L'IA au-delà de la science-fiction
La sixième édition de l'Université des entrepreneurs des Hauts-de-France, établie cette année sur les défis que représente l'intelligence artificielle s'est achevée le 4 juillet par un procès fictif à la nouvelle technologie. L'occasion d'évaluer les opportunités et les risques pour les entreprises qui souhaitent incorporer l'IA dans leurs process.
Pour clôturer l’Université des entrepreneurs des Hauts-de-France, le Medef a invité le magazine trimestriel français Usbek & Rica à organiser un faux procès contre l’intelligence artificielle. Le média a imaginé le concept d’un tribunal pour les générations futures, qui s’attaque à des thématiques sociétales, économiques ou encore technologiques. Avec un jury choisi dans la salle et quatre «experts» amenés à la barre, l’ordre du jour était la supposée imposture de l’IA. Si le jury s’est prononcé pour la légitimité de la nouvelle technologie, il a toutefois relevé quelques nuances. Frédéric Motte ancien président du Medef Hauts-de-France en a profité pour présenter la Cité de l’IA, lancée en avril. Le hub devrait rassembler, lors de conférences, des acteurs des milieux scientifiques et académiques, ainsi que des membres des secteurs publics et privés, autour des problématiques liées à l’IA.
Science-fiction et application
Si les nouvelles technologies attisent l’imagination de chacun, leur application dans la vie réelle est bien plus sobre. Pour les entreprises, elles permettent surtout d’automatiser des tâches simples, dans la gestion de stockage par exemple. Kiabi, enseigne nordiste de prêt-à-porter, croit en l’utilisation de la data pour se développer. Le distributeur (450 magasins dans le monde) a constitué une équipe de 30 personnes (composée de prestataires et de personnes recrutées en interne) dédiée à la science du data. «Nous utilisons de la reconnaissance d’image pour détecter les tendances, de la data pour évaluer le niveau de stock», explique Elisabeth Zehnder, IT business manager data chez Kiabi, auditionnée durant la séance. La start-up parisienne Whoz, créée en 2016 par 21 cofondateurs, a quant à elle fait de l’IA son credo. Elle propose une solution qui permet de révéler les compétences des salariés d’une entreprise et de les référencer. «On montre les tendances des compétences recherchées», explique Jean-Philippe Couturier, cofondateur de Whoz. Une méthode qui encourage la mobilité dans les grands groupes notamment.
Les métiers se transforment
«On va assister à une transformation radicale des emplois, il faudra permettre aux gens de se former», énonce Charline Zeitoun, journaliste scientifique au CNRS. Les difficultés de recrutement sont déjà présentes : «Il nous manque des compétences en région», concède Elisabeth Zehnder. Pour Edouard Mathieu, data scientist chez Neoxia, spécialisé dans le conseil aux entreprises en matière de transformation numérique, certaines entreprises ont tendance à en attendre trop ou, à l’inverse, à avoir une approche sceptique vis-à-vis de l’IA. Beaucoup de structures font appel à des sociétés spécialisées. «Le marché est riche, on est vigilant à ce que les solutions présentées soient compatibles avec nos besoins et on vérifie leur solidité», expose Elisabeth Zehnder.