Les vins affichent leurs faibles taux de sulfites
Le saône-et-loirien Richard Louvenaz a inventé une certification à destination des vins présentant des taux de sulfites réduits.
C’est un petit macaron, de couleur or, agent, bronze ou vert, apposé sur les bouteilles de vin pour informer les consommateurs sur des taux de sulfites restreints. Inventé par le Saône-et-loirien Richard Louvenaz en 2018, le pictogramme s’est déjà retrouvé sur plus de 2,15 millions de bouteilles. L’idée séduit les consommateurs, mais également le concours Lépine qui lui a discerné la médaille AIFF (association des inventeurs et fabricants français) en octobre dernier.
Allergies
Ancien vigneron, Richard Louvenaz se lance dans le négoce de vins avec sa société Noepierre vins et conseils en 2012. « Les consommateurs me parlaient de leurs allergies aux sulfites, c’est ainsi que l’idée de mettre en place cet indicateur est née. » Le principe, protégé par un brevet, est simple. Le producteur réalise l’analyse Cofrac d’une bouteille pour un lot et un millésime et transmet sa demande. « C’est le seul système, à ma connaissance, qui permet de certifier nos dires. Sinon les clients doivent nous croire sur parole » note Laetitia Lachérade, vigneronne indépendante sur le Domaine des Bourrats, dans l’Allier et utilisatrice depuis 2021.
Il existe quatre niveaux de certification en fonction de la quantité de sulfites par rapport aux maximaux (entre 150 et 400 mg par litre selon les vins) : l’or (- de 75 %), l’argent (-50 %), le bronze (-30 %). Enfin, la catégorie « Blanc 0 », est attribuée en cas d’absence d’ajout de sulfites (la quantité contenue, issus des levures, doit être inférieure à 10 mg/L). Le coût pour être certifié par cette méthode se divise ainsi : une licence annuelle de 120 euros HT auquel s’ajoute 0,035 euro par autocollant ou 0,03 euro par pictogramme incorporé directement sur l’étiquette.
Lutte raisonnée
L’initiative répond à un questionnement des consommateurs. « Depuis trois ans, c’est un sujet qui revient de plus en plus, lié pour certains, à de véritables problèmes de santé. Mais un tiers de ceux qui l’évoquent sont un peu perdus » remarque Laetitia Lachérade qui travaille principalement en vente directe. Les retours des producteurs font apparaître des ventes boostées entre 17 % pour un Bordeaux AOC et 105 % pour un Mâcon-Serrières.
« Ce qui est intéressant, c’est que la quantité de sulfite dépend de la qualité de la récolte. Si le raisin est sain, on a moins besoin d’en incorporer » souligne Richard Louvenaz. Mais l’entrepreneur tient à préciser : « Ce sont des composants nécessaires, n’oublions pas que ce sont notamment des antibactériens ! Un vin nature, sans ajout, se boira bien dans les trois mois, s’il est conservé dans de bonnes conditions. Ensuite, ses qualités organoleptiques se dégradent. »
Richard Louvenaz note encore : « Des producteurs découragés par les contraintes de l’agriculture biologique, ont préféré opter pour ma certification qui leur semblait bien refléter leur travail en termes de lutte raisonnée ». Certains vignerons restent méfiants face à cette démarche, « mais depuis que j’ai obtenu la médaille Lépine, j’ai le sentiment d’être plus écouté ». Un changement de mentalité qui semble urgent. « Des bruits de couloir récurrents courent selon lesquels l’Union européenne pourrait imposer d’indiquer le taux de sulfite sur les étiquettes. Si mon système est largement utilisé, cela pourrait être un argument pour repousser cette proposition… »
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont