L'industrie cultive une image plus moderne
L'UIMM renouvelle sa communication métier. Face à la désaffection des jeunes envers ce secteur d'activité, l'organisation patronale Littoral 62 accueille la caravane du Propulsion Tour à Berck-sur-Mer et Boulogne-sur-Mer, les 16, 17 et 18 novembre. Rencontre avec ses dirigeants.
“Bravo l’industrie”, 25 ans après le premier lancement de l’opération, cède désormais la place au “Propulsion Tour“… L’UIMM a en effet décidé de donner un coup de jeune à sa communication sur les métiers de l’industrie et de la métallurgie. Ou plus exactement des “industries technologiques”, “des mots qui parlent plus aux jeunes“, selon André Ducrocq, fondateur de l’entreprise éponyme et président de l’UIMM Littoral 62. “Même si l’industrie ne génère plus autant d’emplois qu’auparavant, il faut savoir qu’elle en engendre quatre à cinq indirectement dans les services“, explique t-il encore.
“Nous travaillons sur l’image de l’industrie, encore méconnue des jeunes et des prescripteurs de formation comme les enseignants“, appuie Patrick Gheerardyn, secrétaire général de l’UIMM 62. Pour ce faire, un bus est allé à la rencontre des collégiens et des lycéens lors de la Semaine de l’industrie, qui se tenait du 16 au 20 novembre. En back office, un nouveau site internet www.les-industries-technologiques.fr reçoit 130 000 visites mensuelles. Ce dynamisme cache cependant une inquiétude réelle : l’industrie n’est pas seulement menacée par la concurrence étrangère. L’une des conséquences de la guerre des prix sur les marchés réside aussi dans l’abandon pur et simple de cette voie professionnelle par les nouvelles générations. “On ne s’alignera pas sur les prix, c’est tout simplement impossible en France, tranche André Ducrocq. En revanche, on doit monter en valeur sur des produits complexes, même si un brevet prend cinq ans.” L’école d’ingénieurs de l’ULCO est justement faite pour ça.
Un avenir à reconstruire dès la base. L’enjeu, c’est la survie : le manque de candidats sur les métiers en tension est criant. “On manque cruellement de chaudronniers, d’usineurs, d’ingénieurs chargés d’affaires en industrie“, clame Virginiez Tredez, cadre au Medef. Le temps lui-même joue défavorablement contre le secteur : “il faut cinq ans pour former quelqu’un dans l’industrie comme un soudeur ou un chaudronnier” souligne à ce propos André Ducrocq. “Aussi, les entreprises forment-elles de plus en plus en amont : on sensibilise auprès des établissements scolaires, on relève les besoins de ressources humaines dans les entreprises et on met en place des formations adéquates. L’UIMM, via les OPCA, finance directement des formations dans l’industrie“, explique Patrick Gheerardyn. L’an dernier, une vingtaine de personnes ont ainsi pu bénéficier d’une formation à l’usinage sur le territoire. Appréciable selon l’UIMM, qui souligne un taux de réussite élevé dans l’insertion professionnelle et qu'”un ouvrier qualifié gagnera en moyenne 1 500 euros brut mensuel à ses débuts ; un technicien, 1 700 euros brut mensuel ; un agent de maîtrise, 31 000 euros la première année“… Des métiers qui ne sont pas sous-rémunérés…
Si la France ne manque pas de bras, elle voit toutefois son savoir-faire de plus en plus difficilement transmis. Le risque, c’est la perte de toute souveraineté économique. Dans la région Nord-Pas-de-Calais, les besoins RH dans l’industrie se chiffrent à 6 000. Et avec cinq emplois indirectement induits, le gain serait de 36 000 embauches.
Morgan RAILANE