Les Top Gun de la chirurgie robotique
Adapter les techniques militaires de formation des pilotes de chasse de l’armée de l’air à l’univers de la chirurgie robotique et par extension à la gestion d’équipes de blocs opératoires. Cela concerne aussi tous types d’équipes de tous secteurs d’activité ou presque. C’est ce que proposent des anciens formateurs de l’armée de l’air au sein de la start-up nancéienne Stan (Surgical télémanipulation advanced notechs) Institute suivie par l’Incubateur Lorrain. Vol de reconnaissance à l’occasion d’une session de formation pour l’obtention du DIU (Diplôme inter-universitaire) en chirurgie robotique dispensée sur une plateforme spécifique à la faculté de médecine de Vandœuvre.
Le geste est précis, méticuleux, chirurgical ! Sur l’écran de contrôle, l’organe humain fictif reconstitué est pris en charge par des mains plus ou moins expertes. Cela coupe, suture, dissèque, le tout dans un climat de concentration extrême. Bienvenue au cœur de la formation de Stan Institute à la fin de l’année dernière dans des locaux adaptés de la faculté de médecine de Vandoeuvre. Saoudiens, Chinois, Indiens, Italiens, Suisses, Belges ou encore Algériens, Tunisiens et quelques Français, des chirurgiens renommés dans leurs pays suivent cette formation atypique basée sur le team training de l’armée de l’air en vue d’obtenir un DIU en chirurgie robotique. Chirurgie et aéronautique, deux mondes apparemment différents «mais qui exigent précision, concentration et reposent sur une formation d’excellence», assure Jean-Pierre Henry, ancien capitaine de l’armée de l’air de la base d’Ochey et aujourd’hui l’un des pilotes de Stan Institute. Créée en mars dernier et suivie par l’Incubateur Lorrain, la start-up nancéienne adapte les techniques de formation de l’aéronautique de défense, les missions MOST (Missions Oriented Simulation Training), à l’univers de la maîtrise des robots chirurgicaux. «C’est le professeur Jacques Hubert, chirurgien urologue, précurseur à Nancy de ce type de formation dispensée pour l’obtention du DIU en chirurgie robotique, qui s’est rapproché de la base d’Ochey pour se rendre compte comment nos équipes et nos simulateurs fonctionnaient», explique Alexandre Thouroude, autre copilote de Stan Institute et ancien formateur de l’armée de l’air.
Compétences optimisées
«Nous possédions déjà des simulateurs mais rien à voir avec ce que pouvez nous apporter les pratiques militaires. J’ai voulu voir si l’on pouvait adapter les techniques utilisées par l’armée pour notre formation en chirurgie robotique», confirme Jacques Hubert qui a lancé cette formation en 2008. Ses équipes et les experts de Stan Institute (à Jean- Pierre Henry et Alexandre Thouroude il faut ajouter Marjorie Mazeau également ancienne formatrice à Ochey et Erwan De Penfentenyo un ancien des forces spéciales) créent des sessions spécifiques déclinées des fameuses missions MOST. «Elles sont adaptées aux spécificités de la chirurgie robotique et aujourd’hui les équipes de blocs opératoires ont ainsi à disposition un outil leur permettant d’optimiser leurs compétences individuelles et collectives.» 20 heures de formation alliant atelier sur simulateur de vol de chasseur F15 en passant par des mises en pratique de maîtrise de la technicité des robots chirurgicaux, cette formation de team training n’est plus uniquement réservée à l’univers de la médecine. «Le robot chirurgical n’est alors qu’un alibi pour se former à un management d’équipe. Des managers de la grande distribution sont passés par cette formation.» L’univers de la chirurgie robotique demeure la première cible de la start-up nancéienne car c’est là que le besoin en formation se fait le plus ressentir. «Aujourd’hui, les chirurgiens peuvent librement opérer avec des outils technologiques sans aucune obligation légale de formation technique spécifique. Seul leur professionnalisme est garant du niveau de sécurité dans l’utilisation de ces outils. La nécessité de suivre des formations adaptées se fait de plus en plus sentir.» C’est certain…