«Lévy» est belle !
Avoir des parents artistes aurait pu être un frein pour elle, pourtant Stéphanie Lévy a choisi d’en faire sa force. Artiste décoratrice installée à Roville-devant-Bayon, elle multiplie les supports pour voir la vie en multicolore tout en suivant son étoile afin d’atteindre l’impossible rêve.
Avec Stéphanie Lévy, tout commence souvent dans un grand éclat de rire. Que le ciel soit bleu ou gris, cela n’entache jamais sa bonne humeur. À croire qu’elle est née comme cela… Elle a surtout eu la chance de naître dans une famille d’artistes où tout se compte en tubes de gouache, en mines de crayons et nombre de toiles. C’est à se demander si elle ne savait pas dessiner avant de savoir marcher ! «Depuis que je suis toute petite, je veux deux choses : dessiner et avoir des chevaux» raconte-t-elle. «J’ai très vite pris des cours de dessin » ajoute-t-elle. Le reste viendra plus tard… En attendant, en lui apprenant l’art de manier le crayon, ses parents ignorent qu’ils vont prématurément mettre un terme à ses ambitions scolaires. «Je n’ai jamais rien fait à l’école. J’ai tout de suite su que cela ne servait à rien d’apprendre car je voulais juste dessiner !» explique Stéphanie. Ses parents, à court d’arguments, finissent par la menacer de l’inscrire en BEP comptabilité pour la pousser à passer son bac, dans la douleur et surtout sans grand enthousiasme.
Des arts graphiques aux Beaux-Arts
Son bac en poche, Stéphanie Lévy file à Paris réaliser une première partie de ses rêves. Elle passe un diplôme d’arts graphiques avant de revenir en Lorraine s’inscrire aux Beaux-Arts d’Épinal. Mais le tempérament de feu de la jeune femme a bien du mal à se fondre dans le moule de l’apprentissage. «Au bout d’un an, j’étais dehors» raconte-t-elle, en riant. Elle poursuit sa formation «sur le tas», auprès d’architectes, de décorateurs de magasins et d’agenceurs.
La gloire de son père
Mais alors que les contrats s’enchaînent pour elle et que la vie est belle, Stéphanie Lévy perd son père, son modèle, celui qu’elle continue encore à idéaliser aujourd’hui. Les mois suivants sont terribles. Stéphanie remet en question tout ce qui l’entoure. «C’est à ce moment-là que j’ai décidé de travailler pour moi, de me lancer, alors que mon père ne cessait de me le dire» se souvient-elle. Dans la foulée, elle achète sa maison à Roville-devant-Bayon, un ancien magasin, où tout est à faire mais où elle voit surtout la possibilité d’y installer son atelier et surtout les chevaux dont elle rêve tant. Tout en s’attaquant aux travaux, elle continue à collaborer avec des professionnels et à développer son activité chez les particuliers. Petit à petit, elle se fait un nom «en solo». Alors que la plupart des projets sont désormais réalisés en 3D, elle travaille encore à l’ancienne, avec ses crayons et sa table à dessin. Elle laisse notamment sa patte dans des pizzerias, chez des boulangers, Stef place Saint-Epvre, Hulot place Charles 3 et surtout chez Gaye, place de la Commanderie à Nancy où le hasard veut que la boulangerie a déjà été refaite quelques années plus tôt par son père.
Des chevaux et des hommes
Aujourd’hui, pour rien au monde, elle quitterait sa maison de Roville. Sa «maison du bonheur» prend souvent des allures d’arche de Noé. Outre ses chevaux islandais, Stéphanie recueille également les «sans famille» du quartier. Entre deux adoptions, elle continue bien sûr à peindre, essentiellement, ses chevaux. À bientôt cinquante ans, elle a accompli ses rêves. Mais, dans un grand éclat de rire, elle reconnaît attendre encore le… Prince charmant.