L'excellence : une histoire d'exigence et d'intelligence
Lors d'une conférence-débat autour du thème de l’excellence, le Café RH Littoral a rassemblé en soirée plus d’une centaine de personnes venues écouter Luc Doublet, chef d’entreprise et trésorier de la CCI Grand-Lille, et le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus.
Le grand salon de l’antenne dunkerquoise de la CCI Côte d’Opale a accueilli lors de la soirée du 26 octobre une conférence-débat sur l’excellence. Luc Doublet et Jean-Claude Casadesus, invités, ont mis en exergue leur activité respective en filant la même métaphore. Ainsi, l’Orchestre national de Lille est “une PME“, avec 126 personnes dont 100 musiciens et 12 millions d’euros de budget (20% provenant des recettes et du mécénat). Chez Luc Doublet, les propos avaient pour ambition de prendre à rebrousse-poil certains clichés. Ainsi, sur la jeunesse : «Moi je dis qu’un jeune, moins il a d’expérience, plus il m’intéresse. Il pense autrement. Donc il va nous frayer une voie différente.» Sur l’organisation de l’entreprise : «Mon entreprise est ‘planarchique’ : il n’y a pas de hiérarchie. La gestion est plate. Elle se fait dans le dialogue nécessaire et relatif à la compétence de chacun. Quand certains veulent se réunir formellement pour s’engueuler, ils vont dans une pièce centrale en verre transparent… Ça ne dure jamais longtemps.» Devant l’orchestre, Jean-Claude Casadesus ressent parfois une certaine défiance de la part de ses musiciens : «C’est normal, je dois les convaincre que je peux faire respecter l’œuvre et la faire jouer différemment.» Mais, avant tout, pour convaincre il faut faire preuve d’excellence.
Le chef, “c’est Gepetto“… «L’excellence, c’est l’exigence de soi. Ce n’est pas l’expérience ou la compétence. C’est faire en sorte d’être meilleur le lendemain par rapport à la veille», selon le chef d’orchestre. Pas question non plus, pour lui, de jouer l’inspiré parce qu’évoluant dans le monde de l’art : «Le travail précède la transcendance. Ne croyez pas que l’inspiration constitue l’essentiel de l’art… Il ne faut pas croire qu’on entend ce qu’on voudrait entendre, sourit-il. L’un des outils pour l’excellence réside dans l’anticipation, c’est ce qui compte le plus.» Mais un chef, c’est quoi au juste ? «C’est Gepetto. On donne un tempo, des couleurs, une intuition, une analyse et une liberté aussi.» Plus tard, Luc Doublet répond à la question incontournable sur les différences et les points communs entre le chef d’orchestre et le dirigeant. «Un orchestre se dirige, une entreprise se manage. D’un côté, il y a une voie, une partition. De l’autre il faut balayer entre les interstices.» Et la rencontre des deux ? «A la fin, ça doit marcher, s’esclaffe-t-il. Mais dans l’entreprise, un ratage n’empêche pas la réussite.»
«Le beau n’est pas universel». Au-delà des formules et des anecdotes sur le management de leurs équipes respectives, les deux hommes partagent des idées fortes. «Le beau n’est pas universel. Cela dépend du rapport de chacun à l’esthétique», philosophe Luc Doublet. Quid de la valeur marchande d’une œuvre ? «Il ne faut jamais juger la création. J’ai des toiles qui ne plaisent qu’à moi et qui ne valent rien.» Les deux invités ont ainsi devisé sur nombre de sujets, répondant aux interrogations parfois anxieuses des chefs d’entreprise présents dans la salle. Et ils sont repartis, poursuivant la discussion en off…