Les puits de gaz de Pennsylvanie enjeu de la présidentielle américaine
Dans les fermes verdoyantes de Pennsylvanie, les moutons broutent l'herbe parmi les puits de gaz utilisés pour la fracturation hydraulique, une méthode controversée de production, devenue un enjeu de la campagne présidentielle...
Dans les fermes verdoyantes de Pennsylvanie, les moutons broutent l'herbe parmi les puits de gaz utilisés pour la fracturation hydraulique, une méthode controversée de production, devenue un enjeu de la campagne présidentielle américaine entre Donald Trump et Kamala Harris.
Les deux candidats ne ménagent pas leurs efforts pour séduire cet Etat clé de l'est. Mais, à 85 ans, George Wherry, qui dirige la ferme familiale du comté de Washington, a déjà fait son choix: il votera pour le républicain Donald Trump.
Principale raison: la démocrate Kamala Harris a par le passé évoqué une interdiction de la fracturation hydraulique, pour des motifs environnementaux. Même si elle a finalement changé d'avis.
Le troupeau de moutons de George Wherry côtoie des bovins et trois puits profonds qui descendent à des milliers de mètres sous terre pour atteindre l'abondante quantité de gaz naturel qui y est piégé.
Grâce au "fracking", la Pennsylvanie a produit en 2022 plus de gaz naturel que le Qatar, générant impôts locaux, recettes pour les entreprises et revenus pour les propriétaires fonciers.
"Cela m'offre un peu plus de liberté", confie-t-il à l'AFP depuis la plateforme de fracturation recouverte de gravier, située au sommet d'une colline, non loin de la maison familiale.
Ces revenus complètent ceux qu'il tire de l'élevage, lui permettant d'investir dans de nouvelles technologies qui rendent le travail à la ferme "plus facile" et plus rentable, dit-il.
Sa fille de 56 ans, Diana Petrie, qui gère l'élevage avec son père, elle aussi "espère vraiment que ça sera Trump". "On sait à quoi s'attendre", dit-elle à l'AFP, l'ancien président ayant toujours soutenu la fracturation hydraulique.
Il avait remporté plus de 60% des voix dans ce comté en 2016 et 2020.
- "Revirement" -
Le sujet a d'autant plus d'importance que les présidentielles américaines se jouent essentiellement dans des Etats dits pivots, comme la Pennsylvanie.
Mardi soir, lors du débat télévisé entre les deux candidats, Donald Trump a assuré que si Kamala Harris "remporte l'élection, la fracturation hydraulique en Pennsylvanie disparaîtra dès le premier jour". La démocrate a affirmé avoir renoncé à l'idée de l'interdire dès 2020.
De nombreux habitants du comté de Washington restent sceptiques.
"Je pense que votre parole est votre caution", a commenté Jason White, ancien directeur d'une mine de charbon, pas convaincu par le "revirement" de Kamala Harris.
Cet électeur républicain de 37 ans exploite lui aussi des petits puits de fracturation peu profonds. Il pense voter Donald Trump le 5 novembre.
La fracturation hydraulique consiste à "fracturer" la roche avec un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques projeté à haute pression afin de libérer les hydrocarbures. Le mélange mêlé de gaz remonte ensuite à la surface.
Organisations environnementales, scientifiques et experts en santé publique s'inquiètent des impacts sur la santé et le climat de cette technique, interdite ou suspendue pour raisons environnementales et sanitaires dans plusieurs pays européens, dont la France ou l'Allemagne.
Même en Pennsylvanie, les habitants sont divisés: 48% se disent favorables à l'extraction et 44% y sont opposés, selon un sondage réalisé en 2022. Mais plus de 85% estiment que le gaz naturel est important pour l'économie locale.
- "Argent et enthousiasme" -
Electeur républicain de longue date, August Michel, 53 ans, vend de la limonade sur les marchés de producteurs du comté de Washington. Pour lui, "la fracturation hydraulique est positive".
"Vous ne pouvez pas vraiment vous débarrasser des agriculteurs maintenant que la fracturation hydraulique fonctionne aussi bien", dit-il à l'AFP, sur le marché.
August Michel prévoit d'apporter son bulletin de vote à Donald Trump, comme il l'avait fait aux deux derniers scrutins.
Sur un stand un peu plus loin, Laura Jean Kahl, 40 ans, qui vend les fruits et légumes frais cultivés dans sa ferme familiale, votera elle pour Kamala Harris. Pour une raison simple: "Elle n'est pas Donald Trump".
"Nous avons ici une femme de couleur. Elle est jeune, elle a de l'esprit", égrène-t-elle: "C'est un peu plus inspirant".
Pour Laura Jean Kahl, le gain financier de la fracturation hydraulique ne vaut pas l'impact environnemental à long terme. Elle n'a cependant pas beaucoup d'espoir que la candidate démocrate, si elle est élue, y mette un terme.
"Il y a trop d'argent et d'enthousiasme derrière la fracturation hydraulique," dit-elle. "La messe est dite."
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