Les Régions et l’État encouragent l'export des PME
Des pays comme la Chine, où la croissance a repris, ont commencé à exporter à nouveau. En France, les PME peuvent s'appuyer sur des dispositifs d'aide à l'export, avec notamment des solutions numériques.
Vendre des gaufres sur un salon virtuel ? «Nous étions dubitatifs», admet Stéphanie Potdevin, responsable export de Pâtisserie des Flandres. Mais voilà, avec la pandémie, cette PME de 38 personnes, basée en Hauts-de-France, dont une partie de l'activité repose sur l'export, a vu son modèle économique menacé. «Lorsque les salons ont disparu, nous avons un peu paniqué», se souvient Stéphanie Potdevin.
Le 7 avril, elle témoignait lors d'un webinaire consacré à «la coopération Régions - Team France Export au service de la relance, des entreprises et de la reconquête des marchés à l’export». Et l'histoire de la Pâtisserie des Flandres se finit bien : Stéphanie Potdevin a finalement participé à un show-room virtuel organisé par Business France, organisme public chargé notamment d'accompagner les PME à l'export. «L'opération nous a permis de réaliser des rendez-vous qualifiés avec des acheteurs japonais, à qui nous avions préalablement envoyé des échantillons de gaufres. Et c'est ainsi que nous avons démarré sur ce marché», relate la responsable export.
Le showroom virtuel de Business France est l'un des outils numériques que les acteurs publics du soutien à l'export ont déployé durant la crise, pour tenter de suppléer aux déplacements devenus impossibles.
«Nous avons développé des formules qui permettent des rencontres one to many, ou many to many. Cela fonctionne plutôt bien . Les entreprises parviennent à conclure des contrats», précise Christophe Lecourtier, directeur général de Business France.
Autre dispositif récemment mis en place, des «vitrines numériques» pour les biens de consommations (agroalimentaire, cosmétiques...). Les PME concernées peuvent y présenter leurs offres. «Nous organisons la mise en relation avec les acheteurs. Nos équipes à l'étranger dirigent les distributeurs sur ce site, pour leur signaler qu'ils y trouveront l'offre française», explique Christophe Lecourtier.
Les Régions également, mettent en place des dispositifs. «Depuis un an, nous organisons des opérations dématérialisées avec l'étranger, en visio, et cela fonctionne», témoigne Jean- François Gendron, président de la CCI Pays de la Loire.
Et au delà de ces dispositifs mis en place à l'occasion de la crise, les «outils utiles» d'aide à l'export ne manquent pas estime Hervé Morin, président de la région Normandie. Parmi eux, les «accélérateurs», des structures d'accompagnement des entreprises, depuis le diagnostic jusqu'à la mise en œuvre d'une stratégie, ou des VIE, volontaire international en entreprise . Ces derniers constituent un «moyen assez efficace pour des PME de pouvoir tenter l'aventure à l'exportation», juge Hervé Morin.
Côté financement, «l'argent n'est pas le problème du moment. Les moyens sont considérables», précise Pedro Novo, directeur exécutif en charge de l’export chez Bpifrance. La banque publique d'investissement propose une large gamme de produits à l'export, dont une assurance prospection accompagnement, adaptée pour les PME.
Le guichet unique ? «Il existe»
Derrière cette panoplie d'outils, le dispositif public d'aide à l'export pour les PME et les ETI a enfin trouvé son efficacité, promet Christophe Lecourtier. Historiquement baladée entre le ministère de l’Économie et le quai d'Orsay, impliquant une multitude d'organismes publics, dans lesquels se perdraient les entreprises, la politique publique de l'export a longtemps couru après le mythe d'un «guichet unique» . Aujourd'hui, «il existe», affirme Christophe Lecourtier. «Le mille-feuille s'est beaucoup réduit. C'est une difficulté qui a disparu. Les entreprises ont trouvé les interlocuteurs vers lesquels se tourner», estime Pedro Novo. Jean-François Gendron, toutefois, tempère le propos : «J'entends les entreprises dire qu'il y a trop d'acteurs à l'export», rapporte-t-il.
Concrètement, le dispositif public actuel a été déployé en 2017, sous le nom de «Team France Export», et vise à offrir aux PME et ETI un dispositif «lisible, efficace et adapté». Il se concrétise par un réseau de guichets uniques déployés sur le territoire, derrière lesquels s'organise l'offre de ses membres fondateurs : les Régions, Bpifrance, Business France et les Chambres de commerce et d'industrie. Ces dernières jouent le rôle de «point d'entrée», précise Sandrine Wehlri, directrice générale déléguée de CCI France.
L'accueil physique est complété par des «plateformes régionales de solutions» en ligne. «Il s'agit d'un supermarché de l'export, qui recense toutes les solutions publiques et privées», détaille Christophe Lecourtier.
D'après lui, avant la crise, le dispositif avait déjà commencé à faire la preuve de son efficacité : en 2019, 5 000 entreprises supplémentaires ont commencé à se lancer dans l'export. Pandémie oblige, le dispositif s'est transformé en «outil de résistance, puis de relance. Aujourd'hui, l'enjeu est d’accélérer», ajoute Christophe Lecourtier. Ainsi, durant la crise, les CCI ont mobilisé leurs conseillers pour téléphoner aux entreprises et les informer sur les possibilités à l'export.
D'après le baromètre de CCI France , les entreprises exportatrices sont en train de se sortir de la crise. Au printemps 2020, 45% des exportateurs déclaraient suspendre leurs projets. A l'automne, le chiffre était descendu à 15%. Et en mars dernier, neuf exportateurs sur dix annonçaient avoir repris leurs projets. 61% d'entre eux ont réalisé un chiffre d'affaires égal, voire supérieur à celui d’avant la crise.
Pour Christophe Lecourtier, l'enjeu actuel est de taille : «il s'agit de reconnecter les entreprises aux marchés et aux opportunités, d'autant que nos concurrents sont repartis. (…) Le commerce international a retrouvé son niveau d'avant crise. Il n'est pas sûr que ce soit le cas des parts de marché de la France» prévient-il. Si les entreprises de françaises ne repartent - ou ne partent - pas à l'export, la croissance profitera à d'autres.