notre organisme, il y a naturellement un équilibre entre les alliés de notre système immunitaire, les antioxydants, et ses ennemis : les radicaux libres, des molécules instables qui volent un électron aux molécules voisines pour se stabiliser, les rendant instables à leur tour. On en développe naturellement, mais il ne faut pas qu’il y en ait trop. Sinon, une oxydation se produit, un peu comme la rouille sur le fer ou la pourriture sur les fruits trop mûrs.» Le hic : notre mode de vie favorise la production par l’organisme de radicaux libres. Pollution, alcool, tabac, pesticides, médicaments, ainsi que les radiations : bronzer au soleil, ou même passer une simple radio ! «On a tendance à l’oublier car c’est courant, mais un examen radiologique constitue une agression pour l’organisme», rappelle Smail Meziani. La solution : les antioxydants. La meilleure source : l’alimentation. La palme des aliments antioxydants va aux végétaux. Mais attention : «5 portions de fruits et légumes par jour ne suffisent pas, à cause des pesticides.» Et parfois ça se complique : «passé une certaine dose, les antioxydants peuvent devenir à leur tour des radicaux libres !» Chaque organisme réagissant différemment, difficile parfois de s’y retrouver…

Technologie PAOT
C’est là l’enjeu de la PAOT Technology (pour Pouvoir Antioxydant Total) développée par l’Institut Européen des Antioxydants (IEA) : avec un simple capteur placé sur des tissus biologiques (peau ou végétaux) on peut mesurer en continu le niveau de stress oxydatif de l’organisme en question. «Il n’existe aucune autre méthode aussi directe dans le monde», assure Smail Meziani. Le système peut aussi analyser les liquides biologiques. À partir de septembre, l’IEA lancera à la maternité de Nancy un protocole d’analyse destiné aux couples qui peinent à procréer. «Nous voulons rédiger un protocole pour démontrer le lien entre pathologie et niveau de stress oxydatif.» La PAOT Technology est aussi un outil d’aide au diagnostic qui permettrait de mieux repérer les pathologies et d’adapter les traitements car il arrive que certains traitements soignent une pathologie mais en favorisent une autre. L’IEA vise d’ailleurs à commercialiser cette technologie auprès des médecins et des laboratoires. Autres publics visés : les industries agroalimentaire et pharmaceutique, la cosmétique ou la nutraceutique. un label PAOT garantissant le réel pouvoir antioxydant des médicaments, cosmétiques ou compléments alimentaires vendus comme tels a aussi été développé. Si l’IEA envisage dans un premier temps de mettre la technologie PAOT à disposition des laboratoires et des médecins via un dispositif fabriqué en Lorraine -Smail Meziani insiste sur ce point, même si d’autres régions comme le Centre font les yeux doux à l’IEA…-, le chercheur avoue avoir une ambition supplémentaire : «commencer en 2015 la production d’un bracelet destiné aux particuliers qui mesurerait en continu le niveau de stress oxydatif de chacun». «Quantify self», nous voilà !