Les productions agricoles régionales en péril face aux crises climatiques et énergétiques
A la crise climatique marquée par une sécheresse alarmante s'ajoute aujourd'hui une crise énergétique sans précédent. Après un été particulièrement chaotique, Christian Durlin, président de la chambre d’agriculture du Nord - Pas-de-Calais, dresse un bilan des productions en Hauts-de-France.
Si le dérèglement climatique est au cœur des débats depuis déjà de longues années, il n'a jamais été aussi perceptible que cet été. L'heure est à l'inquiétude pour nombre d'agriculteurs. «Nous sommes inquiets autour de la pomme de terre qui, dans la région, représente quasiment la moitié de la production nationale. Nous craignons une baisse de production moyenne de 20%», alerte Christian Durlin. Même son de cloche pour la betterave. Avec la flambée du prix du gaz, les industriels ont été contraints d'avancer leur récolte. Conséquence ? Une perte de rendement significative. «La campagne betteravière sera particulière.» En ce qui concerne les fruits et légumes, on craint également «des volumes moindres et des pertes de qualité» dus à la sécheresse notamment. Les pommes et les poires, qui demandent un stockage réfrigéré particulièrement long, seront directement impactées par la crise de l'énergie. «Les coûts de stockage sont énormes», justifie le président de la chambre d'agriculture Nord - Pas-de-Calais.
L'endive, première victime de la crise énergétique
Les
300 producteurs endiviers des Hauts-de-France sont les principales
victimes de la crise actuelle. Les coûts d'électricité ont doublé, voire triplé pour certaines exploitations, tandis que les coûts
d'emballage ont augmenté de 30%. «Il est un peu tôt pour
dresser un bilan mais nous sommes préoccupés par le maintien de la
filière endives», ne cache pas le président de la Chambre
d'agriculture.
Déficit fourrager alarmant
Par
rapport aux années précédentes, on constate 40% de volumes
d'herbes et 50% de volumes de maïs en moins, ce qui équivaut à une
perte de 15 M€ en fourrage. L'industrie de l'alimentation animale a
observé une baisse de plus de 5% de la production. «C'est
très inquiétant pour nourrir les animaux cet hiver», glisse Christian Durlin. Outre le déficit fourrager, l'élevage
régional souffre d'un manque cruel d'attractivité : entre 2010
et 2020, les Hauts-de-France ont perdu 30% d'éleveurs. «Il
y a un désintérêt de l'élevage très important. Si on continue à
avoir cette baisse d'éleveurs, on va mettre en péril les laiteries
et les abattoirs du territoire. Il faut absolument un objectif de
maintien de la filière», explique le président. Pourtant, il existe une politique
dynamique d'aide à l'investissement du Conseil régional à destination des jeunes éleveurs.
Favoriser l'infiltration de l'eau
Le cycle des plantes se voit raccourci à cause des évolutions des températures. La Chambre d'agriculture alerte sur le besoin urgent de «faire tout ce qu'il faut pour favoriser l'infiltration de l'eau et éviter le ruissellement. Avec les surfaces artificielles refaites, on assiste à la perte de près d'un milliard de mètres cubes d'eau», regrette l'institution. Améliorer la gestion de la ressource en eau demeure au centre des futurs enjeux agricoles.