Christophe Schmitt du Peel : «Les réseaux sont entrés dans une logique de «glocalisation».»
Dans un écosystème des clubs et réseaux où la concurrence est toujours bien présente, l’arrivée plus ou moins massive de franchises nationales en quête de territoire entraîne inexorablement l’apparition d’une nouvelle donne. Bienvenue dans l’ère de la «glocalisation» version réseaux où local et global se doivent de cohabiter histoire d’avancer de concert. Le point avec Christophe Schmitt, titulaire de la Chaire Entreprendre à l’Université de Lorraine et responsable du Peel (Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine).
Les Tablettes Lorraines : En mouvement perpétuel, l’écosystème des clubs et réseaux d’entreprises, semble connaître une accélération de l’arrivée de ce genre de franchises nationales. Une tendance de fond ?
Christophe Schmitt : Cette typologie de réseaux, que je qualifie de réseaux de position avec une stratégie de conquête basée sur un tronc commun mais devant s’adapter au local, ce n’est pas toujours facile, étaient surtout présents dans les grandes villes. Ils gagnent aujourd’hui l’ensemble des territoires. Le point positif dans cette tendance, c’est que cela confirme que l’entrepreneuriat se porte bien. Il y a un intérêt pour cette typologie de réseaux de s’étendre un peu partout histoire de toucher le plus grand nombre d’entrepreneurs.
Après la période de la Covid-19
il y a deux ans, les réseaux d’une façon générale ont dû se réinventer et
surtout tenter de reconquérir une certaine légitimité avec, notamment, la mise
en œuvre de nouvelles approches, et aujourd’hui ?
Bon
nombre abattent aujourd’hui la carte des synergies ! La notion de réseaux
de partenariat prend de plus en plus d’importance. Ils travaillent ensemble
pour avoir une plus forte cohérence et une visibilité plus importante et
répondre ainsi au mieux aux aspirations de leurs membres et convaincre de nouveaux
à les rejoindre. Il est aujourd’hui constructif d’abattre cette carte de la
collaboration. Nous sommes entrés dans une logique de ce que je qualifie de
«glocalisation». Le local et le global se rejoignent. Le fait que les gens
travaillent ensemble ne peut qu’accélérer cette nécessaire adaptation à un
monde de l’entrepreneuriat qui change.
Les réseaux ne peuvent plus fonctionner d’une façon isolée ?
Tout le monde peut, et doit, travailler ensemble ! Les réseaux aujourd’hui qui se parlent renforcent, ainsi, leur capacité à se réinventer. C’est un renforcement mutuel, tout le monde a à y gagner. Il faut éviter d’avoir un guichet unique comme seule porte d’entrée. Un guichet multi entrées permet d’être beaucoup plus performant tout en affichant une cohérence générale et surtout attirer différents profils. Cela ne peut que densifier et enrichir le tissu entrepreneurial. L’entrepreneuriat d’une façon générale évolue assez rapidement, dans ses pratiques, ses méthodes, ses buts, les clubs et réseaux d’entreprises ou d’entrepreneurs doivent également être dans cette lignée de changement.
Le rôle des réseaux a-t-il changé ?
Ils demeurent un élément essentiel de l’entrepreneuriat. Ils possèdent un effet levier certain pour les entrepreneurs. Certains réseaux demeurent très spécialisés ce qui peut aboutir à une notion d’entre-soi qui n’est pas forcément constructive pour l’entrepreneur. Créer et fédérer un réseau est une chose assez simple, le plus difficile est de le faire vivre. Le partage des bonnes pratiques et le travail en commun le permet.