Les TIC bouleversent le secteur de la santé

L’ARI Picardie, en collaboration avec Cap’Tronic a organisé une rencontre santé connectée afin d’évoquer les opportunités encourageantes de ces nouvelles pratiques médicales.

Les docteurs Simon, Monteil et Lucas en pleine explication.
Les docteurs Simon, Monteil et Lucas en pleine explication.
Les docteurs Simon, Monteil et Lucas en pleine explication.

Les docteurs Simon, Monteil et Lucas en pleine explication.

Le centre d’innovation de l’UTC de Compiègne a accueilli des personnalités du monde médical qui chacune à leur tour ont donné leur avis sur la e-technologie, devenant un processus incontournable, car il donne accès à la vie réelle du patient. « Connaître sa glycémie grâce à son smartphone, mieux connaître sa maladie, prendre son rythme cardiaque, tout cela stocké sur le téléphone ou une tablette, cela donnera une notion de temporalité et non d’immédiateté ». C’est ainsi que le docteur Cécile Monteil a commencé la réunion. Elle a poursuivi en développant d’autres sujets, comme la télémédecine qui se pratique à distance avec un professionnel de santé, la cabine de téléconsultation, installée par exemple dans une maison de santé, et qui permet de faire de la télé expertise avec un spécialiste ; la télésurveillance qui permet de voir son patient à distance, et aussi la téléassistance avec le patient qui est à son domicile, et aussi en milieu carcéral. Il existe des capteurs qui font l’analyse du “soi”, poids, fréquence cardiaque, temps de sommeil, et qui la transcrivent au bon moment. Google, Amazone, Facebook et Apple ont développé avec des hôpitaux des applications. Les bénéfices de la santé connectée, c’est un meilleur accès aux soins dans les déserts médicaux et l’amélioration de la prise en charge. Cela ne réduit en aucun cas la relation entre le patient et son médecin. Cela affermit les connaissances médicales et engendre des économies de santé.

Des limites

Quid de la confidentialité de la sécurité des informations ? La fiabilité du capteur est primordiale ; les scientifiques doivent le valider et bien sûr que les patents concernés soient d’accord avec ce système de suivi électronique. La transparence des flux est indispensable. Les autorités de santé n’approuvent pas toutes ces nouvelles méthodes. C’est un moyen et non une fin ; la médecine doit rester humaniste. Le docteur Pierre Simon, président de la société française de télémédecine, a expliqué : « La télémédecine, en France, n’est pas pour l’instant reconnue dans le droit de la santé. Elle doit de toute façon garder la tradition de la médecine clinique au service de l’homme. Le médecin aura les données de son patient. L’objet connecté doit fournir des données efficaces et vérifiées : le capteur ne peut faillir. Imaginons une erreur dans le traitement d’un diabétique ! Il faudrait une labellisation. Quant à la téléconsultation, elle viendra en appui d’une visite chez un spécialiste. »

Des économies possibles

Le docteur Jacques Lucas, vice-président du conseil national de l’ordre des médecins, a quant à lui évoqué des questions d’éthique. « Les données fournies ne doivent pas déboucher sur de la discrimination, avec cette surveillance permanente. Par exemple, un malade qui a des apnées du sommeil, et dont l’appareil a été payé par la collectivité, prend-il ses médicaments ? Et il y a beaucoup d’autres domaines et sous-domaines. Comment intégrer ces objets connectés dans la télémédecine ? La moyenne d’âge des médecins est en 2015 de 52 ans. Ils craignent un peu ces nouvelles technologies, bien qu’ils trouvent intéressante la téléconsultation. En France depuis 2010, la télémédecine est réglementée et impose une contractualisation avec les ARS. » Le volume mondial des applications mobiles santé est passé de 6 000 en 2010 à 100 000 en 2013. Apple sort 500 nouvelles applications chaque mois. Les objets connectés peuvent apporter beaucoup aux personnes maintenues à domicile. Mais jusqu’où peut-on aller dans l’intrusivité du patient ? C’est un marché économique considérable qui peut permettre de faire des économies de santé. Christian Huart, responsable des systèmes d’information en santé à l’ARS Picardie a donné son avis sur ces nouvelles pratiques : « Le bassin de vie de la Picardie comporte beaucoup de précarité. Nous devons améliorer la prise en charge, repenser le parcours de soins et s’attacher à la prévention sanitaire, à la prise en charge de l’addiction. Le programme régional de télémédecine évite les déplacements lointains. Notre région a été sélectionnée pour deux grands projets nationaux : l’expérimentation du paiement des actes de télémédecine et les activités de veille et gestion des signaux sanitaires. »

Une nombreuse assistance a assisté aux débats dont une vingtaine d’entreprises comme Sanofi, présente à Compiègne : « Notre société développe des médicaments. Nous faisons partie des acteurs majeurs dans les médicaments pour les diabétiques. Notre but est d’optimiser et d’individualiser les thérapies des patients. » L’UTC est partie prenante en travaillant avec des entreprises développant des applications dans le domaine de la santé connectée.