Les silver entrepreneurs, nouvelle mine d’or ?
Depuis la création du statut de micro-entrepreneur et le droit de cumuler emploi et retraite, les seniors sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise. En France, chaque année, ils sont près de 90 000 à franchir le pas et à pousser la porte de cette nouvelle vie. Des atouts, ils en ont pléthore. Mais ce volontarisme s’avère souvent parsemé d’obstacles et de difficultés. Analyse d’un phénomène de société.
Contrairement aux idées reçues, les années passant peuvent s’avérer un moteur pour progresser dans une carrière. Prenons les plus de 50 ans. 71 % se sentent prêts à créer une entreprise. C’est parfois même le moment idéal. Les enfants ont quitté le cocon, la maison et la voiture sont payées. Même si certains choisissent de se lancer en tant que freelance pour compléter leur retraite, dans leur majorité, les silver créateurs d’entreprises ont fait le choix de vivre leur passion, de conquérir une indépendance. Les plans de départ volontaires à la retraite figurent aussi parmi ces moments clés et déclencheurs d’un changement de cap professionnel. Car si les seniors représentent une faible proportion des chômeurs (6,9 %), ils restent bien plus longtemps sans emploi que les autres catégories (30 % y demeurent plus de deux ans) selon la Cour des Comptes. Une fois leur job perdu, certains salariés préfèrent monter leur entreprise plutôt que d’être mis au placard ou d’attendre désespérément un emploi qui ne viendra peut-être jamais. Les seniors entrepreneurs de plus de 50 ans représentent 24 % de la population active, mais aussi 16 % des créateurs d’entreprise. Un dirigeant sur cinq s’est lancé dans la création après 50 ans, 37 % des anciens cadres sont devenus micro-entrepreneurs et la moitié a créé sa société.
La maîtrise du numérique
En faisant ce choix, les seniors généreraient en sus plus d’un million d’emploi. Ils en ont des atouts : expérience, expertise, carnet d’adresses, réseau, sécurité du revenu de retraite. Convaincus par ailleurs d’avoir atteint leur maturité professionnelle, capitalisé leurs expériences, consolidé leurs compétences, gardé leur degré de performance, optimisé leur crédibilité face à l’ambition de la jeunesse. Se réaliser, être indépendant, essaimer son savoir-faire et son savoir-être pour contribuer au développement de l’économie, enrichir sa carrière par une dernière expérience : les motivations sont nombreuses. Il y a les raisons teintées du réalisme du quotidien : licenciement, difficulté à retrouver du travail car salaire trop élevé par rapport au marché, besoin de subvenir à une famille recomposée, améliorer l’ordinaire surtout dans un contexte de crise. Si les silver entrepreneurs bénéficient d’une bonne réputation, perçus comme fiables, ils n’échappent pas à des freins dans leur élan, comme la méconnaissance de l’environnement numérique, une pratique moindre dans la façon de booster leur projet comme la prospection commerciale sur LinkedIn. L’aspect social n’est pas à négliger. Le senior entrepreneur devra apprendre à remettre en question son existant, celui de sa famille, accepter de vivre dans un certain isolement – il ne sera plus entouré de ses collègues -. Si l’une des forces de l’entrepreneuriat français réside dans son réseau de tiers-lieux, fablabs, espaces de coworking et incubateurs, ils sont le plus souvent adaptés à la galaxie start-up. Moins vers les silver entrepreneurs, lesquels peuvent cumuler intégralement les revenus procurés par leur activité et leur pension de retraite. Il est une chose certaine. Avec le vieillissement de la population et l’amélioration des conditions de vie, leur nombre n’est pas prêt de baisser.
Les secteurs des seniors créateurs
Les seniors se lançant dans la création d’entreprise réalisent leur ambition principalement dans le conseil, les activités de conseil en affaires et gestion et dans les activités d’ingénierie et études techniques. Les services aux entreprises et le commerce de détail ont aussi leur préférence.