Loi de finances pour 2024
Les principales nouveautés en matière fiscale
Fiscalité des entreprises et partage de la valeur, facturation électronique et aménagements en matière de TVA, contrôle fiscal et lutte contre la fraude… Le point sur les différents volets de la loi de Finances pour 2024.
Une
des grandes nouveautés introduites par la loi de finances pour 2024
est l’instauration d’un nouvel impôt sur les sociétés. La loi
vient, en effet, transposer en
droit interne la directive européenne issue de l’accord sur la
réforme de la fiscalité internationale, signé en 2021 sous l’égide
de l’OCDE. Désormais, les multinationales implantées en
France et les groupes nationaux français dont le chiffre d’affaires
consolidé est supérieur ou égal à 750 millions d’euros seront
redevables d’un impôt complémentaire, dès lors que le taux
effectif d’impôt sur les bénéfices est inférieur à 15%,
calculé pays par pays.
Partage de la valeur : un nouveau dispositif expérimental
Plusieurs
dispositions de la loi de Finances concernent le partage de la
valeur. La prime de partage de la valeur (PPV) pourra être versée
deux fois par an, dans la limite de 3 000 euros par an (ou 6 000 sous
certaines conditions). Les entreprises de 11 à 49 salariés
réalisant un bénéfice net fiscal au moins égal à 1% du chiffre
d’affaires pendant trois exercices consécutifs vont devoir mettre
en place un plan de partage de la valorisation de l’entreprise
(PPVE), sous la forme d’un des dispositifs suivants : verser une
PPV, abonder à un plan d’épargne existant, mettre en place un
dispositif de participation ou d’intéressement, ou encore le
nouveau dispositif expérimental de participation «qui est
assez complexe et risque de ne pas
intéresser beaucoup d’entreprises», a
relevé Jérôme Cesbron, notaire à Grenoble, lors de la
présentation de la loi de Finances 2024 et de l’actualité fiscale
à la presse, organisée le 11 janvier, à Paris, par le Conseil
supérieur du notariat, avec
le Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables.
CVAE, CET, valeurs locatives et meublés de tourisme
La
cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), qui devait
être supprimée en 2024, est maintenue jusqu’en 2026, avec des
taux qui vont diminuer progressivement jusqu’à sa disparition en
2027. Le plafond de la contribution économique territoriale (CET) va
suivre la même évolution et atteindra 1,25% en 2027.
L’actualisation des valeurs locatives des locaux professionnels est
quant à elle de nouveau reportée, au 1er janvier 2027.
Désormais,
les locations de meublés de
tourisme non classés ne pourront bénéficier du
régime micro-BIC que si leur chiffre d’affaires est inférieur à
15 000 euros (contre 77
700€ auparavant), et
le taux d’abattement de ce régime va passer à 30% (contre 50%
précédemment). De plus, les locations
meublées ne bénéficieront plus de l’exonération de la TVA
lorsque «la durée de location
est inférieure à un mois»
et si la location inclut «au
moins trois des quatre prestations suivantes : le petit déjeuner, le
nettoyage régulier des locaux, la fourniture de linge de maison et
la réception, même non personnalisée, de la clientèle», a expliqué Delphine
Cabon, expert-comptable, associée
du cabinet KPMG.
Report de la facturation électronique obligatoire
L’obligation
de réceptionner des factures électroniques s’appliquera à partir
du 1er septembre 2026, quelle que soit la taille de
l’entreprise. L'obligation d'émettre des factures électroniques
et de transmettre des données de transaction et de paiement entrera
en vigueur le 1er septembre 2026 pour les grandes
entreprises et les entreprises de taille intermédiaire, et le 1er
septembre 2027 pour les PME et les microentreprises. Ces dates
pourront toutefois être reportées (par décret) au plus tard au 1er
décembre 2026 ou au 1er décembre 2027.
Aménagements en matière de TVA
Les
plus petites entreprises assujetties à la TVA sont susceptibles de
bénéficier du régime de franchise en base à compter de 2025, dans
l’État membre de l'UE où elles sont établies ainsi que dans les
autres États membres si elles ne dépassent pas un plafond de
chiffre d'affaires de 100 000 euros au niveau européen.
L’application
du taux réduit de TVA de 5,5% est prorogé jusqu’en décembre 2024
pour les masques, les tenues de protection et les produits d’hygiène
destinés à la lutte contre le virus de la Covid-19, et il est
étendu aux livraisons d'œuvres d’art, d’objets de collection ou
d’antiquité (sous conditions).
La
loi étend également le champ d'application du taux intermédiaire
de 10% dans le secteur du logement locatif intermédiaire.
Contrôle fiscal et lutte contre la fraude
Plusieurs dispositions concernent le contrôle fiscal et la lutte contre la fraude fiscale. Elles visent notamment le contrôle des prix de transfert, la rémunération de services versée à l’étranger, la cession de parts de sociétés à prépondérance immobilière (SPI), la création d’un nouveau délit de «mise à disposition d’instrument de facilitation de la fraude fiscale», la pérennisation du dispositif d’indemnisation des «aviseurs» fiscaux, ou encore la possibilité pour les contrôleurs des impôts de mener des investigations sur Internet (en créant éventuellement des comptes sous pseudonyme sur les réseaux sociaux pour collecter des informations).
Dispositions concernant les particuliers
Pour
les revenus fonciers, le dispositif Malraux est prorogé pour
les dépenses payées jusqu’au 31 décembre 2024 et le dispositif
Denormandie ancien jusqu’au 31 décembre 2026. Plusieurs
dispositions concernent les droits d’enregistrement lors de la
transmission d’une entreprise à ses salariés, le champ des
activités éligibles au dispositif Dutreil et les donations en
nue-propriété.
En
matière d’impôt sur la fortune immobilière, le
contribuable sera désormais imposé de la même façon qu’il
détienne le bien en direct ou via une société. Enfin, en matière
d’impôts locaux, la loi vient assouplir les règles de fixation du
taux de taxe d’habitation sur les résidences secondaires et
entérine l’exonération de taxe foncière pendant 15 ans pour les
logements sociaux ayant fait l’objet de rénovation lourde.