Emploi
Somme : les structures de l’insertion peinent à recruter des encadrants techniques
Elles sont reconnues comme des acteurs incontournables sur les territoires pour lutter contre le chômage de longue durée, faciliter l’accès au marché du travail mais aussi comme partenaires des entreprises... Et pourtant, les structures de l’insertion rencontrent de plus en plus de difficultés dans le recrutement de leur encadrement.
« Notre objectif est l’insertion par et pour le travail, pour cela nous œuvrons dans des secteurs aussi variés que la restauration, la mécanique, les espaces verts, la couture… mais nous nous intéressons aussi à de nouvelles filières comme la réparation de vélos électriques, la logistique, l’upcycling… », détaille Sabine Verhaegen, directrice d’Ozange.net et co-fondatrice du club IAE samarien. Pour assurer leur mission, les acteurs de l’Insertion par l’activité économique (IAE) s’appuient sur une organisation particulière.
En plus des Conseillers en insertion professionnelles (CIP) - qui vont suivre les salariés sur des problématiques liées au logement, à l’administratif, à la santé - les structures s’appuient sur des encadrants techniques d’insertion qui vont à la fois être aux côtés des personnes accompagnées dans leurs missions professionnelles tout en faisant le lien avec le client final.
Encadrant technique : un poste clé
« Les encadrants techniques sont les couteaux suisses de nos structures, ce sont des ressources clés sans qui nous ne pouvons pas tourner. Ils doivent faire preuve de polyvalence, gérer les stocks, faire respecter les délais, les consignes de sécurité sur les chantiers, avoir une réelle compétence métier tout en faisant preuve d’une grande pédagogie », résume Sabine Verhaegen. Des profils atypiques qui se font rares tandis que les besoins de l’IAE ne cessent de croître.
« Chaque acteur de l’IAE a un fonctionnement propre, nous cherchons toujours un peu le mouton à cinq pattes. Aujourd’hui il est rare de trouver un candidat qui regroupe toutes les compétences, mais nous voyons aussi arriver des salariés en quête de sens qui souhaitent aller au-delà de leurs compétences techniques », souligne Charles Daune d’Amiens Avenir Jeunes. Si tous saluent la bonne volonté de ces professionnels en reconversion, ils mettent cependant en garde ces nouveaux venus contre une vision idéalisée de l’insertion et la nécessité de suivre une formation adaptée. « Même si les encadrants travaillent en lien avec les conseillers en insertion, il y a un vrai besoin d’apprentissage du management et de la gestion humaine », poursuit Charles Daune.
Valorisation des métiers
Autre spécificité de l’insertion, la gestion des effectifs qui évoluent constamment. « Les parcours chez nous durent en principe entre 18 et 24 mois. Contrairement à une entreprise classique vous ne pouvez pas compter sur une équipe aguerrie en permanence. Il faut savoir repartir de zéro régulièrement, cela peut être usant », pointe Sabine Verhaegen qui évoque également un possible problème de manque de reconnaissance des encadrants.
« L’attractivité passe aussi par les conditions de travail, l’équipement - téléphone, voiture… - mais aussi la grille salariale. C’est un vrai sujet », reconnaît-elle. Une question qui n’est cependant pas si facile à régler. « Il y a certainement une réflexion à mener sur ce point, mais il ne faut pas oublier que nous sommes soumis à une convention collective, on ne peut pas faire ce que l’on veut », note d’ailleurs Charles Daune.
L’insertion, acteur clé de l’emploi
Identifiée comme un acteur incontournable pour lutter contre le chômage de longue durée, œuvrer pour l’employabilité et l’accès au marché du travail pour les personnes qui en sont le plus éloignées, l’insertion compte aujourd’hui en Hauts-de-France 470 structures (chiffres IRIAE Hauts-de-France 2021).
En 2019, les salariés du secteur ont réalisé 11 533 équivalents temps pleins avant de tomber à 8 6228 en 2020, crise sanitaire oblige. « Pour 2021, l’objectif est de monter à 13 000 équivalents temps plein, dont 9% dans la Somme. C’est un gap important », souligne Jean-Michel Bondu, directeur de l'Inter réseaux IAE Hauts-de-France.
Si le Fonds de développement de l’inclusion (FDI) a pour objectif de soutenir l’insertion et de l’accompagner dans sa transition, il rend le recrutement de nouveaux talents d’autant plus incontournable.
« Nous faisons face à de réelles difficultés. Il y a sans doute un problème de formation, d’attractivité des postes aussi. Nous avons besoin d’agir, de mettre en œuvre une stratégie pour faire face à l’évolution de nos métiers », observe-t-il. Une réflexion qui va accompagner la montée en puissance de l’insertion voulue par les pouvoirs publics notamment à travers la mise en place du Pacte pour l’ambition de l’IAE qui doit permettre d’ouvrir le secteur plus largement et de passer - au niveau national - de 140 000 à 240 000 salariés par mois en 2022.